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I.Ceram, la société de Limoges cotée en Bourse, est placée en redressement judiciaire

La société I.Ceram, spécialiste des implants innovants en céramique biocompatible basée à Limoges, a été placée en redressement judiciaire ce mercredi 24 avril par le tribunal de commerce de Limoges. A l’initiative de ses dirigeants, cette procédure devrait permettre à l’entreprise limougeaude de trouver des solutions après avoir été confrontée à des barrières réglementaires et à des ventes en baisse depuis 2019.

« J’ai préféré mettre l’entreprise en sauvegarde car les prêts garantis par l’Etat deviennent lourds à rembourser. » André Kerisit, le président d’I.Ceram, une entreprise du secteur médical basée au Parc d’Ester, à Limoges, n’a eu d’autre choix que d’adopter cette solution avec son conseil d’administration.

I.Ceram a déposé une demande d’ouverture d’une procédure collective auprès du tribunal de commerce de Limoges « afin de sauvegarder les intérêts de ses salariés, de ses technologies et sécuriser la poursuite de l’activité », et après avoir procédé à une déclaration de cessation de paiement. Une décision acceptée ce mercredi 24 avril par le tribunal de commerce de Limoges avec une période d’observation de six mois.

Réglementations barrières et difficultés de sortie des études cliniques

La société, cotée sur Euronext Growth depuis 2014, a été récompensée par deux premières mondiales réalisées au CHU de Limoges. Elle fabriquait également des produits technologiques innovants implantés en Grèce, en Pologne et en Italie, et ne pouvait résister à certaines difficultés dans un secteur dominé par les grands constructeurs américains.

« Malgré de nombreuses preuves cliniques démontrant la création de valeur apportée par cette technologie, le temps nécessaire à la mise en place des études cliniques et précliniques a ralenti la capacité de l’entreprise à lever des financements », a indiqué la société dans un communiqué. communiqué. « Toutes les réglementations régissant la production et la distribution des dispositifs médicaux en Europe sont arrivées en 2019, lorsque les prix ont chuté », explique André Kerisit. Nous avions un produit super innovant, mais nous avons été obligés de reformater nos fichiers pour de nouveaux produits, et ce financement n’était pas prévu. »

Le manque d’organismes notifiés capables d’évaluer les dossiers techniques des fabricants, qui a vu sa mise en œuvre reportée à 2027-2028, a posé de grandes difficultés à I.Ceram pour proposer des produits répondant aux normes.

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Main d’œuvre qualifiée difficile à trouver

Deuxième raison évoquée par André Kerisit pour expliquer cette procédure de recouvrement légal : « les difficultés de recrutement de main d’œuvre qualifiée. Certaines compétences manquent sur un marché aussi puissant. »

André Kerisit évoque également une baisse de 20 % entre 2013 et 2024 des prix des implants historiques fixés par la Sécurité sociale.

I. Ceram, qui avait réussi à lever neuf millions d’euros en 2015, a vu son cours de bourse s’effondrer en un an, passant de 9 euros à 1,05 euros ce jeudi à 14 heures. Des enjeux financiers que l’on retrouve également dans les comptes de la société limougeaude, avec une perte nette de 572 000 € pour l’exercice 2021, et de plus de 1,3 million d’euros l’année précédente. Au 31 décembre 2021, le chiffre d’affaires d’I.Ceram était d’environ 1,5 million d’euros, un montant « beaucoup trop faible pour une entreprise cotée en bourse et souhaitant conquérir les marchés internationaux », selon certains experts.

Aucun licenciement prévu

Des chiffres qui n’entament pas la motivation d’André Kerisit, PDG d’I.Ceram, qui indique qu’aucun licenciement n’est prévu à ce jour dans l’entreprise qui compte actuellement une vingtaine de salariés. Pour remettre les comptes sur les rails et donner un élan à l’entreprise, il manquerait entre 3 et 4 millions d’euros. André Kerisit ne ferme aucune porte et se dit prêt à « étudier toutes les possibilités qui sont sur la table ».

Ce placement en redressement judiciaire n’aura aucun impact pour Addidream, une société basée à Limoges qui modélise le dispositif médical permettant aux chirurgiens de réaliser leurs premiers tests sur modèles et pour laquelle I.Ceram avait beaucoup contribué au financement : « Nous sommes sortis de l’entreprise depuis près d’un an. Chacun vit seul», explique le président d’I.Ceram.

Les patrons d’I.Ceram devront rediscuter des solutions envisagées et de l’état des finances avec le tribunal de commerce de Limoges. Un rendez-vous est déjà fixé au 26 juin pour en savoir plus sur la reprise, ou non, de l’une des entreprises les plus innovantes de notre région.

Thibaut Dailler

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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