Divertissement

L’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé est morte

Maryse Condé chez elle le 27 juillet 2021 à Gordes, France.

Depuis qu’elle a remporté le prix de littérature de la Nouvelle Académie de Stockholm en octobre 2018, avant d’être accueillie avec les honneurs en Guadeloupe, Maryse Condé se disait en paix. Avec elle-même, avec le monde littéraire, avec sa vocation. Elle est décédée à l’âge de 90 ans dans la nuit de lundi à mardi à l’hôpital d’Apt, dans le Vaucluse, a annoncé son mari mardi 2 avril à l’Agence France-Presse.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Maryse Condé, pourvoyeuse de plaisirs

Elle laisse derrière elle une œuvre magistrale, qui décrit « dans un langage précis (…) les ravages du colonialisme et le chaos du postcolonialisme », selon la Nouvelle Académie. Lu et étudié à travers le monde, le professeur à l’université de Columbia, l’écrivain voyageur ayant vécu à Paris, en Afrique, aux Antilles, aux Etats-Unis, l’activiste et grand romancier guadeloupéen avait dédié ce prix, longtemps désiré, à son « pays » dont elle a rêvé d’être indépendante toute sa vie.

Les romans, pièces de théâtre et livres pour la jeunesse, mémoires et essais de Maryse Condé sont également animés par un besoin irrépressible de comprendre. Sa vie. La vie. Ce qui motive les gens et le monde. A la chute d’un royaume Bambara (Ségou, éd. Robert Laffont, t.1 1984 et t. 2, 1985) comme dans son environnement d’origine, la bourgeoisie « négro-antillaise » (Le Cœur pour rire et pleurer, éd. Robert Laffont, 1999). Dans les mentalités et croyances guadeloupéennes (Traversée de la mangroveMercure de France, 1989 et Coupe du cou Celanira, éd.Robert Laffont, 2000) comme dans Le djihadisme français, source d’inspiration de son dernier roman publié Le fabuleux et triste destin d’Ivan et Ivana (JC Lattès, 2017). Dans le couple mixte et le statut de la femme artiste (Histoire de la femme cannibaleMercure de France, 2003) comme dans le parcours de sa grand-mère maternelle, cuisinière d’exception qui « louait ses services » à des familles blanches de Guadeloupe (Victoire, saveurs et motsMercure de France, 2006).

Son refus des contraintes identitaires et des étiquettes commodes – non, elle n’était pas romancière francophone, écrit-elle dans « Maryse Condé » –, sa lucidité et son ironie mordante concouraient à rendre sa voix unique. Sa perte est immense.

Rebellez-vous et écrivez

Cadette d’une famille de huit frères et sœurs, Maryse Liliane Appoline Boucolon est née le 11 février 1934 à Pointe-à-Pitre. Son père, Auguste Boucolon, était commerçant et fondateur d’une banque. Sa mère, Jeanne Quidal, fut la première enseignante noire de Guadeloupe. Les parents élèvent leurs enfants dans l’amour de la culture française et dans l’ignorance de leurs ancêtres africains. Ils se rendent régulièrement à Paris et ne parlent jamais créole à la maison. Ils rêvent que leur fille devienne fonctionnaire, d’épouser un fonctionnaire antillais. Elle aspire à autre chose.

Il vous reste 59,39% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
Bouton retour en haut de la page