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« Un mercantilisme 2.0 à l’heure de l’intelligence artificielle, qui fera beaucoup de perdants »

Les ministres de l'économie allemand Robert Habeck, français Bruno Le Maire et italien Adolfo Urso, à Meudon (Hauts-de-Seine), lundi 8 avril 2024.

J.anet Yellen a quitté le sol chinois mardi 9 avril. Pendant cinq jours, de Guangzhou à Pékin, le secrétaire au Trésor américain a tenté de convaincre la Chine de ne pas déstabiliser l’économie mondiale avec sa surcapacité industrielle, citant notamment le cas de l’acier et de l’électricité. Véhicules.. Elle n’a pas tort.

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Comme le souligne l’économiste américain Brad Setser, du Council on Foreign Relations, un groupe de réflexion new-yorkais, les seules exportations d’acier chinoises, de 100 millions de tonnes par an, sont supérieures à l’ensemble de la production américaine (80 millions de tonnes). Et la capacité de production de batteries automobiles de la Chine est quatre fois supérieure à la demande intérieure du pays.

Mais, en même temps, les États-Unis doivent reconnaître qu’ils participent eux-mêmes à cette course à la surproduction, en subventionnant massivement l’installation d’industriels sur leur territoire. Lundi 8 avril, l’équipementier électronique taïwanais TSMC a indiqué qu’il allait construire une troisième usine sur le sol américain, en échange d’une subvention de Washington de 6,6 milliards de dollars (6,1 milliards d’euros). Une somme équivalente devrait être accordée à Samsung, le rival sud-coréen de TSMC.

A côté de ce plan d’investissement considérable dans l’électronique, l’administration Biden en a lancé un autre, encore plus important, dans le sens des technologies « vertes », afin d’augmenter le nombre d’usines de batteries, de panneaux solaires ou d’hydrogène.

« Mondialisation des rivalités »

Prise en sandwich entre la ferveur des exportations chinoises et l’activisme américain, l’Europe chante à son tour les vertus de la réindustrialisation. Les ministres de l’Economie allemand, italien et français se sont réunis lundi à Paris pour élaborer une politique industrielle commune aux connotations délibérément offensives. « Le temps de la mondialisation heureuse est révolu. Cela donne lieu à une mondialisation des rivalités.»a déclaré Bruno Le Maire, lorsque son homologue italien, Adolfo Urso, a assuré que « L’économie européenne, basée sur les consommateurs »je dois maintenant « devenir une économie basée sur les producteurs ».

Et comme toutes ces productions supplémentaires, qu’elles soient européennes ou américaines, auront du mal à être compétitives face aux exportations chinoises, il faudra se résoudre à ralentir leurs déchargements par des mesures protectionnistes.

Tout cela rappelle le mercantilisme des temps anciens, lorsque les États soutenaient l’industrie et les exportations et fermaient leurs frontières. Un mercantilisme 2.0 à l’ère de l’intelligence artificielle, qui fera de nombreux perdants. À commencer par les États surendettés, qui ont pourtant bien d’autres défis urgents à relever : l’énergie, l’éducation, la santé, la défense…

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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