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Manifestation pro-palestinienne : Columbia à New York annule sa cérémonie de remise des diplômes : Actualités

L’université de Columbia, épicentre de la contestation pro-palestinienne sur les campus américains, a annoncé lundi qu’elle « abandonnait » en grande pompe sa cérémonie de remise des diplômes, après trois semaines de colère étudiante condamnée par Joe Biden et réprimée par la police.

Ces cérémonies constituent le grand rendez-vous institutionnel de la vie universitaire et scolaire aux Etats-Unis, où, à la fin du printemps, les étudiants en robe sont honorés devant leurs familles.

L’établissement privé et huppé new-yorkais du nord de Manhattan, d’où militants et étudiants ont été délogés manu militari dans la soirée du 30 avril par des centaines de policiers anti-émeutes, a annulé « la grande cérémonie universitaire prévue le 15 mai ».

« Toutes les cérémonies prévues » sur le campus – désormais sous surveillance policière – seront « déplacées » dans un complexe sportif fermé, a déclaré Columbia, qui compte 37 000 étudiants et des milliers d’enseignants et d’employés.

Des remises de diplômes plus informelles et « festives » auront lieu du 10 au 16 mai car pour « nos étudiants (…) ces cérémonies à plus petite échelle sont les plus importantes pour eux et leurs familles », a justifié l’université, rappelant que « ces dernières quelques semaines ont été incroyablement difficiles ».

Une centaine de personnes furieuses ont manifesté devant le campus et une pétition a recueilli 1 400 signatures. Ally Woodward, qui étudie les sciences politiques, a déclaré qu’elle était « en colère » contre Columbia parce qu’elle « avait beaucoup d’argent et avait choisi la pire solution ».

– « Tourment » –

Cette prestigieuse université, financée par de riches donateurs et investissements, a été secouée pendant des jours par des manifestations et l’occupation d’une pelouse puis d’un bâtiment.

Avant que la police ne déloge ces militants et étudiants non-violents, à la demande écrite de la présidente de Colombie, Minouche Shafik.

Leur « village », un campement de tentes, a été démantelé, comme dans de nombreuses universités aux États-Unis.

Ces images d’interventions policières musclées ont fait le tour du monde.

La Colombie est un centre historique de protestation étudiante depuis la guerre du Vietnam et le mouvement des droits civiques des années 1960 et 1970. Elle a été l’une des premières universités à s’ébranler au début de la guerre menée par Israël contre le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

Très critiquée pour avoir appelé la police, la présidente Minouche Shafik, économiste américaine d’origine égyptienne, a évoqué les « turbulences » et « l’acte violent » des manifestants qui ont selon elle déstabilisé la Colombie.

Ce mouvement de cause palestinienne – qui comprend de jeunes arabo-musulmans mais aussi des juifs de gauche antisionistes – est désormais en quête d’un nouveau souffle, après que 2 000 personnes ont été arrêtées et certaines poursuivies pour « intrusion ».

– «Le Vietnam de Biden» –

Ailleurs aux Etats-Unis, les cérémonies de remise des diplômes ont été perturbées, comme samedi à l’université du Michigan, où une dizaine de manifestants arborant keffiehs et drapeaux palestiniens ont scandé « vous financez un génocide ».

D’autres ont brandi une banderole « Les vies juives comptent » en réponse.

Lundi soir, quelques centaines de personnes ayant quitté une université publique de Manhattan ont été tenues à l’écart de l’extravagant Met Gala, rendez-vous mondial des stars et de la mode.

En plus de mettre fin à la guerre à Gaza, les jeunes Américains exigent que les universités mettent fin aux partenariats éducatifs avec Israël et se désinvestissent de leurs investissements économiques.

Ils dénoncent le soutien quasi inconditionnel des Etats-Unis à leur allié israélien, engagé dans une offensive dévastatrice dans la bande de Gaza en représailles à l’attaque du Hamas le 7 octobre sur son sol.

Le président Biden, longtemps silencieux, a insisté jeudi sur le fait que « l’ordre doit prévaloir » face au risque de « chaos ».

Dans un pays polarisé, à six mois de l’élection présidentielle entre le démocrate et le républicain Donald Trump, la colère d’une partie de la jeunesse contre la guerre à Gaza a relancé un débat tendu sur la liberté d’expression, antisioniste et qui constitue une anti-sionisme. Sémitisme.

Pour Donald Trump, les manifestants sont des « fous de gauche radicale » et le président républicain de la Chambre des représentants Mike Johnson a dénoncé lundi « des étudiants sympathisants du terrorisme ».

Pour le sénateur de gauche Bernie Sanders, le mouvement « pourrait être le Vietnam de Biden » qui risque de perdre « non seulement des jeunes, mais aussi une grande partie de la base démocrate ».

publié le 7 mai à 8h50, AFP

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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