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Riposte ou désescalade, le dilemme d’Israël après l’attaque iranienne

    Dans une rue de Tel Aviv (Israël), le 14 avril 2024.

Israël ne sait toujours pas comment restaurer ses capacités de dissuasion, après six mois d’une guerre chaotique à Gaza, au prix de 33 000 morts palestiniens, et d’une campagne de frappes d’une intense intensité au Liban et en Syrie. jamais vu depuis une décennie. Ses alliés occidentaux ont fait tranquillement ce constat alarmant, avant même que l’Iran ne le démontre, dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 avril, en lançant plus de 300 drones et missiles balistiques vers l’Etat hébreu.

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Cette attaque place le gouvernement de Benjamin Netanyahu dans une impasse. Israël ne peut exercer des représailles contre le territoire iranien sans risquer une escalade, ce que son allié américain refuse de toutes ses forces, craignant une guerre régionale. S’il ne répond pas, il laisse l’Iran établir une nouvelle norme : des frappes directes de missiles balistiques sont désormais possibles, en réponse aux attaques israéliennes contre ses intérêts.

Face à ce dilemme, Benjamin Netanyahu tergiverse. Un échange téléphonique avec le président des États-Unis, Joe Biden, dimanche vers 2h30 du matin, a semblé repousser une réponse qui, selon Israël, serait immédiate et approfondie. Depuis, le Premier ministre israélien n’a publié qu’une brève déclaration : « Nous avons intercepté, nous avons bloqué. Ensemble, nous gagnerons. » Une réunion du cabinet de guerre s’est terminée sans annonce dans la soirée. Puis les écoles ont été autorisées à rouvrir lundi, signal d’une possible désescalade.

Les fuites attribuées à de hauts responsables des services de sécurité israéliens s’étaient accumulées dimanche dans la presse, signalant leur crainte face à des débats qualifiés de bellicistes au sein du gouvernement depuis des jours. Ces officiers ont exprimé leur crainte d’une réponse précipitée et irréfléchie aux frappes iraniennes, sans en minimiser l’importance. Ils ont déploré, plus généralement, l’absence de toute vision politique dans cette guerre sur plusieurs fronts, dont M. Netanyahu refuse de définir les objectifs, au-delà d’une promesse de « victoire totale ».

Fatigue et soulagement des Israéliens

L’allié américain craint, de son côté, que le Premier ministre ne soit tenté d’étendre la guerre à Gaza en conflit régional, lui qui avait encore tenté, fin 2020, de convaincre l’ancien président des États-Unis, Donald Trump, pour lancer des frappes au cours des derniers mois de son mandat contre les installations balistiques et nucléaires iraniennes.

M. Netanyahu est pressé à sa droite par ses alliés religieux fondamentalistes, exclus du cercle restreint des ministres chargés de décider seuls de la suite à donner aux frappes iraniennes, au sein du cabinet de guerre. Premier parmi ces foudroyants, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a rejeté, dimanche, toute logique de confinement et de proportionnalité face à Téhéran, estimant qu’Israël s’était ainsi égaré depuis quinze ans face au Hamas à Gaza. Il veut son pays « devenir fou » pour « créer de la dissuasion au Moyen-Orient ».

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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