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La marche du 21 avril contre le racisme interdite par la préfecture de police de Paris – Libération

Craignant des troubles à l’ordre public et des slogans antisémites, Laurent Nuñez a interdit une marche « contre le racisme, l’islamophobie et pour la protection des enfants », soutenue par des militants antiracistes, des mouvements de gauche et des familles de victimes de violences policières.

Qu’est-ce qui peut rapprocher La France insoumise, Angela Davis et Planned Parenthood ? Apparemment, un « marche contre le racisme, l’islamophobie et pour la protection des enfants », puisque le parti, le militant et l’association ont, comme des dizaines d’autres personnalités et structures, signé l’appel à cette manifestation. Il était prévu dimanche 21 avril, à Paris, entre le quartier populaire de Barbès et la place de la République, où devait alors se tenir un concert gratuit. Aux commandes : la militante contre les violences policières Amal Bentounsi (dont le frère Amine a été tué par la police en 2012) et la militante décoloniale Yessa Belkhodja, soutenue lors de la déclaration en préfecture par l’association Attac et le Nouveau Parti anticapitaliste.

Marché aux puces et match

Mais, par un arrêté pris ce jeudi 18 avril, le préfet de Paris, Laurent Nuñez, a interdit cette manifestation : pour des considérations matérielles, comme la tenue d’une brocante le même jour sur la place de la République ou la nécessité de employer des forces de l’ordre pour sécuriser le match PSG-Olympique Lyonnais en soirée ; et pour les peurs d’anticipation. « Cette marche qui dénonce notamment dans son appel « les crimes policiers » contre les jeunes est propice à attirer des composantes recherchant délibérément des affrontements avec la police, créant un risque réel de troubles à l’ordre public », estime la préfecture de police de Paris.

De plus, l’événement se concentre sur l’enfance. D’après son sous-titre, il a été organisé « à la mémoire de tous les jeunes victimes des délits policiers, judiciaires et carcéraux ». Mais l’appel à marcher comble le fossé avec « des enfants de Gaza, maltraités, emprisonnés, tués par milliers ». Ce qui pousse la préfecture à écrire « que cette marche, tout en souhaitant attirer l’attention sur les enfants de Gaza, est susceptible, compte tenu des tensions actuelles au Moyen-Orient (…), de véhiculer des slogans antisémites ».

« Que fait l’État ?

Dernier point d’inquiétude pour la préfecture : le concert, qui devait réunir, outre Kery James, les rappeurs Médine et ceux du groupe Sniper. Un évènement « susceptible d’attirer, par son caractère gratuit, un nombre important de spectateurs », écrit Laurent Nuñez, qui considère que « la procédure contradictoire n’a pas permis de démontrer que la sécurité du concert et de ses abords avait été prise en compte par ses organisateurs en cas de débordements ».

« L’interdiction de notre marche, comme celui de la conférence de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan ce soir à Lille, sont le signe (…) qu’un basculement est en cours. Il est plus que jamais vital que toutes les organisations du mouvement social, comme toutes les consciences du pays, en prennent conscience et s’organisent en conséquence. La question se pose à tous : voulons-nous voir nos enfants grandir dans un État policier ? demandent Amal Bentounsi et Yessa Belkhodja dans un communiqué en réaction à l’arrêté préfectoral, qu’ils envisagent de contester devant la justice administrative.

Lors d’une conférence de presse jeudi matin, ils ont précisé que leur manifestation avait pour but de dénoncer « le racisme en général dont souffrent nos enfants, qu’il vienne de l’éducation nationale ou de la police ». Dans le même temps, faisant écho aux révoltes des quartiers populaires après la mort de Nahel Merzouk l’été dernier et aux derniers drames impliquant des affrontements entre jeunes, Gabriel Attal a évoqué le besoin d’autorité chez les jeunes et a promis de durcir la répression. de ceux qui tentent d’y échapper ou de punir leurs parents. « Bien sûr, éduquer vos enfants est un devoir. Mais lorsque les parents rencontrent eux-mêmes des difficultés, comment pouvons-nous les aider ? Que fait l’État pour les soutenir ? » a répondu Amal Bentounsi, interrogée sur la position du Premier ministre. Et le militant d’ajouter : « Comment dire à nos enfants d’aimer un pays où l’on fait croire que tous les maux de la société sont la faute des musulmans, des banlieusards, des personnes de couleur ou des familles monoparentales ?

Mis à jour à 17h42 : ajout d’un extrait du communiqué de presse en réaction à l’arrêté préfectoral.

Cammile Bussière

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