Nouvelles locales

En Haïti, les autorités de transition ont été officiellement créées

Des policiers lors d'une opération anti-gang près du Palais National à Port-au-Prince, le 8 avril 2024.

Un mois après la démission du Premier ministre haïtien Ariel Henry et des semaines de négociations difficiles, le Conseil présidentiel de transition a officiellement vu le jour vendredi 12 avril. La formation de cet organe a été officialisée par un décret signé par M. Henry, publié au journal officiel, Le moniteur.

Le Conseil est composé de sept membres votants, représentant les principales forces politiques d’Haïti et le secteur privé. Le décret nomme les partis politiques choisis mais ne mentionne pas nommément les personnes qui doivent en faire partie. Deux observateurs sans droit de vote représenteront également la voix de la société civile, l’un, et de la communauté religieuse, l’autre.

Ces nouvelles autorités visent à rétablir l’ordre public et la stabilité dans ce pays en proie à la violence des gangs. Les membres du Conseil doivent nommer  » rapidement «  un premier ministre ainsi qu’un gouvernement « compris »selon le texte. « Le mandat du Conseil présidentiel de transition prend fin, au plus tard, le 7 février 2026 »ajoute le document.

Le Conseil n’est pas encore formellement au pouvoir et Ariel Henry « présentera la démission de son gouvernement suite à la nomination d’un nouveau premier ministre »c’est précisé.

La Communauté des Caraïbes (Caricom), qui a parrainé les discussions en vue de la formation du conseil, a salué sa création formelle qui laisse « entrevoir la possibilité d’un nouveau départ pour Haïti »tout en reconnaissant que le pays devait encore faire face à des défis « défis majeurs ».

Les États-Unis, par la voix d’un porte-parole du Département d’État, ont évoqué pour leur part un « une étape positive vers le rétablissement de la sécurité, pour ouvrir la voie à des élections libres et transparentes et vers le rétablissement de la démocratie et d’une gouvernance inclusive ».

Des semaines de négociations complexes

Pour Gédéon Jean, directeur du Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH), une ONG haïtienne, la création de l’organisme est « une étape importante ». « Toutefois, cette étape n’est pas une fin en soia-t-il déclaré à l’Agence France-Presse. Il faudra créer des conditions sécuritaires pour que le conseil puisse travailler mais surtout protéger la population, première priorité. » « Sans le rétablissement de la sécurité, les membres du conseil ne pourront pas exercer leurs responsabilités »il a insisté.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés En Haïti, la montée des gangs leur permet de revendiquer le pouvoir

Haïti, un pays pauvre des Caraïbes, souffre d’une instabilité politique chronique depuis des décennies. Fin février, les gangs, dont la violence ravageait déjà des pans entiers du territoire, ont lancé des attaques coordonnées contre des sites stratégiques, affirmant vouloir renverser Ariel Henry. Ce dernier, nommé quelques jours avant l’assassinat en 2021 du président Jovenel Moïse, a été fortement contesté. Il n’a pas pu retourner dans son pays après un voyage au Kenya.

L’application mondiale

Le matin du monde

Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer

Téléchargez l’application

Le 11 mars, le jour même d’une rencontre entre les Haïtiens et plusieurs organisations et pays comme les États-Unis, il annonce sa démission pour laisser la place à un conseil présidentiel de transition.

Il aura fallu plusieurs semaines de négociations complexes, marquées par des revirements, pour que ce conseil voie le jour. En cause, des désaccords entre les partis politiques et d’autres parties prenantes mais aussi avec le gouvernement sortant, sans parler des doutes sur la légalité même d’un tel organisme.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Haïti : « La France doit cesser de croire que la mémoire des violences coloniales peut être effacée »

Pas d’élections depuis 2016

Le Ministère haïtien de la Culture et de la Communication a appelé « les personnalités désignées par les parties prenantes pour faire partie » du Conseil Présidentiel de Transition de soumettre aux autorités les documents requis pour approbation.

Sont exclues du nouveau conseil les personnes accusées ou condamnées par les tribunaux, sous les sanctions de l’ONU, qui envisagent de se présenter aux prochaines élections en Haïti et/ou qui s’opposent à la résolution de l’ONU sur le déploiement d’une mission multinationale. soutien à la sécurité.

Sans président ni parlement, Haïti n’a pas eu d’élections depuis 2016. La capitale est à 80% aux mains de bandes criminelles, accusées de nombreuses exactions, notamment des meurtres, des viols, des pillages et des enlèvements contre rançon.

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a annoncé vendredi que près de 100 000 personnes avaient fui la zone métropolitaine de Port-au-Prince en un mois pour se mettre à l’abri des attaques croissantes des gangs.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés En Haïti, la transition politique s’annonce laborieuse, l’ONU dénonce une situation « cataclysmique »

Le Monde avec l’AFP

Réutiliser ce contenu

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
Bouton retour en haut de la page