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Les influenceurs sont désormais invités à rester loin de ce village américain surexposé sur les réseaux sociaux


C’est un petit village de l’Etat américain du Vermont. Entouré de champs et de forêts, Pomfret abrite 900 habitants à l’année. On y trouve une épicerie générale, un petit centre d’art et un théâtre. Rien d’extraordinaire et pourtant : chaque année, quand l’automne arrive, des milliers de visiteurs rejoignent la paisible ville, explique la BBC.

Chasseurs de feuilles

En anglais, on les appelle « leaf peepers » (chasseurs de feuilles mortes), c’est-à-dire des chasseurs de feuilles mortes, ou plutôt des gens qui visitent les lieux lorsqu’ils sont habillés aux couleurs de l’automne. Dès que les feuilles des arbres commencent à rougir, la moitié des voitures qui passent par Pomfret ont des plaques d’immatriculation d’un autre État.

Leurs conducteurs n’hésitent alors pas à s’arrêter brusquement sur la route ou à bloquer une voie. Objectif : prendre en photo la Sleepy Hollow Farm, une propriété privée de 47 hectares traversée par une route de campagne sinueuse.

Le bâtiment est devenu une véritable star sur les réseaux sociaux. Sur Instagram, plusieurs milliers de publications mettent en scène la ferme, entourée d’érables majestueux, dont la couleur oscille entre le rouge et l’orange.

Impolitesse à cause d’une photo Instagram

« Ces dernières années, la situation est devenue incontrôlable. Des bus de touristes arrivaient et déposaient littéralement des gens sur le site. »déplore Deborah Goodwin, coordinatrice des expositions au Pomfret Art Center.

Cette augmentation du nombre de touristes s’accompagne d’une hausse des incivilités. Selon Deborah Goodwin, des influenceurs sur les réseaux sociaux ont pris l’habitude d’escalader une barrière recouverte d’un panneau « No Trespassing » et d’aménager ensuite leurs vestiaires afin de changer régulièrement de tenue. « C’était vraiment terrible… Alors les habitants sont allés voir les autorités pour leur dire qu’on ne pouvait pas continuer comme ça. »

Le panneau « Interdit d’entrer » n’a pas empêché les influenceurs de poser devant Sleepy Hollow Farm… Boston Globe / Getty Images

Pour contrer le défilé des influenceurs, la résistance s’organise

À l’automne 2022, les forces de l’ordre ont tenté de mettre un terme au phénomène en transformant la route en sens unique. L’année suivante, les habitants ont lancé une campagne de financement participatif sur GoFundMe. Ils expliquent leur initiative :

« Nous avons constaté une augmentation sans précédent du nombre d’influenceurs touristiques travaillant pour Instagram et TikTok, qui ont endommagé des routes, eu des accidents, piétiné des jardins ou déféqué sur des propriétés privées… Certains ont également agressé verbalement des résidents. »

À ce jour, la campagne a permis de récolter plus de 22 000 $.

En 2023, les autorités municipales ont finalement voté la fermeture des routes menant à la ferme pendant la saison d’automne (du 23 septembre au 15 octobre) aux non-résidents.

Les habitants de Cloudland Road refusent cependant d’être perçus comme des anti-touristes. Ils soulignent que ces efforts pour protéger leur paysage ont un coût. La facture des autorités pour installer des panneaux de fermeture de route et patrouiller sur la route est estimée à 10 000 dollars.

Certains résidents locaux ont également émis l’idée, jusqu’à présent non retenue, de créer un système de réservation pour les visites à Sleepy Hollow afin de gérer de manière responsable l’afflux touristique.

Mike Doten et Amy Robb font partie des résidents qui ont convaincu les autorités locales de fermer la route aux visiteurs pendant l’automne. Boston Globe / Getty Images

« Nous aimons accueillir les touristes ici, résume le shérif Ryan Palmer. Leur présence contribue à l’économie du Vermont et nous voulons que les gens profitent de la beauté naturelle du paysage. Mais nous devons respecter les maisons et les propriétés des gens… Venez nous rendre visite, mais soyez respectueux.

Le surtourisme fait des ravages dans le monde entier

Les habitants de Pomfret ne sont pas les seuls à avoir vécu des mésaventures causées par le surtourisme et les réseaux sociaux. Face aux hordes de visiteurs, les sites touristiques du monde entier se battent.

À Bali, Amsterdam et Hawaï, les taxes augmentent pour les visiteurs. À Séville, la mairie a récemment rappelé qu’elle avait le droit de couper l’alimentation en eau des locations touristiques illégales. Dans la même ville, des riverains ont protesté contre Airbnb en souillant les boîtes à clés utilisées par les locations touristiques. Enfin, à Barcelone, des habitants ont attaqué des visiteurs avec des armes à feu.



GrP1

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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