Nouvelles

Top 14 – Morgan Parra (entraîneur de l’attaque et du jeu au pied du Stade français) : « Je me sens Auvergnat »

Blessé la saison dernière lors du déplacement à Clermont par son nouveau club le Stade Français, celui qui est désormais entraîneur de l’attaque et du jeu au pied des Soldats Roses reviendra pour la première fois devant le public du stade Marcel-Michelin, théâtre de ses exploits pendant treize longues années. Un moment qu’il attend avec impatience…

Comment voyez-vous vos retrouvailles avec le public au stade Marcel-Michelin ?

J’aurais adoré pouvoir jouer l’année dernière… Malheureusement, cela n’a pas été possible. C’est donc la première fois que je vais vraiment revenir dans ce stade avec un autre maillot. Et pour l’anecdote, je retrouverai sur le banc des entraîneurs Christophe (Urios), qui m’a débuté à 18 ans à Bourgoin. Je suis vraiment heureux de retrouver ce stade magnifique où le public est exceptionnel. C’est pour moi l’une des plus belles enceintes du Top 14, une de celles où les supporters sont de vrais connaisseurs, de vrais passionnés.

Regrettez-vous encore de ne pas avoir pu fouler le terrain Michelin avec un maillot différent la saison dernière ?

C’était déchirant ! Jusqu’au dernier moment, j’espérais pouvoir jouer. Mais d’accord…

Quelle relation entretenez-vous avec les Clermontois ?

Je suis né à Metz, mais c’est à Clermont que j’ai grandi, que j’ai construit ma vie d’homme, ma carrière. J’y ai vécu des choses folles. Même si j’ai commencé à Bourgoin, un endroit particulier pour moi, aujourd’hui je me sens auvergnat.

Morgan Parra avec le maillot de l'ASM en 2022 lors de sa dernière saison au club.
Morgan Parra avec le maillot de l’ASM en 2022 lors de sa dernière saison au club.
Icon Sport – Romain Biard

Qu’avez-vous vécu de si fou à Clermont ?

Tout d’abord, les titres. Pour ma première saison en 2010, nous avons gagné le Brennus. C’était incroyable, même si le bouclier 2017 a une saveur beaucoup plus forte.

Pour quoi ?

En 2010, je venais d’arriver. Tout était beau, tout était facile. Je n’avais pas vécu les années difficiles du passé. Et du coup, je me suis retrouvé parmi les premiers joueurs qui ont permis à l’ASM de remporter le bouclier. J’ai cru à ce moment-là que j’allais vivre une épopée, comme Toulon a pu vivre, comme le Stade toulousain a aussi l’habitude de vivre. J’étais alors convaincu qu’on allait enchaîner les succès, que notre génération de joueurs allait devenir dominante. Cependant, pendant sept ans, nous avons lutté. Nous avons eu une série de déceptions avec des finales de Coupe d’Europe perdues, des demi-finales et des finales de Top 14 toujours perdues. L’année 2015 a été particulièrement difficile avec une double défaite en finale de Coupe d’Europe et de championnat. C’est pour cela que je dis souvent que le titre 2017 est bien plus fort pour moi. C’est le fruit de nombreuses interrogations et de moments difficiles vécus ensemble.

Durant ces sept saisons sans titre, n’avez-vous pas encore vécu des émotions fortes ?

J’ai la tête pleine de souvenirs du match de Coupe d’Europe avec le stade Marcel-Michelin plein à craquer derrière nous. C’était exceptionnel. J’ai encore des frissons rien qu’en parlant de ces matchs.

Votre plus grand regret est-il de ne pas avoir réussi à remporter la Coupe d’Europe avec l’ASM ?

Oui… Je vais vous confier un secret : la finale perdue de la Coupe du monde en 2011 a été longue à digérer. Mais les défaites en finale de la Coupe d’Europe m’ont peut-être fait encore plus mal. La défaite en 2013 contre Toulon me reste encore en travers de la gorge. L’arbitrage d’Alain Rolland ne nous a pas aidé sur le moment, mais bon… C’est comme ça.

Quels liens entretenez-vous avec les joueurs de votre période clermontoise ?

