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« Ne pas forcer Israël à respecter le droit international, c’est être complice du génocide à Gaza »

Raji Sourani, avocat palestinien des droits de l'homme de Gaza, à Guernica (Espagne), le 20 janvier 2024.

Raji Sourani, directeur du Centre palestinien pour les droits de l’Homme, a évacué Gaza en novembre 2023. Pilier des procédures lancées par les Palestiniens devant la justice internationale, cet avocat de 70 ans, rencontré à Paris, critique la position de la France face à Israël. et le silence du procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan.

Vous viviez à Gaza lorsque la guerre a éclaté, le 7 octobre 2023. Pourquoi et comment êtes-vous partie ?

Je vivais dans le quartier de Tel Al-Hawa à Gaza, avec ma femme et mon fils de 30 ans. Dès le début, les Israéliens ont demandé à tout le monde d’évacuer. Je suis resté. Le 18 octobre, une boule de feu a détruit notre maison. Je suis sûr que ce bombardement était délibéré. Nous avons ensuite déménagé chez mon frère, puis une autre fois dans une maison familiale. Quelques jours plus tard, une mosquée et un poste de police près de chez nous ont été bombardés. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de quitter Gaza. Je suis parti vers le Sud, à Khan Younès, avec l’ONU, puis, en novembre 2023, J’ai réussi à entrer en Egypte.

Que pensez-vous de la position de la France par rapport au conflit à Gaza ?

Je suis très déçu, consterné et choqué. Je ne comprends pas comment la République française, dont la devise « Liberté égalité fraternité » nous a tous inspirés, achetez la version israélienne de l’autodéfense. Comment la France et l’Europe peuvent-elles se tenir aux côtés de l’Ukraine, contre l’invasion et l’occupation russe, tout en appliquant le droit international de manière sélective lorsqu’il s’agit de la Palestine ? Comment peuvent-ils affirmer que l’Ukraine a le droit de résister à l’occupation, tout en maintenant que l’occupation criminelle et belliqueuse d’Israël relève de la légitime défense ? Appliquez-vous les anciennes règles romaines où il y avait des droits pour les maîtres et aucun pour les esclaves ? Sommes-nous les esclaves du 21èmee siècle ? C’est kafkaïen !

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En janvier, suite à une plainte déposée par l’Afrique du Sud, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël de ne pas commettre d’actes de génocide. Une décision qui n’a pas été suivie d’effet…

L’Afrique du Sud a donné à l’Occident une leçon de moralité et d’État de droit. je suis fier faire partie de son équipe juridique. La CIJ a ordonné des mesures provisoires, car elle considère que le risque de génocide est plausible. Malheureusement, les juges n’ont pas les moyens de faire exécuter leur décision. Leur bras exécutif, ce sont les États, notamment l’Europe et les États-Unis. Et ces puissances ont seulement demandé à Israël de se conformer aux mesures de la CIJ. Ils n’ont rien fait pour l’y contraindre. Ne pas forcer Israël à respecter le droit international, c’est accepter la loi de la jungle, se rendre complice du génocide, des déplacements forcés et de la famine.

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Eleon Lass

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