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Pro D2 – Julien Tastet (Stade montois) : « Avec des moyens limités, tu ne peux pas te tromper »

Alors que son aventure à Mont-de-Marsan se terminera dans quelques semaines, l’entraîneur des attaquants jaune et noir, Julien Tastet, attend avec impatience le derby face à Dax vendredi et pose un regard éclairé sur l’évolution du rugby landais.

Vous préparez-vous à vivre, vendredi, le derby landais le plus palpitant de ces dix dernières années ?
Le plus excitant s’est produit lorsque nous avons accueilli Dax en demi-finale, lors de la saison 2011-2012 (24-20, NDLR). Cela avait une saveur encore plus particulière, car cela nous donnait le droit d’aller en finale à Bordeaux. Celui de vendredi est donc sûrement le deuxième plus excitant, celui avec le plus d’enjeux, de par les classements respectifs, mais aussi par le nombre de personnes qui y seront. On s’attend presque à un stade complet, il y aura un peu plus de 12 000 personnes. Ce sera un grand événement.

L’abordez-vous comme un derby ou comme un match décisif pour la qualification ?
Je le vois comme un grand match de phase finale, avec tout ce que ça comporte. Il y aura plus de monde que d’habitude, une pression différente, de nombreux enjeux et aussi beaucoup d’excitation avec beaucoup d’enthousiasme.

A moins de croiser à nouveau la route de Dax en phase finale, vous vivrez ce week-end votre dernier derby landais. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Cela me donne beaucoup de souvenirs. Ce sont des matchs que j’ai toujours aimé jouer. Je me souviens toujours du seul derby que je n’ai pas dû jouer sur choix sportif. Je l’avais dans la gorge depuis longtemps. Ce sont de beaux matchs à jouer. Il y a plus d’enthousiasme que d’habitude, plus de monde au stade, ce sont de beaux souvenirs et ce sont des moments de convivialité, de partage, de fête. C’est ce qu’on aime aussi dans le Sud-Ouest. Ces matchs reflètent notre mode de vie. Les gens arriveront à midi, prendront plaisir à se retrouver, c’est comme les fêtes de Dax ou de la Madeleine. C’est ce qui va me manquer.

Autrefois en déclin, le rugby landais a retrouvé cette année de sa superbe. Comment voyez-vous cela ?
Je trouve que le rugby landais est en forme. En Top 14, il y a beaucoup de joueurs de notre département. Cela doit être une grande fierté. Outre Mont-de-Marsan et Dax, d’autres clubs se portent bien. Peyrehorade évolue en Fédérale 1, Tyrosse est toujours là. Rion a réussi à disputer certains matches face aux grosses équipes de la Fédérale 1. Nombreux sont les clubs, aux moyens limités, qui parviennent encore à performer dans leur division. Ils arrivent surtout à s’entraîner et ont toujours cette envie de jouer, de faire vivre le ballon. Je crois que c’est l’ADN de ce département. Nous sommes très enclins au jeu, au mouvement des hommes, du ballon. C’est quelque chose qu’il faut garder. En plus d’être beau à regarder, je pense que les joueurs et les jeunes apprécient ce jeu. Le rugby landais est en bonne santé. Si Dax et Mont-de-Marsan parviennent à figurer en tête de l’affiche en Pro D2, c’est aussi grâce au travail réalisé dans ces clubs dont on parle rarement.

Faut-il insister sur cette philosophie du jeu landais, ou est-elle désormais ancrée ?
Je pense que nous devons continuer à en parler. Nous essayons d’évoquer ce jeu de mouvement, de déséquilibre, qui était cher à « Prime« , lorsque nous intervenons dans les clubs partenaires. Aujourd’hui, quand on regarde l’équipe championne du monde, c’est un jeu fait de confrontation, d’engagement, d’intensité, de grands joueurs. Ce n’est pas le jeu prôné dans les écoles de rugby landais. Le jeune qui regarde ce rugby à la télé peut, très vite, vouloir rester dans ce jeu d’affrontement. Ce n’est pas ce que nous voulons transmettre.

Avec des budgets modestes, Dax et le Stade Monois sont en mesure de se produire cette année. Quel est le secret ?
Tout d’abord, il y a pas mal de joueurs issus de notre formation dans les deux équipes. Ensuite, il y a un recrutement astucieux de la part des deux staffs. Chaque année, on libère des joueurs peu connus, même si quelques années plus tard, ils montent en Top 14. Les Dacquois ont aussi recruté « astucieusement » avec leur ailier et troisième ligne fidjiens (Naseara et Nacika, NDLR). Avec des ressources limitées, la force des deux équipes est qu’il est impossible de se tromper. Vous prenez encore plus de temps pour regarder les joueurs que vous recrutez, pour constituer votre groupe, tant sur la qualité rugbystique des joueurs que des hommes. Il s’agit d’un travail plus approfondi.

Que manque-t-il au département pour retrouver le Top 14 ?
(Il rit) Je pense que, malheureusement, le bassin économique est limité par rapport aux budgets du Top 14, pour pouvoir rivaliser. Montez, tous les clubs peuvent y arriver un jour. Après, monter pour descendre n’est pas le but. Si demain, la volonté des institutionnels, des grands entrepreneurs et des directions des deux clubs est d’installer un club landais en Top 14, à terme, on reparlera d’une fusion ou d’un club landais.

Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.
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