Les souvenirs sont inoubliables. Nous avons tellement partagé que nous prenons beaucoup de plaisir à nous revoir. Désormais, la vie signifie que chacun a ses activités. Certains sont allés à gauche, d’autres à droite.

Mais n’avez-vous pas gardé des liens particuliers ?

Quand j’étais joueur, j’aimais partager du temps avec les gars autour d’un barbecue et d’un bon verre de vin. Cependant, nous n’étions pas nécessairement tous amis. Personnellement, j’ai besoin d’être en contact permanent pour vraiment créer du lien. Et aujourd’hui, j’ai évidemment entretenu des amitiés avec Camille Lopez, Alexandre Lapandry, Julien Bonnaire, Julien Pierre ou encore Benjamin Kayser. Mais je n’ai pas de répertoire extensible. En fait, pour être honnête, lorsque j’étais joueur, j’avais besoin de m’éloigner du monde du rugby, de voir ce qui se passait ailleurs, de me changer les idées. Alors peut-être que je me suis un peu isolé. Mais je prends toujours un grand plaisir à revoir les gars avec qui j’ai joué.

Quel joueur vous a le plus marqué lors de votre passage à l’ASM ?

Sans hésitation, Aurélien Rougerie. Je me souviens avoir été marqué par une certaine froideur au début et une énorme force de caractère. C’était un gars dur. Je le vois encore avant la Coupe du Monde se battre comme un fou pour se remettre d’une grave blessure. Il voulait le faire lors de cette Coupe du Monde et il l’a fait même si sa cheville avait été détruite quelques mois plus tôt. Et je vous invite à revoir ses performances pendant la compétition. Il était incroyable. Et même mentalement. C’est un bon gars. A Clermont, il connaît défaites et défaites. On le qualifiait de « perdant ». Mais quelle bêtise quand j’y pense ! Ce type revenait toujours avec une force de caractère remarquable. Pour moi, il représente vraiment cette culture clermontoise.

Aurélien Rougerie et Morgan Parra peuvent célébrer le premier Brennus de l'ASM après 10 finales perdues.
Aurélien Rougerie et Morgan Parra peuvent célébrer le premier Brennus de l’ASM après 10 finales perdues.
Romain Perrocheau / Icon Sport

Vous revenez régulièrement à Clermont ?

De temps en temps j’y vais. Il y a peu, j’ai demandé à Christophe (Urios) si je pouvais venir prendre un café au stade avec les gars.

Et alors ?

Pas de problème, il m’a même invité à venir le voir dans ce bureau. Nous avons eu beaucoup de discussions sur l’ASM. C’est quelqu’un pour qui j’ai beaucoup de respect. Premièrement, il a cru en moi. Il m’a lancé et m’a donné beaucoup de confiance.

Avez-vous le sentiment d’être chez vous lorsque vous êtes au Stade Marcel-Michelin ?

C’est un peu présomptueux, mais oui. C’est un endroit que j’aime et où je me sens bien.

Il m’arrive encore parfois de bouillir intérieurement, de m’énerver quand un joueur ne comprend pas ce que je lui dis ou ce que je lui demande

Or, il semblerait que quelques mois seulement après votre arrivée, vous ayez demandé à Vern Cotter, alors manager, d’être muté. Vrai ou faux ?

(Il se met à rire) C’est vrai, je voulais retourner à Bourgoin.

Pour quoi ?

Tout d’abord, heureusement qu’il ne m’a pas écouté (rires). Quoi qu’il en soit, j’étais sous contrat. Mais j’avais en fait demandé à être libéré parce que ça ne se passait pas comme je le souhaitais. Je voulais juste jouer. Cependant, Vern n’arrêtait pas de me demander de travailler encore plus dur, me disant que je devais être patient, que je devais me développer physiquement. Maintenant, après la préparation de l’été, j’avais totalement terminé. Pendant les trois premiers mois, je n’étais pas là. En plus, je voulais faire de Pierre Mignoni, un joueur extraordinaire qui avait beaucoup apporté à l’ASM. Je voulais vraiment être comme lui. Mais j’étais sur la mauvaise voie. Je me souviens d’un match de Coupe d’Europe contre les Ospreys où Vern ne m’avait pas fait entrer. Je devenais fou dans ma tête. Mais je me suis endurci.

