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Les nids de ces oiseaux, construits à partir de leur propre salive, se vendent 3.250 euros en Chine

La plupart des oiseaux utilisent des brindilles pour construire leurs nids. Mais les salanganes, une espèce d’oiseau que l’on trouve uniquement en Asie de l’Est et du Sud-Est, ne sont pas comme les autres. Ces oiseaux au plumage brun, dont la forme générale rappelle celle des hirondelles, abritent leur progéniture dans des nids constitués de leur propre salive solidifiée. Ces nids exceptionnels sont fibreux, de couleur blanche ou crème et ressemblent un peu à des chips de crabe.

Ce qui n’est qu’une caractéristique intéressante d’un point de vue biologique représente une part importante de l’économie de la Malaisie et de l’Indonésie. Chaque année, les nids de salanganes rapportent 400 millions de dollars à chacun des deux pays : ils sont considérés comme un mets délicat en Chine, leur principal (ou plutôt unique) pays consommateur, où ils se vendent 3 250 euros le kilo. Traditionnellement, on en fait une soupe, mais on peut même désormais trouver du bubble tea « nid d’oiseau » dans les supermarchés et les stations-service chinois.

Personne ne connaît vraiment l’origine de cette tradition vieille de plusieurs siècles. Pourtant, de nombreux Chinois ne jurent que par les effets bénéfiques de son ingestion, notamment pour les personnes âgées et les femmes enceintes, mais aussi pour avoir une belle peau. Les nids sont très populaires, notamment pendant le Nouvel An chinois.

Selon une légende douteuse qui relève plutôt d’un coup publicitaire, le célèbre amiral chinois Zheng He et ses troupes se seraient échoués un jour sur une île d’Asie du Sud-Est où il n’y avait rien d’autre à manger que des nids de salanganes. Par nécessité, les soldats en faisaient une soupe. Le lendemain matin, ils furent surpris de constater qu’ils étaient particulièrement forts et qu’ils avaient une peau délicieusement rose.

Les résidents de Bornéo gagnent de l’argent avec les « hôtels » de Swiftlet

Sur la côte nord-ouest de l’île de Bornéo, qui appartient en partie à l’Indonésie et en partie à la Malaisie, se trouvent des centaines de bâtiments en béton gris. Ce qui à première vue ressemble à des prisons est en réalité de luxueuses volières pour salanganes, dotées de toutes les commodités : elles sont propres, sombres, bien aérées et même équipées de piscines. Des haut-parleurs diffusent des cris d’accouplement pour rendre les maisons particulièrement accueillantes pour la nidification.

Des journalistes du New York Times ont rencontré le propriétaire d’un de ces « hôtels de luxe » pour oiseaux dans le village de Perapakan, en Indonésie. Il veille à ne récolter les nids que lorsque les poussins ont pris leur envol et à toujours veiller à ce que ni les adultes ni les jeunes salanganes ne soient blessés. Mais selon lui, il arrive souvent que des cambrioleurs s’introduisent dans sa volière pour voler des nids, tuant au passage les poussins. Cela s’est déjà produit une vingtaine de fois depuis la construction de sa maison, raconte-t-il.

Aujourd’hui, selon un autre agriculteur, les « récoltes » de nids sont de pire en pire. On pourrait penser que c’est parce que trop de gens ont construit des volières, parfois même dans les étages supérieurs de leur maison. Mais en réalité, selon cet homme, le réchauffement climatique et le défrichement de la forêt tropicale sont responsables du déclin de la population de salanganes : ils détruisent l’écosystème qui produit les insectes dont ils se nourrissent.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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