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Jean-Marie Le Pen placé sous une forme de tutelle, ce que cela peut changer pour son procès à venir

Jean-Marie Le Pen placé sous tutelle, ce que cela peut changer pour son prochain procès (Photo de Jean-Marie Le Pen prise le 23 mars 2014)
KENZO TRIBOUILLARD / AFP Jean-Marie Le Pen placé sous tutelle, ce que cela peut changer pour son prochain procès (Photo de Jean-Marie Le Pen prise le 23 mars 2014)

KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Jean-Marie Le Pen placé sous tutelle, ce que cela peut changer pour son prochain procès (Photo de Jean-Marie Le Pen prise le 23 mars 2014)

POLITIQUE – Le « Menhir » pourra-t-il assister à son procès maintenant qu’il est placé sous une forme de tutelle ? Jean-Marie Le Pen, 95 ans, a été placé « sous régime de protection juridique », a annoncé ce mercredi 3 avril le vice-président du RN Louis Aliot sur RMC. Mais qu’est-ce que cette mesure et quel impact pourrait-elle avoir sur son procès prévu à l’automne dans l’affaire des assistants parlementaires européens ?

Selon l’avocat de Jean-Marie Le Pen, Me François Wagner, le fondateur du Front national (aujourd’hui Rassemblement national) fait l’objet d’attaques depuis la mi-février.« un mandat pour une protection future ». Cette disposition civile, assimilable à la tutelle, a été activée à la demande de la famille par le tribunal de grande instance de Puteaux (Hauts-de-Seine), après une expertise médicale constatant l’incapacité de Jean-Marie Le Pen, explique l’AFP.

Ainsi, elle a fait de ses trois filles – Marie-Caroline, Yann et Marine Le Pen – ses agents, leur permettant de réaliser divers actes au nom de leur père, seules ou de concert.

Sauvegarder la justice, différente de la tutelle ou de la curatelle

Comme l’explique le site de la Fonction Publique, il existe plusieurs formes de tutelle. En particulier le « sauvegarde de la justice » qui permet de conserver la capacité de réaliser tous les actes, sauf certains importants comme la vente d’un bien immobilier ou la conclusion d’un emprunt important. Ces derniers sont confiés à un tuteur.

Il y a aussi le « tutelle » où la personne peut réaliser ses activités quotidiennes et gérer ses biens. Cependant, elle doit être assistée si elle souhaite les vendre ou en acheter d’autres. Enfin, une personne sous « tutelle » ne peuvent pas gérer seuls leurs biens et leurs actifs. Elle est systématiquement assistée par un tuteur pour toutes les actions.

Toutes trois sont des mesures de protection juridique décidées par un juge et consistent en la désignation d’un tiers pour contribuer à protéger les intérêts d’un proche, prendre des décisions, voire les autoriser et/ou les contrôler.

« Il ne peut ni se rendre, ni témoigner, ni participer à ce procès »

Avec ce nouveau « régime de protection », la question de la capacité du « Menhir » Il est demandé de participer à son procès dans l’affaire des assistants des députés européens, prévu à partir du 30 septembre.

« Je pense que le tribunal devra prononcer une mesure stipulant qu’il ne peut se rendre, ni témoigner, ni participer à ce procès », a estimé mercredi sur BFMTV/RMC Louis Aliot, également poursuivi dans cette affaire. Le tribunal correctionnel de Paris doit se prononcer sur ce point le 3 juillet, après avis d’experts médicaux.

« Jean-Marie Le Pen ne peut plus se déplacer et ses facultés sont considérablement altérées »Me François Wagner l’a déclaré au tribunal, lors d’une audience préparatoire.

Évaluer les capacités du patriarche Le Pen

L’application de cette mesure n’empêcherait pas automatiquement la comparution de Jean-Marie Le Pen, mais elle constitue un indicateur de l’état de santé. Les magistrats devront constater à la fois l’impossibilité de déplacement de Jean-Marie Le Pen, mais aussi « son manque de capacité pour pouvoir appréhender les accusations »a expliqué une source judiciaire à l’AFP.

Le tribunal pourrait ainsi constater que Jean-Marie Le Pen ne peut assurer pleinement sa défense et ordonner la « disjonction » de son cas du reste du dossier, ce qui l’enverrait à un procès séparé, sine die, en attendant une guérison illusoire.

Dans cette affaire, les magistrats soupçonnent le parti d’extrême droite d’avoir « de manière concertée et délibérée » mettre en place un « système de déjudiciarisation » enveloppes (21 000 euros par mois) allouées par l’Union européenne à chaque député pour rémunérer les assistants parlementaires. Ces derniers auraient effectivement travaillé tout ou partie pour le FN, lui permettant ainsi d’importantes économies salariales.

Rendre la question encore plus complexe

Cette hypothèse d’un procès principal sans Jean-Marie Le Pen viendrait encore compliquer un dossier déjà tentaculaire. D’autant que l’ancien député européen Jean-François Jalkh, également visé, pourrait lui aussi faire l’objet d’une séparation de son dossier, pour raisons de santé.

Car si Jean-Marie Le Pen et Jean-François Jalkh ne comparaient finalement pas, la défense de nombreux prévenus – à commencer par celles de leurs assistants – pourrait être « entravé »ont souligné plusieurs sources proches du dossier, soulignant « l’indivisibilité des procédures ». Le Parlement européen, partie civile, a évalué son préjudice en 2018 à 6,8 millions d’euros pour les années 2009 à 2017.

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Cammile Bussière

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