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Europol dresse la cartographie des 821 réseaux criminels «les plus menaçants» d’Europe

Ce vendredi 5 avril, Europol a publié une carte des 821 gangs « les plus menaçants » d’Europe. Elle doit doter les autorités d’outils adéquats pour lutter contre ces réseaux.

Désignés comme « les plus menaçants » du continent, 821 réseaux criminels européens ont été analysés dans un rapport publié ce vendredi 5 avril par Europol. La police étudie ainsi « en profondeur » les opérations de ces gangs impliqués dans des activités allant du trafic de drogue au trafic d’êtres humains.

Les principales conclusions de cette étude ont été présentées lors d’une conférence de presse ce vendredi, en présence de plusieurs représentants de la présidence belge du Conseil de l’Union européenne, qui a porté ce projet, et de Catherine De Bolle, directrice exécutive d’Europol.

Ils montrent que la majorité de ces 821 groupes criminels, composés de plus de 25 000 membres issus de 112 nationalités différentes, se spécialisent néanmoins dans le trafic de drogue. Ces gangs sont « les plus menaçants » car ils présentent les quatre caractéristiques cruciales déterminées par Europol, la première étant l’agilité « pour adapter leurs processus commerciaux criminels aux opportunités et aux défis, y compris ceux posés par les forces de l’ordre ».

La seconde est liée à leur capacité à mener des « opérations criminelles sans frontières », à l’international, et la troisième au « contrôle » qu’ils exercent sur leurs opérations criminelles, en se spécialisant dans une activité principale. La dernière caractéristique concerne leur potentiel destructeur, sachant que ces réseaux « causent des dommages importants à la sécurité intérieure, à l’État de droit et à l’économie de l’UE ».

Le plus souvent, ils sont situés en Belgique, en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas et en Espagne. Dubaï est pour sa part « un centre de coordination à distance » où résident des membres de gangs de haut rang pour éviter d’être repérés par la police », mais la ville n’est pas identifiée par Europol comme « un refuge isolé ».

Certains gangs existent depuis des décennies

En cartographiant ces groupes criminels, Europol souhaite faire la lumière sur leur fonctionnement interne, en accordant une attention particulière à la stratégie qu’ils ont mise en place « pour infiltrer le monde des affaires juridiques – comme facilitateur pour commettre des crimes, comme façade pour cacher des crimes et comme un véhicule de blanchiment des profits criminels.

Selon Europol, environ 86 % de ces groupes criminels utilisent des « structures commerciales légales » comme moyen de blanchiment d’argent. A ce niveau, ils privilégient souvent le bâtiment et l’immobilier, mais aussi l’hôtellerie et la logistique. Pour y parvenir, ces gangs n’hésitent pas à faire appel à des avocats ou à des experts financiers qui, parfois, ignorent « l’origine criminelle des avoirs ».

L’analyse de l’Agence européenne de police montre que les boîtes de nuit sont souvent liées au trafic de drogue, à l’extorsion et au racket, ainsi qu’au trafic d’êtres humains et d’armes. Le secteur de la logistique est plutôt touché par la corruption. Les travailleurs du secteur privé sont « régulièrement » visés, notamment lorsqu’ils travaillent dans les grands ports européens, car ils peuvent « faciliter un accès sans restriction aux ports et aux systèmes portuaires ».

Ces gangs désignés comme « les plus menaçants » d’Europe existent pour la plupart depuis des années : un tiers d’entre eux sont même opérationnels depuis plus d’une décennie et certains ont réussi à poursuivre leurs activités depuis la prison. Beaucoup d’entre eux sont déjà sous surveillance policière mais Europol recommande néanmoins de « concentrer l’attention des forces de l’ordre » sur ces gangs afin de leur apporter « une réponse concertée, soutenue et multilatérale ».

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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