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pourquoi la filiale immobilière d’Auchan vend en toute discrétion des centres commerciaux qu’elle exploitait dans le pays

La filiale immobilière de la société française a vendu plusieurs centres commerciaux pour un montant inconnu. L’acquéreur est une mystérieuse société russe créée il y a quelques mois.

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Un magasin Auchan à Moscou, Russie, le 15 avril 2021. (ALEXANDRA SHMELEVA / MOMENT UNRELEASED RF)

Auchan, Leroy Merlin… Ces marques françaises ont décidé de rester en Russie lorsque la plupart des grandes entreprises occidentales ont décidé de quitter le pays, après l’invasion de l’Ukraine. Les deux sociétés de la galaxie Mulliez restent bien implantées en Russie. Auchan a été largement critiqué pour ce choix, notamment par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Mais on apprenait récemment que Nhood, la filiale immobilière d’Auchan, avait vendu les centres commerciaux qu’elle exploitait dans le pays. Cette vente surprise annonce peut-être une volonté de désengagement ou en tout cas de limiter la casse dans un marché devenu très risqué.

Cette affaire est incroyablement opaque. Côté français et côté russe, ils rivalisent pour savoir qui en dit le moins. La presse russe affirme que la filiale immobilière d’Auchan a vendu 40 centres commerciaux, mais le siège de Nhood en France n’en parle que de 19.

Le repreneur est une mystérieuse société russe, créée il y a quelques mois et dirigée par un jeune avocat de 23 ans que personne ne connaît et qui a toutes les allures d’un prête-nom. Cette société semble avoir les moyens financiers importants puisqu’elle s’est positionnée pour l’acquisition d’autres centres commerciaux en Russie. Le montant de la transaction est inconnu, mais il ne s’agit certainement pas d’une bonne affaire pour le groupe français. Le gouvernement russe impose une réduction d’au moins 50 % aux entreprises occidentales qui souhaitent quitter le pays. C’est une sorte de taxe de sortie.

Un bénéfice divisé par dix

Et la négociation se déroule sous la menace d’une saisie pure et simple des biens par l’État. C’est ce qui est arrivé à Danone, qui a vu ses usines placées sous gestion temporaire, avant de pouvoir trouver un accord avec un repreneur pour un montant également inconnu.

Cela ne signifie pas pour autant qu’Auchan fermera ses magasins en Russie, a immédiatement précisé l’entreprise particulièrement surveillée par les autorités russes. Car il y a un enjeu de société : la marque emploie 30 000 salariés. L’enseigne a déclaré qu’elle n’entendait pas fermer ses 230 magasins russes, même si son activité est nettement moins florissante : chiffre d’affaires en baisse de 5% en 2023, bénéfice divisé par dix. D’où peut-être cette volonté de céder ce qui peut encore être, les murs, même à prix cassé.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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