Divertissement

Quotidien : Au bord des larmes, Yann Barthès rend un hommage poignant à Charles Biétry, qui va avoir recours au suicide assisté en Suisse

C’est une séquence émouvante qui s’est déroulée sur le tournage de Tous les jours. Mardi, l’émission a été largement consacrée à la fin de vie, alors que le projet de loi sur l’aide à mourir sera présenté en Conseil des ministres ce mercredi 10 avril. Pour l’occasion, Yann Barthès a salué un fidèle téléspectateur dont il est proche, dans la personne de Charles Biétry. L’ancien journaliste français, qui fut entre autres directeur sportif duAFP (1980-1984), de Canal+ (1984-1998) et France Télévisions (2000-2001), a annoncé en avril 2023 qu’il souffrait de la maladie de Charcot. Dans une interview émouvante accordée à L’équipe à l’époque, celui qui était aussi un leader dans le monde du football révélait qu’il avait planifié son suicide assisté en Suisse : « Nous avons tout organisé avec ma femme et mes enfants. Je ne veux pas être branché sur une machine pour respirer alors qu’il n’y a plus rien, pas d’avenir. Je ne veux pas souffrir et surtout faire souffrir ma famille. Nous avons pris des dispositions pour nous arrêter avant d’arriver.« 

Depuis, Charles Biétry est devenu l’un des symboles de la promotion d’une loi sur la fin de vie en France. C’est pourquoi Yann Barthès a choisi de mettre en lumière son combat dans Tous les jours : « Ce soir, je voudrais saluer un homme que nous aimons beaucoup, un homme avec qui je discute parfois et qui nous regarde ce soir, comme tous les soirs, qui ne manque jamais de réagir au spectacle. Ce matin, je lui ai parlé du thème de l’émission de ce soir. Il souhaitait que nous lisions des extraits de sa chronique publiée dans le journal L’Équipe il y a quelques semaines et je le ferai.« .

Yann Barthès au bord des larmes

En mars dernier, Charles Bietry partageait son cri du cœur dans les colonnes de L’équipe dans une colonne intitulée Laisse-moi mourir seul. Yann Barthès a repris ce texte avec émotion : «Les trois coups discrets à la porte de ma chambre auraient dû m’alerter, l’entrée de trois médecins aux visages impassibles aurait dû m’inquiéter, leurs paroles impitoyables annonçant cette maladie de Charcot auraient dû m’angoisser. Donc j’allais mourir et… je n’avais pas peur. (…) Parce qu’avant de parler de notre fin, je voudrais dire à mes camarades malades que, dès que le diagnostic est connu, cela signifie aussi qu’il nous reste quelques mois ou quelques années à vivre. Ne les gaspillons pas, ils sont trop précieux. (…) Quand ma réflexion m’a amené à penser que la fin de ma vie serait un cauchemar, quand j’ai compris que quatre étapes m’attendaient, ne plus marcher, ne plus parler, ne plus avaler et enfin ne plus respirer, quand j’ai su que des souffrances atroces m’attendaient, quand il m’est apparu clairement que les miennes souffriraient tout autant de me voir dans un lit, inerte, sans échange possible, attendant, peut-être longtemps, un dernier souffle, alors la famille réunis. Non sans émotion, non sans quelques larmes, non sans quelques mains serrées, nous avons décidé que nous ne laisserions pas la mort décider à notre place. Et si nous devions aller en Suisse, nous y irions. Les papiers sont prêts, la réservation est effectuée et les formalités sont accomplies. Avec ma femme et mes deux enfants, nous partirons ensemble mettre fin à ma merveilleuse vie. Je n’ai toujours pas peur de mourir mais j’ai peur d’avoir peur pendant ce voyage qui sera difficile. J’ai donc reçu le projet d’aide à mourir du président de la République comme un cadeau du ciel. Plus besoin d’aller en Suisse, plus besoin de me cacher dans le cabinet d’un médecin qui enfreindrait la loi, plus besoin de me battre pour que ma liberté soit respectée. Car qui peut revendiquer le droit de choisir ma mort ? Je respecte la position de ceux qui, dont la grande majorité sont en bonne santé, ne pensent pas comme moi mais je leur dis « laissez-moi mourir en paix ».« 

Très touché et la gorge nouée, Yann Barthès termine sa lecture au bord des larmes : « Je leur dis aussi « laissez-moi continuer à lutter contre la maladie ». Et je dis à tous mes amis malades « accrochez-vous, la recherche avance. Peut-être que certains d’entre nous seront sauvés. » Pas moi sans doute mais au moins j’aurais vu une première avancée, encore insuffisante, dont je pourrais bénéficier. Et ce qui me permet de conclure que c’est un petit pas pour l’humanité mais un grand pas pour la dignité.« 

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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