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Rugby – Derby Carcassonne-Narbonne en Nationale : « La conquête sera la clé du match à Domec », confie Christian Labit

Présent samedi soir au Parc des Sports de Narbonne, Christian Labit, l’ancien entraîneur de Narbonne (2016-2017) et surtout de Carcassonne (2007-2013 et 2017-2023), débriefe pour L’Indépendant le match retour remporté par le Racing (14- 10) et présente les enjeux du match aller à rejouer, vendredi (19h30) à l’Albert-Domec. Pas de langue, comme d’habitude.

Au lendemain de la grosse défaite de Montpellier face à l’Ulster en Challenge Cup (17-40), Christian Labit ne semblait pas avoir connu de mauvais jours. Bien sûr, la défaite du MHR le bouleverse, même s’il avoue dans la discussion que « l’objectif est de se rendre à Pau, en Top 14 (20 avril, NDLR). Dans ce match contre l’Ulster, on a fait une belle première mi-temps, on a mené 17 à 7 avec des gamins, un joueur clé qui n’avait pas joué un match de l’année. En seconde période, Willemse (Paul, deuxième ligne) retombe dans ses erreurs, on s’en retrouve une de moins, puis on reprend une carte pour bêtise. Bref, en un quart d’heure, on se retrouve à midi, et là, face à ce genre d’équipe, et bien tu craques mentalement. » » confie-t-il, avant de passer à la Nationale et à une Classic’Aude qu’il maîtrise comme sa poche.

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Christian, il y avait 8 000 personnes samedi à Narbonne pour le derby contre Carcassonne. On n’avait pas connu une telle ambiance depuis certains derbies contre Béziers, l’USAP…

C’est énorme, oui. Mais c’est grâce, je pense, au renouveau impulsé par le président du Racing, Xavier Marco. Je ne crois pas au hasard. Depuis le début de l’année, il y a eu en moyenne entre 4 000 et 5 000 personnes dans le stade. La force de Xavier Marco, c’est qu’il donne de l’enthousiasme et de la vivacité. Cela donne envie aux gens de venir, de communier. C’est ce que les gens attendaient depuis longtemps. Il fallait qu’il y ait cette communion autour du club. Il est ami avec tout le monde, il souhaite que toutes les instances politiques tirent dans la même direction. Pour entendre certains dire, Xavier Marco a été mis ici par dépit. Ce n’est pas du tout le cas. Il sait jouer ce rôle et il le joue bien. Il apporte autre chose que ce qui s’est passé dans le passé et c’est tout à son honneur. Puis derrière Xavier Marco, il y a tous ces hommes qui l’entourent, comme Gérard Bertrand. C’est un sport d’équipe et l’équipe travaille ensemble selon la même philosophie. C’est dans ce sens qu’on arrive à drainer quelque chose de fort. Aujourd’hui, je reviens au stade avec envie. Puis c’est le premier qui m’a invité, ça faisait longtemps que je n’avais pas été invité au stade (des rires)

Cet engouement peut-il aider le Racing à monter en Pro D2 ?

Oui, mais ce ne sera pas suffisant. Ce n’est pas parce qu’il y a 8 000 personnes au stade – 4 000 en moyenne – que Narbonne montera en Pro D2. Mais ça peut aider, c’est sûr.

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On arrive au Classic’Aude, on imagine que cette fin de match grotesque où Martín Landajo s’est débarrassé du ballon a retenu votre attention…

(Des rires). Franchement, j’étais content de ne pas être son manager… Je ne suis pas dans les petits journaux mais, ce que je sais quand on est international argentin avec 84 sélections, c’est qu’à cette période du match il y a quatre points plus importants gagner. Donc je ne sais pas pourquoi il a fait ça. C’était peut-être le moment ou jamais pour Carcassonne de gagner à Narbonne. Paradoxalement, je ne suis pas convaincu que Carcassonne aurait pu marquer tant ils étaient impuissants. Un point bonus, finalement, ce n’est pas une si mauvaise affaire pour l’USC, sachant qu’il y a un match retour (le match aller à rejouer, NDLR) qu’ils peuvent gagner. Ce n’est pas si stupide. Carcassonne peut gagner à Hyères lors de la dernière journée. En revanche, je crains que Narbonne ait plus de difficultés à Suresnes.

Le point fort de Narbonne, c’est le jeu à l’extérieur, pas forcément la conquête, même si ça tient le coup.

