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Stellantis rétropédale un peu facilement sur l’électrique

Il est toujours plus simple de dire que les clients ne veulent pas de voiture électrique, plutôt que de remettre en question la stratégie du groupe. Choisir la facilité est-il vraiment la meilleure solution pour Stellantis ? C’est le sujet choisi pour l’éditorial de la newsletter Watt Else du 28 mars.

Loin de moi l’idée de critiquer Stellantis pour son approche très pragmatique du marché. Malheureusement, cela se fait encore au détriment des voitures électriques. Ceux qui suivent de près les déclarations souvent contrastées de Carlos Tavares, le patron du groupe franco-italo-américain, ne seront pas surpris. L’homme a toujours exprimé un certain désenchantement à l’égard des voitures électriques et cela se reflète dans la stratégie des différentes marques. Toutefois, le discours a quelque peu évolué au cours des deux dernières années. Il fallait rassurer les investisseurs sur le fait que les 14 marques (de Peugeot à RAM) entreraient dans la course sans trop tergiverser.

Stellantis s’est néanmoins toujours concentré sur le principe des plateformes multi-énergies, même pour de nouvelles plateformes censées être orientées vers l’électricité. Ainsi, les marques assurent une voie de sortie permanente vers le thermique/hybride, en cas de panne d’une version électrique. La prise de risque est réduite au minimum, la banque gagne systématiquement, comme au casino. Cette solution présente cependant un inconvénient : les marques du groupe ne semblent plus jamais se remettre en question.

Le redressement italien : le cas Fiat 500e

Depuis les premières annonces de la « nouvelle 500 » (en plein covid), Fiat a toujours affirmé que ce modèle reposerait sur une plateforme conçue pour l’électrique et qu’il ne serait pas équipé de moteur thermique. C’était écrit noir sur blanc sur les documents dès 2020, avant même la fusion entre les deux groupes pour former Stellantis.

nouvelle Fiat 500e // Source : Raphaelle Baut pour Numeramanouvelle Fiat 500e // Source : Raphaelle Baut pour Numerama
nouvelle Fiat 500e // Source : Raphaelle Baut pour Numerama

Il y aurait eu des discussions autour de cette possibilité, selon le site Italpassion, mais le projet aurait été écarté avant le lancement. Eh bien, jusqu’à la semaine dernière, lorsque les fournisseurs du modèle ont reçu une étrange lettre demandant des révisions de volume et de prix pour une version thermique du 500e. Stellantis confirme ainsi qu’il ne faut « jamais dire jamais ». Cependant, cette incohérence pourrait commencer à nuire à l’image du groupe.

Quiconque veut noyer son chien l’accuse de rage

Après tout, ce n’est pas la première fois qu’une des marques revient sur ses annonces. Même si le message a été martelé avec conviction (« le modèle ne sera disponible qu’en électrique en France ), il suffit d’attendre quelques mois pour entendre une autre histoire. La Jeep Avenger en est l’exemple parfait. La version thermique ne devait être disponible que sur les marchés où l’électrique est en difficulté, comme l’Italie. Mais Jeep a fini par reculer en France, en moins de 6 mois, face à la montée du terrain.

Jeep Avenger // Source : Raphaelle Baut pour NumeramaJeep Avenger // Source : Raphaelle Baut pour Numerama
Jeep Avenger // Source : Raphaelle Baut pour Numerama

Evidemment, entre une Jeep Avenger électrique à plus de 38 000 € et la version thermique à moins de 25 000 €, il est facile de deviner laquelle se vend le plus facilement. Pour ne pas perdre la face, comptez sur Stellantis pour affirmer que les ventes d’électriques ne sont pas au rendez-vous. C’est aussi l’argument utilisé pour la Fiat 500.

Stellantis n’admettra jamais que payer 13 000 € de plus pour une batterie de 51 kWh est certainement exagéré. Les voitures électriques du groupe ne sont pas bon marché, et le seront encore moins dans les mois à venir. Mais ce sujet est quelque peu tabou.

Répéter sur d’autres marques et modèles

Cette situation se répétera avec la Lancia Ypsilon et avec de nombreux autres modèles prévus, comme pour les monospaces du groupe. Maintenant que les clients ont compris l’astuce, il ne leur reste plus qu’à attendre que la marque fasse marche arrière.

Lancement de la Lancia Ypsilon avec Luca Napolitano // Source : LanciaLancement de la Lancia Ypsilon avec Luca Napolitano // Source : Lancia
Lancement de la Lancia Ypsilon avec Luca Napolitano // Source : Lancia

Ce sont même les stratégies à plus long terme qui commencent à refléter ce changement de direction. Opel devait être l’une des premières marques du groupe, avec Lancia, à atteindre le 100 % électrique d’ici quelques années. Ce n’est plus vraiment à l’ordre du jour.

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Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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