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comment le point d’exclamation a contaminé les messages pros

SIl y a une chose qui marque notre passage dans le fameux « monde d’après », c’est l’incroyable inflation du nombre de points d’exclamation dans les mails professionnels et les échanges sur les messageries professionnelles. Autrefois – dans le « monde d’avant », si vous préférez – la communication professionnelle avait l’apparence réfrigérée d’un acte notarié, et il n’aurait jamais songé à personne de ponctuer des annonces aussi banales que « rendez-vous à 11 heures » comme si nous l’étions. criant au monde entier nos incroyables gains à l’EuroMillions. Jetez quand même un œil à votre boîte de réception e-mail et vous verrez : « Super, je vous enverrai le mémo !! » », « L’agrafeuse est au 4e tiroir en commençant par le bas !!! » Aussi banal soit-il, le moindre échange donne désormais lieu à un feu d’artifice exclamatif.

Ce signe typographique, qui soulignait l’exceptionnalité du message ou la force de l’émotion qui lui est associée (on en parlait, jusqu’au 18e siècle, du point de vue de l’admiration), sert désormais à ponctuer tout et n’importe quoi, passant en quelques années d’un usage parcimonieux à une invasion que les Anglo-Saxons qualifient de « bangorrhée » (répétition destinée à donner plus de « bang », de coup de poing). A tel point qu’une nouvelle norme s’est imposée subrepticement au cœur effusif de la communication d’entreprise : si vous n’utilisez pas de points d’exclamation partout, vous serez vite jugé comme quelqu’un de froid, distant, à la limite de la mauvaise humeur.

Cette épidémie reflète une contamination des messages professionnels par le langage SMS et celui des réseaux sociaux. Sur ces supports se pratique ce que l’on appelle le « parecrit », un registre hybride où les lettres, si elles sont écrites sur un clavier, n’en font pas moins partie de la stylistique et des codes paraverbaux de l’oralité. Du coup, le sourire avec lequel vous soulignez habituellement la dimension excitante de votre déclaration en face-à-face est remplacé, à distance, par un point d’exclamation et/ou des emojis.

Des valeurs sociales en évolution

Autour de cette habitude se dessine un clivage typographique entre générations : tandis que les baby-boomers jugeront négativement l’excès de « ! », témoignant selon lui d’un excès d’enthousiasme feint, les plus jeunes y verront au contraire une manière de donner du peps à leurs messages et d’étayer leur sincérité. En langage SMS, en effet, un simple point laisserait penser aux jeunes que l’échange qu’il ponctue n’est pas très simple, comme le souligne une étude publiée en 2016 dans la revue Les ordinateurs dans le comportement humain. La ponctuation est aujourd’hui porteuse d’un ensemble de valeurs sociales évolutives qui doivent donc être prises en compte si l’on ne veut pas être considéré comme le dernier des faux signes.

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Cammile Bussière

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