Divertissement

« Pas de vagues », le film avec François Civil qui s’intéresse au mal-être des professeurs

Dans « Pas de vagues », Teddy Lussi-Modeste s'intéresse au mal-être des enseignants abandonnés par leur hiérarchie.
Kazak Productions – Frakas Productions France 3 Cinéma 2023 Dans « Pas de vagues », Teddy Lussi-Modeste s’intéresse au mal-être des enseignants abandonnés par leur hiérarchie.

Kazak Productions – Frakas Productions France 3 Cinéma 2023

Dans « Pas de vagues », Teddy Lussi-Modeste s’intéresse au mal-être des enseignants abandonnés par leur hiérarchie.

CINÉMA – Un long métrage sur un homme accusé à tort de harcèlement par une jeune fille. En 2024, cela peut poser question. Et dès la sortie de sa bande-annonce en février, Pas de vagues a démenti son titre, provoquant quelques remous, notamment sur les réseaux sociaux où le thème du film a été critiqué.

Mais loin du pamphlet sur la Cancel Culture qu’on aurait pu craindre, ce thriller social sorti le 27 mars s’intéresse surtout aux échecs de l’Éducation nationale et à la solitude de ceux qui y œuvrent. « Le cœur de mon projet, c’est vraiment de parler du mal-être des enseignants »résumé avec le HuffPost le réalisateur Teddy Lussi-Modeste, lui-même professeur de français lorsqu’il n’est pas sur les plateaux de tournage.

Pour ce troisième long métrage, co-écrit avec Audrey Diwan (à qui l’on doit L’événement), il s’inspire de sa propre histoire : accusé de harcèlement par un étudiant il y a quelques années, menacé de mort par son frère, il a ensuite été blanchi. « J’ai pris conscience de la solitude dans laquelle on peut se retrouver lorsqu’un problème surgit dans notre métier »il explique.

« Être dans la complexité »

Le film s’ouvre dans la classe de Julien (François Civil), un professeur de français charismatique, qui entretient une relation complice avec ses élèves. Lors d’un cours, pour illustrer une figure de style, il complimente la coiffure de Leslie, une écolière timide visiblement gênée par cette attention. On comprend vite que cette sortie des cadres n’est pas la première pour ce jeune professeur idéaliste, qui rêve de changer la vie de ses élèves : quelques jours plus tôt, il avait invité les meilleurs de sa classe (Leslie incluse) à déjeuner près du collège.

Sous l’influence de deux camarades blessés de ne pas avoir été inclus dans ces moments privilégiés, la jeune fille écrit une lettre dénonçant son professeur pour harcèlement.

Le film, qui aurait pu tomber dans une narration simpliste et binaire, se révèle alors bien plus nuancé. Leslie, on le comprend vite, était vraiment gênée par l’attitude de son professeur. Si elle a mal interprété la situation, ses accusations n’en sont pas moins sincères. « C’était une décision morale, explique Teddy Lussi-Modeste, pour montrer que cette jeune fille dit sa vérité. »

Et même si le film se déroule du point de vue de Julien et s’attache à raconter sa lente descente aux enfers, il n’hésite pas à dépeindre également ses travers. « C’était très important pour nous avec Audrey (Diwan), d’être dans la complexité avec tous les personnages, explique le réalisateur. C’est un professeur idéaliste, mais le revers de cet idéalisme est aussi la fierté. Nous voulions qu’il remette en question ses méthodes. »

« Un cri, une demande d’aide »

Mais ses critiques les plus acerbes, Pas de vagues les réserve finalement à l’éducation nationale. D’abord pour son incapacité à recevoir correctement le témoignage de l’adolescente qui, suite à sa lettre, est immédiatement convoquée au CPE et placée face à face avec son frère violent et l’enseignant qu’elle accuse.

Mais l’histoire détaille aussi le sentiment d’abandon de Julien, abandonné par ses supérieurs alors qu’il est menacé de mort par le frère de Leslie. « Ce que le film continue de montrer, c’est qu’il faut inventer des protocoles, que ce soit à l’école mais aussi dans la société en général, pour mieux recueillir la parole des victimes et aussi trouver une solution lorsqu’un enseignant est menacé de mort »se défend le réalisateur.

Teddy Lussi-Modeste, mis en congé pour réaliser le film, reprendra son rôle d’enseignant dès la rentrée de septembre. « Je crois que je suis un enseignant dans l’âme », explique celui qui a grandi dans la communauté des gens du voyage, où la scolarité se termine tôt. Il se dit « très redevable à l’école » : « C’est une joyeuse responsabilité. » C’est grâce à elle que je suis là aujourd’hui, car ce n’était pas du tout le destin qui m’était prévu. »

Alors, il espère que l’Education Nationale verra son film pour ce qu’il est : « Bien sûr, il est assez dur dans la façon dont il décrit l’école aujourd’hui, mais regardez ce qui s’est passé ces dernières années. C’est un cri, une demande d’aide.

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Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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