Laurent Cantet est décédé ce jeudi 25 avril, à l’âge de 63 ans. Il laisse derrière lui une riche filmographie de neuf longs métrages, dont le chef-d’œuvre « Entre les Murs », Palme d’Or 2008.
Le réalisateur de « Ressources humaines », « Timetable » et « Arthur Rambo » a rendu son dernier souffle ce jeudi 25 avril. Le cinéaste de 63 ans, auteur de neuf longs métrages, travaillait sur un projet de film, intitulé « L’Apprenti » qui devait sortir en 2025. Laurent Cantet était surtout connu pour son film « Entre les Murs », qui lui a valu une reconnaissance internationale.
Couronné d’une Palme d’Or à Cannes en 2008 par un jury présidé par Sean Penn – une première pour un film français depuis vingt ans – ce film relate la vie universitaire, s’immergeant dans une classe de quatrième, sorte de microcosme de la société moderne où Des questions de pouvoir, d’inégalité des chances, d’intégration, de sans-papiers, de transmission des savoirs se posent…
Adapté du livre de François Bégaudeau, ancien professeur qui tient le rôle principal, le long-métrage s’inspire du quotidien d’un professeur de français dans un établissement parisien « difficile ». Tour à tour subtil, incisif, drôle et poignant, le film plonge, au plus près de la réalité, pendant un an, entre les murs d’un collège, entre une salle de professeur et une salle de classe très animée. Entre l’enseignant plutôt optimiste et les jeunes à cran, s’est déroulée une guerre des mots – une célébration de la Parole sous toutes ses formes – tantôt comique, tantôt violente. Tourné avec des moyens limités, le long-métrage mettait en scène des acteurs non professionnels, partis pris qui participaient à l’esthétique documentaire.
Un théâtre de la démocratie
Comme le rappelle La Croix, Laurent Cantet a expliqué avoir voulu sortir des murs d’une classe, au lieu d’en parler. « Un discours très idéologique se construit autour de l’école où se rejoue sans cesse la querelle entre les Anciens et les Modernes. Ce n’est ni une forteresse ni un sanctuaire. J’ai voulu montrer les contradictions qui le traversent, la complexité des décisions à prendre, sans vouloir apporter de réponses ni illustrer une thèse.
En s’intéressant sans distinction aux étudiants aux origines géographiques et sociales multiples, le réalisateur a également défendu l’idée du « théâtre de la démocratie ». Revoir Entre les Murs en 2024, c’est se (re)plonger dans les contradictions de l’école en France : celle de ne pas exclure, en même temps que celle d’imposer la discipline. Un problème on ne peut plus d’actualité.
« Entre les murs » obtiendra, outre une Palme d’or, le César 2009 de la meilleure adaptation, une nomination à l’Oscar du meilleur film étranger en 2009, et le Prix Lumières du meilleur film. Il est à voir ou à revoir en VOD sur MyCanal.
