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Mais au fait, ça donnerait quoi la France sans la taxe sur la valeur ajoutée ?

Joyeux anniversaire, TVA ! Eh oui, la taxe sur la valeur ajoutée fête ce mercredi ses 70 ans. Et malgré cet âge avancé, la vieille dame conserve toute son importance dans l’économie française. On l’oublie parfois, mais non.

C’est là quand vous faites vos courses, à 5,5% sur votre côte de bœuf, votre paquet de pâtes, la bouteille de Coca ou tout achat alimentaire. Il réapparaît, à 10 % cette fois, lorsque l’on prend un café au comptoir avant le travail. Vous êtes plutôt pack de bières à la maison entre amis devant PSG-Barcelone ? Ce sera 20 %, comme tous les produits et services considérés comme non essentiels. Tous ces calculs vous donnent mal à la tête et vous avez besoin d’un peu de doliprane ? 2,1% de TVA sur les médicaments, oui, même cela est taxé.

À quoi ressemble la vie sans TVA ?

Ce sont en fait des échantillons. À tel point que nous avons imaginé un scénario que même l’oncle Scrooge, Bruno Le Maire et le PDG de droite de votre entreprise pourraient trouver un peu trop libéral. Et si, en cette période d’inflation et de crise du pouvoir d’achat, on supprimait tout simplement la TVA, d’un coup de baguette magique ?

Abracadabra! Voici 370 euros économisés en moyenne par mois pour les Français, selon les calculs des économistes Thomas Piketty, Camille Landais et Emmanuel Saez dans l’ouvrage Pour une révolution fiscale, Un impôt sur le revenu pour le 21e siècle (2010, Édition Seuil). Pas mal, n’est-ce pas ? Non. « C’est clairement une fausse bonne idée », prévient Dominique Plihon, économiste et membre d’Attac France. Les conséquences négatives seraient bien plus importantes que les avantages relatifs. »

 » Une catastrophe « 

Philippe Légé, professeur d’économie à l’ISST de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et co-auteur de Pensez à l’alternative (2024, Fayard) va jusqu’à qualifier de « catastrophe ». En effet, la TVA, dont les recettes sont estimées en 2023 à 202 milliards d’euros, représente 37,5% des recettes fiscales brutes du pays. De loin le premier impôt national, devant l’impôt sur le revenu (26%) et l’impôt sur les sociétés (13%).

L’occasion pour le professeur de sortir la calculatrice. Des coûts de personnel de l’Etat, soit 2,5 millions d’agents ? 138,8 milliards d’euros en 2022. Ajoutez la fonction publique territoriale, 1,9 million d’agents, et la fonction publique hospitalière, 1,2 million, et vous obtenez une masse salariale « de l’ordre de 325 milliards ». Autant dire que sans TVA, il devient complexe d’imaginer des services publics même vaguement fonctionnels.

Un impôt « très efficace pour redistribuer l’argent »

Sans TVA, il est difficile d’imaginer des services publics. « Il faudrait payer pour envoyer son enfant à l’école ou pour porter plainte au commissariat. Il faudrait payer des milliers d’euros pour une journée en réanimation, plutôt que les 20 euros du forfait hospitalisation», illustre Philippe Léger, pas vraiment fan de cette option.

« La TVA est largement utilisée et très efficace pour redistribuer l’argent », estime Pierre Boyer, professeur à l’Ecole Polytechnique et auteur de Pouvez-vous être heureux de payer des impôts ?, s’appuyant notamment sur une note de la Cour de Compte de 2023. « L’analyse a montré par exemple que le chèque énergie avait été plus efficace pour soutenir les ménages précaires qu’une variation de TVA pour ces ménages. Il vaut mieux prendre l’argent de tout le monde et le redistribuer ensuite.» Le spécialiste ajoute que les pays qui dépensent le plus en matière de protection sociale, comme les pays scandinaves, sont aussi ceux où la TVA est la plus élevée.

La TVA, une « success story »

« Alors que les 10 % les plus riches ont en moyenne 12,7 fois plus de revenus primaires – salaires et revenus du capital – que les 10 % les plus pauvres, cet écart passe à 3,2 une fois pris en compte non seulement les prestations sociales, mais aussi les services publics dont ils bénéficient. , rappelle Philippe Légé. Il est essentiel de maintenir un service public universel, gratuit et de bonne qualité. »

Pierre Boyer évoque même une « success story » française. Invention tricolore, la TVA est désormais utilisée « par tous les États modernes, à l’exception notable des États-Unis » (pas forcément réputés pour la qualité de leurs services publics). Une TVA d’au moins 15 % est même fixée dans l’UE, sauf exceptions.

Le temps des adaptations ?

C’est entendu, la TVA restera là. Ne devrions-nous pas y toucher du tout ? Si Dominique Plihon reconnaît « un impôt essentiel qui ne peut être supprimé », il n’en reste pas moins qu’à 70 ans, la TVA pourrait au moins s’offrir un petit coup de jeune. En effet, la taxe « reste particulièrement injuste », note l’économiste. « Que vous soyez au chômage, au Smic, CSP+ ou Bernard Arnaut, vous payez le même tarif. » Or, plus vos revenus sont modestes, plus la TVA prend de la place dans votre budget.

« On pourrait ajuster la TVA en la fixant à 0% pour les produits de première nécessité, et au contraire surtaxer certains produits qui ne sont pas essentiels, comme l’alcool ou les voitures de luxe », poursuit Dominique Plihon. Sans s’en passer, selon lui, on pourrait aussi « réduire l’importance de la part de la TVA dans les finances publiques, au profit d’impôts plus égalitaires comme l’impôt sur le revenu ». » Ce dernier a, en France, un des poids les plus faibles d’Europe par rapport au PIB. C’est peut-être là, le coup de baguette magique.

Cammile Bussière

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