Divertissement

Noémie Schmidt décrypte l’héroïne d’Anthracite, le nouveau polar de Netflix

ENTRETIEN – L’actrice amène cette série sur fond de montagnes et de sectes. Au générique figurent également Kad Merad, Camille Lou et le rappeur Hatik.

Thriller, une touche de fantastique et une héroïne geek, voici les ingrédients deAnthracite, la nouvelle création originale française de Netflix, qui depuis sa mise en ligne ce mercredi se hisse dans le top 5 des séries les plus regardées sur la plateforme. Imaginé par le créateur de Profilage Fanny Robert marquée par le drame du Temple Solaire, cette énigme voit Camille Lou transformée en policier têtu et Kad Merad en berger.

Nichée dans le massif des Écrins dans les Alpes, la commune de Lévionna est célèbre pour sa mine d’anthracite, son hôpital psychiatrique, sa station de ski et pour avoir été le théâtre du suicide collectif d’une secte dirigée par le charismatique gourou Caleb. La disparition d’un journaliste ravive des blessures mal cicatrisées. Sa fille Ida mène l’enquête avec l’aide de sa communauté de détectives amateurs sur internet. Elle ne tarde pas à entraîner Jaro (le rappeur Hatik, découvert dans Valide ). Fils d’un des disciples de la secte, le trentenaire, qui a eu des démêlés avec des trafiquants de drogue franciliens, est revenu à Lévionna pour reconstruire sa vie et respecter les conditions de son contrôle judiciaire. Malheureusement, il devient le suspect numéro un dans une inquiétante affaire de disparition.

Porté par une intrigue où les rebondissements mystiques se succèdent, Anthracite n’évite pas les clichés de la fiction policière. Mais il se rattrape par son interprétation et sa mise en scène créative. Surtout lorsque les impertinents détectives du Web entrent en scène ou que la montagne réaffirme sa souveraineté. Derrière la caméra, Julius Berg (Osmose) insuffle un rythme effréné, multiplie les panoramiques et les zooms et glisse des clins d’oeil à Euphorie Et Vol au dessus d’un nid de coucou. Diamant brut de la saga sous les traits de la décalée Ida, l’actrice Noémie Schmidt (À l’intérieur, 3615 Monique) décrypte cette drôle d’enquête TVMagazine.

MAGAZINE TÉLÉ. – Qu’est-ce qui vous a attiré Anthracite ?
Noémie SCHMIDT. – La complexité du scénario qui regorgeait d’informations à assimiler. Mon personnage a un arc narratif riche : sa relation avec son père, sa relation avec la maladie, sa communauté de détectives amateurs du web qui, en utilisant des méthodes non conventionnelles, obtiennent quand même des résultats. J’ai été intrigué par le concept du web-sleuthing, où les internautes croisent et mélangent des milliers de données et mettent en place des enquêtes collaboratives. Socialement, Ida n’est pas du tout à l’aise. Dès qu’elle rencontre des gens, elle se lance dans de grands nausées. Cela faisait beaucoup de textes à apprendre… Comme au théâtre. Sous tous ses rebondissements, la série cache des soucis plus sérieux. La résilience, l’inceste, le poids des secrets de famille que l’on transmet ou non à la génération suivante et qui peuvent conduire à de grandes violences. Que faire de ces héritages douloureux ? Doivent-ils nécessairement nous déterminer ?

Comment vous êtes-vous préparé pour le rôle ?
J’ai regardé beaucoup de documentaires sur le thème des sectes. Sur les Raëliens, sur les disciples du gourou indien Bhagwan Shree Rajneesh au cœur du documentaire Netflix Pays sauvage. Comment un gourou, quelqu’un qui a une idée de transcendance mystique, parvient-il à mobiliser les gens et à animer une communauté ? Pourquoi se retrouve-t-on toujours dans un abus de pouvoir qui se traduit par un contrôle sur des personnes vulnérables ?

Avec son chapeau, ses leggings roses, ses bottes en fausse fourrure, Ida est superbe.
Avec la costumière, nous avons beaucoup travaillé sur cet aspect du personnage haut en couleur. Nous voulions une héroïne sucrée, manga, geek. Comme disent les Japonais, une esthétique kawaii. Nous nous sommes également inspirés du look d’Harley Quinn, la petite amie du Joker dans les comics DC. Chacun de ses vêtements et accessoires sont un peu décalés à l’image de son sac banane. Ida a également un petit couteau et une lampe de poche. Elle a tout sur elle. Je suis vraiment tombée sous le charme de ses chaussures qui ressemblent beaucoup à des super-héroïnes.

L’hymne d’Ida Qu’est-ce que l’amour par Haddaway.
C’est une chanson qui lui va bien, qui est ensoleillée comme Ida peut l’être malgré la maladie. C’est un titre plein de vitalité, universel et fédérateur. C’était important pour le tempo de la série. Les créateurs et réalisateur Jules Berg ne souhaitaient pas un thriller trop lourd. Ida est censée chanter comme une casserole. Cela m’a donné une grande liberté pour réinterpréter ce tube des années 90. J’avais carte blanche. Je voulais faire quelque chose d’un peu punk, un peu sale. J’avais cette superbe fanfare avec moi. J’espère qu’Haddaway ne se retournera pas dans son lit de peur.

« La montagne sera toujours plus forte que toi »

Noémie Schmidt

En ce que Anthracite fait bouger les lignes du polar à la française ?
Jean-Marc Barr, qui incarne mon père dans la série, a souligné que tous les moyens mobilisés par Netflix démontraient un certain goût et beaucoup d’ambition. J’ai aimé le côté physique, le côté épuisant de cette aventure. Nous avons dû gravir la montagne, marcher péniblement. Il y a eu des cascades, il y a eu des bagarres. J’ai grandi dans une famille de montagne. On m’a toujours dit : la montagne sera toujours plus forte que toi. Sur le plateau, c’était indiscutable. Les Alpes sont l’autre personnage principal de cette série. La montagne nous écrasait parfois. Là-haut, le danger est constant.

Y a-t-il eu un moment où vous avez eu peur ?
La scène où je suis suspendu en équilibre contre un pont était impressionnante à filmer. J’avais une dizaine de mètres d’espace vide sous mes pieds et j’étais retenu par des câbles. J’étais très bien accompagnée par une cascadeuse. Cependant, j’avais toujours peur. Elle m’a dit que c’était une bonne chose. La peur est la meilleure alliée. C’est quand nous sommes confiants que nous sommes blessés.

Quels souvenirs gardez-vous du tournage ?
C’était génial de retrouver des acteurs qui commencent à devenir des visages familiers du petit et du grand écran. Nous avions chacun nos univers artistiques et les rencontrer était passionnant. Camille Lou est chanteuse. Elle habite près de Biarritz : elle a vraiment le côté soleil et détente. Hatik, c’est le rap et la région parisienne. J’habite dans une ferme en Périgord. Il y avait aussi Nicolas Godart, qui incarne le frère de Camille. Il vient de Belgique. Il s’est montré avec son humour et sa sensibilité.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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