Nouvelles locales

10 actions prises pour lutter contre le surtourisme dans différents endroits du monde

LE surtourismemal du siècle pour ce qui reste l’un des secteurs les plus prometteurs en termes de revenus et d’emplois dans d’innombrables endroits de la planète ?
Peut-être que oui, peut-être que non. Car, comme c’est souvent le cas, les choses sont bien plus complexes que certains voudraient nous faire comprendre, dans un sens comme dans l’autre, et méritent surtout que l’on s’accorde sur un compromis pour qu’il y en ait pour tous les goûts.

En attendant, retour sur une dizaine d’actions parfois surprenantes et en apparence plus ou moins efficaces menées récemment dans différents endroits du monde (hors France) afin de lutter contre la surpopulation touristique…

Moins de logements de type Airbnb à Dubrovnik

Comme de plus en plus de villes touristiques à travers le monde, la ville croate de Dubrovnik compte limiter les locations saisonnières de type Airbnb sur son territoire. Moins de nuisances, moins de surtourisme et surtout un parc immobilier qui permettra aux locaux de trouver plus facilement un logement à l’année sur la commune.

Venise veut limiter la taille des groupes touristiques

Pour lutter contre le tourisme de masse, outre son accès payant certains jours de l’année, Venise va bientôt interdire les groupes constitués de plus de 25 touristes qui ne pourront être accompagnés que par des guides certifiés. La mesure touchera évidemment le centre historique mais aussi les îles touristiques de Murano, Burano et Torcello. Le tout applicable à compter du 1er juin 2024 dans le but, tel que déclaré par les représentants de la commune de « promouvoir le tourisme durable et garantir la protection et la sécurité de la ville ».

Des vacances plus chères en Grèce… et des quotas pour les croisières

Le prix d’entrée à l’Acropole d’Athènes multiplié par deux et bientôt par trois. De 10 €, nous venons de passer début avril à 20 € et pour 2025 cela coûtera 30 €. Seule consolation : les moins de 18 ans ou 25 ans pour les ressortissants de l’Union européenne pourront toujours continuer à visiter les lieux gratuitement.
Mais ce n’est pas tout. Car, au-delà de l’Acropole, l’ensemble des 350 sites archéologiques et musées du pays verront leurs prix augmenter à des degrés divers, en fonction de leur « intérêt touristique ». De quoi potentiellement limiter le nombre de visiteurs et lutter en quelque sorte contre le surtourisme que connaît la Grèce à certains endroits.

Par ailleurs, les autorités grecques, dont le pays accueille chaque année des centaines de milliers de croisiéristes dans sa capitale comme sur ses îles, ont décidé d’« attaquer » les croisières.
Ainsi, si pour la célèbre Acropole d’Athènes des choses sont en place avec une entrée réservée uniquement aux croisiéristes afin de réguler les flux, d’autres mesures devraient bientôt voir le jour concernant les croisières. En effet, une politique de quotas sur ces derniers pourrait être mise en place à certaines périodes de l’année et pour certaines îles. Et de nouvelles taxes, notamment portuaires, pourraient également toucher les paquebots à l’avenir.

Entre grève de la faim et modification de Google Maps en Espagne

A Barcelone, ce sont les autorités locales qui ont décidé d’agir en supprimant une ligne de bus (vers le Parc Guëll) de Google Maps afin que les touristes ne la retrouvent plus sur leurs smartphones. Aux îles Canaries, un collectif d’habitants a décidé d’entamer éventuellement une grève de la faim pour s’opposer à la construction de deux complexes hôteliers sur l’île de Tenerife.
Des actions qui complètent d’autres dans le pays qui vont d’un accès limité, voire potentiellement payant pour des lieux comme la place centrale de Séville, à de fausses alertes pour l’accès à certaines plages comme aux Baléares.

Réglementation municipale pour réduire le nombre d’Airbnbs à New York

Comme beaucoup de villes, New York (et ses hôteliers) « souffre » du développement d’Airbnb depuis plusieurs années. Au point que la municipalité a décidé de durcir sa réglementation en la matière pour limiter le nombre d’offres et ainsi faciliter le logement des New-Yorkais.
Désormais, les Airbnb ne peuvent être proposés que dans des immeubles destinés entièrement à la location saisonnière, au même endroit où résident les propriétaires, ou à partir du moment où les clients se sont engagés sur au moins 30 jours consécutifs de location. Donc beaucoup moins d’opportunités pour les visiteurs.

