Presse. Bernard Arnault, le patron de LVMH, « interdit » à ses dirigeants de s’exprimer devant sept médias
La nouvelle a été révélée par les médias La lettre : celui-ci, comme six autres médias, figure sur une liste noire de médias auxquels les dirigeants du géant du luxe LVMH, propriété de Bernard Arnault, ont interdiction de s’adresser. Contacté par l’AFP, LVMH n’a pas fait de commentaire.
Seize récipiendaires
« Notre groupe est un objet d’intérêt médiatique majeur », écrit Bernard Arnault en préambule de ce courriel intitulé « Recommandations », daté du 17 janvier et envoyé à 16 personnes, pour la plupart membres du comité exécutif du groupe, dont sa fille Delphine Arnault, PDG de Christian Dior Couture, Chantal Gaemperle, directrice des ressources humaines de LVMH, Jean-Jacques Guiony, directeur financier du groupe, et Pietro Beccari, PDG de Louis Vuitton.
Arnault « condamne » ses relations avec les journalistes
Mais « les médias recherchent aussi des informations « confidentielles » provenant de sources internes en dehors des canaux de communication que nous avons mis en place, sans compter les publications biaisées, la plupart du temps de nature négative, les lettres dites confidentielles, les sites dits d’investigation qui utilisent l’attrait du public pour le luxe pour attirer un nouveau lectorat de manière sensationnaliste », déplore le PDG, selon le document reproduit par La Lettre.
Bernard Arnault a déclaré qu’il « condamne formellement tout comportement consistant à entretenir des relations avec des journalistes peu scrupuleux et à leur fournir des informations ou des commentaires sur la vie du groupe ». Le PDG de LVMH « rappelle à chacun l’interdiction formelle de communiquer des informations ou des commentaires sur la famille » et prévient qu’il « sera intransigeant face à tout manquement à ces règles, qui marquerait pour (lui) un manque de loyauté intolérable ».
Il demande à ses dirigeants « de transmettre ces recommandations aux principaux responsables de division, en leur indiquant clairement que tout manquement à celles-ci (et cela se saura inévitablement) sera considéré comme une faute grave, avec les conséquences qui s’y rattachent », selon La Lettre.
Reporters sans frontières dénonce « une atteinte au droit à l’information »
Selon ce document, Bernard Arnault conclut en « joignant une liste de publications pour lesquelles je vous demande de respecter une interdiction absolue de parler », à savoir La Lettre, Glitz Paris, Miss Tweed, L’Informé, Puck (US), Mediapart, Le canard enchaîné ainsi que toutes autres lettres ou pages confidentielles du même type qui existent ou qui pourraient être créées. »
En réaction à ces révélations, l’ONG Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé mercredi sur X « une atteinte au droit à l’information de la part de LVMH et de son PDG », les appelant « à mettre un terme à cette liste noire de médias ». Mediapart a de son côté dénoncé sur son site le fait que Bernard Arnault « jette une ombre sur son groupe pour éteindre toute voix dénonçant les mauvaises pratiques de son empire ».
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