Nouvelles

La mer à boire dans les usines de dessalement

Il existe plus de 22 000 usines de dessalement d’eau dans le monde. Face au stress hydrique, la demande augmente sur tous les continents et on pourrait voir le nombre d’installations doubler d’ici une vingtaine d’années, estime Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du Centre énergie et climat de l’Ifri.

Sur ce marché en plein essor, nos leaders historiques Suez, absorbé par Veolia, et Engie sont aujourd’hui en concurrence féroce avec différents acteurs étrangers comme IDE Technologies, champion israélien du dessalement, le coréen Doosan Heavy, le chinois Abengoa ou l’espagnol Acciona. Capacités, coûts d’exploitation, consommation électrique et durée de vie des installations sont aujourd’hui autant de critères de sélection pour remporter les appels d’offres. Car cette ruée vers l’eau douce a un prix, notamment celui de l’énergie qu’elle consomme. Même si les procédés de dessalement se sont améliorés, grâce à des technologies comme l’osmose inverse, ils restent très gourmands en énergie. « Dans des pays comme l’Arabie saoudite ou les Émirats arabes unis, ces usines de dessalement consommeront l’équivalent de 1 à 2 centrales nucléaires chaque jour d’ici 2030. » souligne Marc-Antoine Eyl-Mazzega, auteur de une étude sur la géopolitique du dessalement de l’eau. Les besoins sont colossaux et l’enjeu sera d’alimenter ces usines non pas avec des centrales à charbon ou à gaz mais avec de l’énergie bas carbone, qu’elle provienne du nucléaire ou des énergies renouvelables pour alimenter ces installations, prévient-il. Car chaque année, le dessalement est responsable de l’émission d’au moins 120 millions de tonnes de dioxyde de carbone et à ce jour, pas plus de 1 % des installations fonctionnent aux énergies renouvelables.

Usine de dessalement sur l'île de Lanzarote aux îles Canaries
Usine de dessalement sur l’île de Lanzarote aux îles Canaries

© Maxppp -Tim Somerset

De nombreuses autres contraintes s’appliquent aux exploitants d’usines de dessalement, comme le rejet des saumures et des produits chimiques. Ils déversent chaque jour dans l’océan quelque 150 millions de mètres cubes de saumure, un concentré d’eau de mer plus chaude, plus salée, et surtout riche en produits chimiques : anticalcaire, antichlore, antimousse. « Malheureusement dans le monde, il existe de nombreux exemples où ces rejets, directement rejetés dans la mer, ont détruit les écosystèmes marins. » reconnaît Marc-Antoine Eyl-Mazzega. L’enjeu aujourd’hui sera d’étudier l’impact écologique de chaque projet en étudiant par exemple les courants qui permettront de disperser ces rejets ou encore les processus de lagunage. Car pour répondre aux besoins croissants grandes quantités d’eau douce dans le monde, les technologies de dessalement ont tendance à évoluer : des membranes plus efficaces pour l’osmose inverse, la cryo-séparation, et l’utilisation de l’énergie solaire, houlomotrice ou géothermique, du magnésium, ou du lithium, selon l’ONU, pourraient offrir. pistes de développement économique.

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
Bouton retour en haut de la page