L’accès aux Galapagos désormais (beaucoup) plus cher

Afin de mieux préserver sa biodiversité et ses célèbres tortues, l’archipel équatorien des Galapagos va augmenter significativement ses tarifs d’accès au cours de l’année. Ceux-ci passeront de 6 à 30 US$ pour les nationaux et de 100 à 200 US$ pour les touristes étrangers.
Au-delà de trouver plus d’argent pour la protection de l’archipel, cette augmentation vise aussi à limiter les risques de surtourisme en limitant donc le nombre de visiteurs. Il faut dire que pendant un temps, les Galapagos faisaient partie de la liste du patrimoine en péril de l’UNESCO.

Geishas et Mont Fuji au Japon

Face à la surpopulation que connaît depuis quelques temps le célèbre mont Fuji, les autorités japonaises ont décidé de réagir et de mettre en œuvre diverses mesures à compter du 1er juillet 2024 pour en limiter l’accès. Il s’agira d’un système de jauge du nombre de visiteurs autorisés, d’une taxe à payer, entre autres, pour l’entretien du site, et même d’une interdiction entre 16 h et 2 h du matin de l’accès aux sentiers menant au sommet de la montagne sacrée. qui culmine à 3 776 mètres d’altitude.
Dans un autre genre, une partie des ruelles (privées) du quartier des geishas de Kyoto seront également fermées aux visiteurs pour cause de surtourisme. Après tout, pourquoi pas ?

Des quotas touristiques à Bali ?

Même s’il n’y a rien d’officiel, il se pourrait bien qu’un de ses jours Bali plaise à de plus en plus de destinations à travers le monde. Ou encore réguler le nombre de ses visiteurs afin de lutter contre le surtourisme (et les touristes étrangers problématiques qui font n’importe quoi) avec les contraintes ou dégradations que cela peut engendrer. Mais il est vrai qu’avec plus de 6 millions d’entrées par an avant Covid pour cette petite île, cela se comprend même si les gains financiers en retour sont également loin d’être négligeables.

La fin des treks non surveillés au Népal

Les autorités népalaises ont décidé de mettre en place de nouvelles procédures pour les randonneurs et trekkeurs. Ils doivent utiliser un guide agréé (compter environ 30 US$ minimum par jour) et obtenir un permis TIMS (« Trekking Information Management System ») auprès d’agences reconnues par le gouvernement avant de pouvoir s’élancer sur les sentiers du pays.
En clair, on ne peut plus s’aventurer seul dans un trek au Népal comme le faisaient jusqu’à présent 40 à 50 000 personnes par an. C’est quand même un plus en termes de sécurité, mais aussi à terme l’idée de réduire un peu le nombre de marcheurs dans le massif himalayen.

L’entrée aux parcs nationaux du Kenya est plus chère

Il s’agit d’une mesure visant à rapporter de l’argent, mais aussi à limiter quelque peu le nombre de visiteurs dans les parcs et réserves du pays. Ou comment lutter contre la surpopulation sans perdre financièrement.
Depuis cette année, les étrangers doivent débourser 80 ou, en haute saison, 100 US$/jour pour accéder à Amboseli, au lac Nakuru, à Tsavo ou au parc national de Nairobi, près de la capitale. Quant au Masai Mara, le plus connu, il serait de 100 US$/jour pour les adultes et de 50 US$ pour les enfants du 1er janvier au 30 juin, et de 200 US$ en haute saison du 1er juillet au 31 décembre.

Sinon, juste pour rappel…

Force est de constater que nous assistons depuis quelques temps à une augmentation tourismephobie dans de nombreux endroits du monde. Que ce soit en France ou ailleurs, le rejet des touristes et le surtourisme de la part des habitants d’un certain nombre de villes et de lieux très fréquentés se font en effet de plus en plus sentir.

Ainsi, à l’échelle européenne, tous lieux confondus, ce phénomène toucherait 4% des populations et 8% seulement dans les villes touristiques, voire beaucoup plus dans les plus prisées. Même s’il est reconnu que le tourisme apporte son lot de retombées économiques, d’emplois et autres atouts au niveau local, c’est la surexploitation des lieux, l’impact sur l’environnement, la fin de la tranquillité, les logements transformés en Airbnb et autres contraintes et déceptions. qui sont remis en question…

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
Bouton retour en haut de la page