Narbonne a gagné samedi 14 à 10, mais Narbonne a souffert, notamment en conquête. Qu’as-tu pensé ?

C’est récurrent. Le point fort de Narbonne, c’est le jeu à l’extérieur, pas forcément la conquête, même si elle tient le coup. On se rend compte, paradoxalement, qu’elle souffre dans la conquête mais qu’elle gagne quand même. S’ils jouent une phase finale contre Albi, il faudra être plus efficace. Pour passer le cap, il faut une conquête, il n’y a pas de secret. Si on n’a pas un grand cinq devant, un cinq qui domine et qui conquiert, c’est compliqué, surtout en touche pour le jeu que veut proposer Narbonne. Les Carcassonnais ont su les priver de ballons. Il y a la mêlée mais la conquête en touche, ce sont de vrais lancements. Pour une équipe qui aime le jeu comme le Racing, ne pas avoir ces ballons est difficile. Il va falloir trouver des solutions, c’est sûr.

Carcassonne a failli ne pas trouver la faille offensivement. De quoi est-ce que cela vient ?

D’emblée, avec cette attaque en première main avec l’essai de Clément Egiziano, on peut penser que l’USC arrive avec des intentions. C’était vrai, ils ont déplacé le ballon mais je pensais que c’était assez stérile. Il leur manque des choses pour être plus pénétrants au centre du terrain, même si Jordan (Puletua) J’essaye d’avoir ce rôle, mais ce n’est plus le Jordan qu’on a connu… Avec Carcassonne, c’était déjà notre problème l’année dernière en Pro D2. Nous étions la 9ème défense, la 5ème mêlée, la 6ème touche et nous étions la pire attaque… L’attaque dépend des joueurs qu’on a et quand on les manque à des postes clés, c’est difficile. Oui, la défense narbonnaise a travaillé mais c’est plus facile quand on fait face à une attaque qui n’est pas la meilleure.

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Des joueurs vous ont-ils agréablement surpris ?

J’ai trouvé que c’était assez collectif des deux côtés. Raphaël Carbou était très présent avec Dédé Ursache que je trouvais dur et fort. Quand Clément Estériola est parti, on a vu que Dédé avait de la solidité, de la qualité…

Quelle est la clé du match aller à rejouer vendredi soir au Domec ?

Les Narbonnais doivent se préparer à la conquête. Je pense que l’USC va tenter de saper la conquête du Racing. Est-ce que cela suffira ? Samedi, cela n’a pas suffi mais s’il est un moment qui correspond davantage à un jeu de conquête, attention, Carcassonne est capable de mettre à mal Narbonne surtout dans la lutte qui s’annonce, la conquête directe.

Le vainqueur fera, je pense, un grand pas vers la qualification aux deux-trois premières places.

Samedi, ça a frappé fort, il y avait de l’intensité. La fraîcheur physique entrera forcément en jeu, d’autant que les deux équipes se retrouvent six jours plus tard…

Il y avait un bon niveau, oui, et ça va être dur car il y aura moins de récupération. Après, ce sont des joueurs professionnels. Franchement, dans l’année, il y a cinq-six matches difficiles. Mais c’est vrai que quand on joue un match en retard, ou reporté, pendant les périodes de vacances, ce n’est pas évident. Les vacances sont faites pour récupérer, pas pour répéter un match, qui risque de marquer les organisations. Nous l’avons vu. Certains joueurs ne s’en sont pas très bien sortis, je pense à Charles Malet, Ambrose Curtis. Nous ne devons pas perdre les autres. C’est la période pendant laquelle vous jouez votre saison. Jusqu’en décembre, c’est un championnat assez facile quand on est une équipe ambitieuse. Après, il faut de l’effectif, de la qualité, de la fraîcheur et ce match supplémentaire ne va pas apporter de fraîcheur. Il faudra le gérer et bien le préparer. Le vainqueur fera, je pense, un grand pas vers la qualification aux deux-trois premières places.

C’est donc un match, à ce moment de la saison, qui a une grande importance…

Cela peut être très bon pour une équipe, fatal pour l’autre. Il faut bien le négocier, bien le maîtriser, il ne faut pas se tromper. Tous les choix que vous ferez, humains, tactiques ou techniques, seront déterminants pour la suite de la saison, surtout dans cette période où vous n’avez plus le temps de tergiverser.

Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.
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