Maintenant que vous êtes coach, êtes-vous devenu plus patient ?

Je n’ai pas le choix (rires). Cependant, ce n’est pas ma qualité première, mais j’apprends. Il m’arrive encore parfois de bouillonner intérieurement, de m’énerver lorsqu’un joueur ne comprend pas ce que je lui dis ou ce que je lui demande. Récemment, j’ai eu une discussion très intéressante avec Laurent (Labit). Il m’a dit : « s’entraîner, c’est répéter mille fois les mêmes choses. » Franchement, je n’avais pas perçu cet aspect de la fonction.

Quel regard portez-vous sur la situation sportive de l’ASM ?

Ça me dérange de ne plus voir Clermont en haut de l’affiche. Pour moi, le classement de l’ASM aujourd’hui n’est pas normal. Le club mérite mieux. Mais c’est un club aujourd’hui en reconstruction. Et les gens doivent être patients.

2017, année du dernier titre de champion de France de l'ASM après une victoire en finale contre Toulon.
2017, année du dernier titre de champion de France de l’ASM après une victoire en finale contre Toulon.
Dave Winter / Icône Sport – Dave Winter

Justement, si le Stade Français s’impose samedi à Clermont, votre ancien club pourrait se retrouver bloqué…

Je l’ai bien vu et cela m’attriste. Mais, je suis un compétiteur et j’espère que le Stade Français gagnera samedi soir. Je me souviens de la première fois que je suis revenu jouer à Bourgoin avec le maillot de l’ASM. J’avais tous mes amis de l’autre côté de la rue qui jouaient au rythme. C’était difficile. À un moment du match, je me suis retrouvé à tenter une transformation pour avancer au score. Et là, Yann Labrit (ancien 3e ligne) passe à côté de moi et me dit : « Sois gentil, mets-la de côté s’il te plaît ». A ce moment-là, si je réussissais la transformation, Bourgoin perdrait le point de bonus défensif. Dans ma tête, c’était à la fois confus et clair. Je jouais à l’ASM, il fallait que je marque.

Et alors ?

J’ai vécu la transformation. Heureusement, en suivant, nous l’avions remarqué en test, ce qui me laissait moins de scrupules. Néanmoins, je suis rentré aux vestiaires en larmes.

Si l’ASM devait jouer le barrage de retenue, je ne l’imagine pas perdre

Alors vous voyagez avec le Stade Français pour gagner ?

C’est la meilleure façon de respecter notre adversaire. Maintenant, je sais que nous serons bien reçus. On sait aussi que potentiellement, en fonction des résultats des matchs de Montpellier et de Lyon qui se joueront dans l’après-midi, l’ASM pourrait potentiellement faire barrière au coup d’envoi de 21h00.

Imaginiez-vous un jour votre ancien club se retrouver dans une telle situation ?

Jamais. Quoi qu’il en soit, même si l’ASM jouait le barrage de maintien, je ne l’imagine pas perdre. C’est impossible. Cette équipe est dense physiquement. C’est celui qui nous a posé presque le plus de problèmes cette saison. Face à l’ASM, nous n’avons jamais réussi à bien garder le ballon ni à monter une attaque.

Comment gérez-vous les critiques sur le manque d’efficacité de votre attaque ?

Ce sont les statistiques qui le disent ! C’est tellement inutile, à une ou deux reprises il faudra le faire contre Lyon, pareil contre Pau…

Mais pourquoi ne parvenez-vous pas à marquer plus ?

Le manque de précision et parfois les mauvais choix sont ce qui nous joue des tours. Mais je ne suis pas inquiet. Les joueurs doivent avoir confiance en eux, ils ont le potentiel pour terminer les actions. Ce dernier match contre Bayonne devrait nous rassurer. Nous avons marqué quatre essais, dont trois en déplaçant le ballon. Les joueurs savent y faire, il faut qu’ils lâchent prise.

Cammile Bussière

One of the most important things for me as a press writer is the technical news that changes our world day by day, so I write in this area of technology across many sites and I am.
Bouton retour en haut de la page