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« Ce MHR-Usap vaut son pesant d’or » : Guilhem Guirado analyse les enjeux et l’état de forme de Montpellier et Perpignan

Le MHR accueille Perpignan ce samedi 27 avril dans un derby qui s’annonce incandescent. Le Catalan Guilhem Guirado, qui a joué dans les deux clubs, fait le point sur la dynamique des deux clubs.

L’ADN sang et or coule dans ses veines, lui, le natif de Céret. Mais Guilhem Guirado est désormais lié à jamais à Montpellier. Le Brennus remporté en 2022 a mis une marque d’honneur sur sa carrière titanesque. Ce samedi, il sera en tribunes pour voir arriver son club préféré au domicile de son dernier amour. D’un côté, il souhaite voir l’USAP à son plus haut niveau, surfant sur la vague de ces dernières semaines. Il refuse en revanche de voir le MHR sombrer en bas du classement. Entretien.

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Avez-vous été impressionné par Perpignan ces derniers mois ?

Oui et non. Ils ont eu ce fameux déclencheur fin décembre (victoire à Castres, 13-17) qui les a propulsés. Ils sont impressionnants balle en main, très réguliers. Je ne suis pas non plus surpris du travail réalisé par Franck (Azéma, le coach) et tout son staff. Franck est intransigeant. C’est un travailleur acharné et il a inculqué une nouvelle méthode. Et je dis ça sans comparer négativement à Patrick (Arlettaz). Mais c’est vrai que Franck a d’autres expertises. Une autre expérience aussi. Il a entraîné l’Usap dans les belles années, Clermont et Toulon.

Franck Azéma a su résister à quatre défaites de suite en ce début de saison…

Cela a très mal commencé. A Perpignan, en général, on tire très vite des conclusions. Quand les choses vont mal, nous voulons prendre une décision rapidement. Là, on savait qu’il allait y avoir une transition. Le club est donc resté raisonnable. Il a compris qu’il fallait du temps pour construire, pour faire confiance. Cela a payé.

Guilhem Guirado sous le maillot de l'Usap en 2010.
Guilhem Guirado sous le maillot de l’Usap en 2010.
Midi Libre – MAX BERULLIER

Que vous inspire le jeu USAP, réputé spectaculaire ?

Quand tu portes le ballon comme ça, tu gardes un certain contrôle. Mais c’est énergivore. Les attaquants doivent faire un travail colossal, en assurant toujours la continuité du jeu en étant solidaires. Parfois, on est au point de rupture physiquement, notamment vers la 50e minute, souvent point de bascule des matchs. Si l’équipe adverse résiste, vous vous mettez en danger. Pour le moment, ça marche pour lui.

Contre Lyon (51-20), mais aussi le Racing (26-5) et Toulouse (27-17) récemment, le match a été serré jusqu’à la 50e. Mais ces derniers finissent par céder face aux vagues catalanes. Cela montre le travail effectué par le staff, les joueurs. Quand je vois qu’une charnière Ecochard-McIntyre a été installée, qu’un Tommaso Allan a été remplacé à l’arrière… Les choix sont pertinents. Il ne faut pas avoir peur de dire que Perpignan joue un très bon rugby, prend beaucoup de risques même s’il n’est pas aussi confiant qu’une équipe comme le Stade Français au classement.

Le top 6 est-il jouable selon vous ?

Vous voyez, dans toutes les déclarations, tout le monde reste modeste. Les quatre défaites consécutives du début de saison sont encore fraîches dans les mémoires. Ces périodes de doute, où l’on frise la crise intérieure, vous obligent à rester humble. Vous avez un calendrier complexe, les 6èmes c’est encore trois points… Il faut garder les pieds sur terre. Et le club garde sa ligne directrice : assurer le maintien le plus rapidement possible.

On a l’impression que rien ne fait peur à cette équipe.

Elle arrive avec un maximum de confiance. Elle sent aussi que le public catalan réagit. Ce sont six ventes à guichets fermés d’affilée. Les spectateurs se mettent forcément à rêver. Vous n’avez aucun contrôle là-dessus. Le club, de son côté, doit rester raisonnable. Il sait que tout peut arriver très vite. Les supporters catalans ont vécu de grands moments. Ils l’ont encore goûté en Pro D2 mais ça n’a pas la saveur du Top 14.

Rêver fait partie de l’espoir. Il vaut mieux avoir cela que de penser uniquement à la maintenance. Le top 6 dépendra de plusieurs paramètres. Le match de ce week-end présente déjà un enjeu élevé. L’Usap ne se considérera jamais comme un club différent et affichera des ambitions démesurées. Personne ne va se laisser emporter intérieurement. Dans ce sport, quand on manque d’humilité, de pudeur, de respect, on le prend en pleine face.

Montpellier

Comment voyez-vous le MHR ?

Beaucoup de choses ont changé au club. Il y a eu ce début de saison raté. Richard (Cockerill) n’a pas réussi à s’imprégner de la culture. Cela a été difficile pour le club car il pensait pouvoir entrer dans une nouvelle dimension au lendemain du titre, même si les années post-titre sont toujours compliquées.

Nous avons l’impression d’être une équipe irrégulière.

Le Challenge a fait beaucoup de bien, redonnant confiance. Les Montpelliérains réalisent d’emblée un très bon début de championnat. Mais il y a eu cette erreur à Toulon où ils ont pris cinquante points (54-7). Ce fut un gros revers. Derrière, ils enchaînent avec une défaite à domicile. Là, ils ont du mal à s’en sortir. La confiance est au plus bas.

Une expression m’a marqué au rugby : « La confiance se gagne en grammes et se perd en kilos. » Ce qui est difficile dans ces situations, c’est de se construire un état d’esprit.

Guilhem Guirado au tacle face à Castres en finale du Top 14 en juin 2022.
Guilhem Guirado au tacle face à Castres en finale du Top 14 en juin 2022.
Midi Libre – JEAN-MICHEL MART

Pensez-vous qu’ils peuvent quitter la position de barrage ?

Il leur reste cinq matches, dont des confrontations contre des concurrents directs comme Lyon, Clermont ou Perpignan. Ce seront des matchs à double compte, chauds pour le maintien.

Compte tenu de leur position, ils ne peuvent pas se permettre de négliger une potentielle 13ème place en fin d’année, l’idée de disputer la saison en match de barrage. Pouvez-vous imaginer un Béziers-Montpellier ? Cela pourrait faire un match exceptionnel, comme Biarritz-Bayonne.

Le scénario Montpellier en Pro D2, vous l’imaginez ?

Cela me ferait mal, surtout pour tout ce qui a été créé et construit depuis la montée du club en Top 14. Parfois, une question se pose : faut-il redescendre pour recommencer, se restructurer ? Je n’y crois pas. C’est tellement important de rester au plus haut niveau. Le club a été construit pour avoir des ambitions en championnat.

Quel est votre pronostic pour ce week-end ?

Pour moi, la clé du match sera la défense montpelliéraine. Si le MHR parvient à bien contenir le jeu offensif de Perpignan et à se montrer discipliné, il peut gagner. Mais si Perpignan prend l’avantage dans le match, cela peut être très dangereux. J’attends avec impatience de voir cette opposition car elle vaut peut-être son pesant d’or.

Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.
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