Les coups de coeur et commentaires de nos envoyés spéciaux après le triomphe du Stade Toulousain
Après le tour de force de l’équipe toulousaine face à Bordeaux au Stade Vélodrome, découvrez ce qui a retenu l’attention de nos spécialistes du rugby.
Des envoyés spéciaux à Marseille
FAVORIS
Dupont toujours plus fort
Où s’arrêtera-t-il ? Comment va-t-il monter en puissance d’une sortie à l’autre ? Quand on a vu Antoine Dupont tenter, et réussir, le coup du sombrero sur son vis-à-vis Maxime Lucu pour aller marquer son deuxième essai personnel de la soirée après 22 minutes, on a compris qu’il s’agirait d’une nouvelle masterclass. Au point de surprendre à nouveau son entraîneur ? « Il s’est fait bloquer un coup de pied et en a raté un autre. Il m’a donc surpris, oui, mais pas dans le bon sens du terme. »répond ironiquement Ugo Mola. « Que voulez-vous que je vous dise ? Antoine a été sollicité sporadiquement cette saison et, à chaque fois, il a su être le grand joueur qu’il est. Son statut n’est plus à définir… » Passons maintenant au défi du 7.
Cette saison, il a participé à trois tournois, pour deux titres et une 3ème place. De quoi nourrir de sérieux espoirs pour les JO, d’autant que cette fois il se préparera sérieusement en accomplissant le stage de préparation avec France 7 en juillet. « Je l’ai sorti dix minutes avant le match pour ça », poursuit Mola, toujours médiocre. Jérôme Daret (le coach de France 7, NLDR) saura me remercier. Je lui rendrai Antoine indemne… » Et de conclure par un ultime hommage, et un dernier camouflet. « Peu de joueurs ont la capacité de changer, de révolutionner leur sport. Je pense qu’Antoine en est capable. Peut-être devrions-nous le lancer à XIII maintenant… »
Willis, la force anglaise
« Je suis resté 8 saisons aux Wasps et je n’ai rien gagné. Maintenant, en deux ans, j’ai gagné trois titres. » À son arrivée à Toulouse en novembre 2022 après la liquidation de Coventry Wasps, Jack Willis était un inconnu du public français. Il est depuis devenu incontournable au Stade Toulousain. Un rouage incontournable, un pion important sur l’échiquier d’Ugo Mola. Après sa prestation remarquée en finale de la Champions Cup face au Leinster, le flanker anglais s’est encore montré impressionnant vendredi face à l’UBB. Redoutable en défense et dans les tâches obscures, il s’est également illustré ballon en main avec plusieurs charges acharnées dans la défense girondine. Un match colossal. Et un deuxième titre de champion de France en poche. Un palmarès déjà bien rempli avec les Rouge et Noir. Avec, à chaque fois, un rôle prépondérant en finale. La marque des (très) grands.
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Triste pour Bordeaux-Bègles
L’UBB, pour sa première finale de Top 14, ne méritait pas de recevoir une telle correction. Sur le papier, rien à dire : l’équipe toulousaine a survolé le jeu et signé une performance record à ce stade de la compétition. En face, les Bordelais n’ont jamais existé, balayés sans ménagement dans les 20 premières minutes. La suite n’a été qu’un long calvaire. Pas à l’image de leur saison et des belles prestations qu’ils ont régulièrement délivrées. C’est la dure loi du sport, on ne se souvient que des vainqueurs, surtout lorsqu’ils affichent une telle maîtrise et une telle efficacité. Mais on ne peut avoir qu’une pensée pour ces pauvres Bordelais, tabassés et punis comme aucune équipe ne l’avait jamais été en finale. Espérons qu’ils en tireront les leçons et reviendront plus forts. Les larmes de Lucu, l’abattement de ses coéquipiers et les mots forts de Yannick Bru s’excusant auprès des supporters bordelais ont suffi à faire chavirer le cœur.
COUP DE GRIFFE
Le rendez-vous manqué de l’UBB
Une triste première. L’Union Bordeaux-Bègles, en progrès constants depuis son arrivée dans l’élite en 2011, a atteint la finale du Top 14 pour la première fois de son histoire. Grâce notamment à un jeu offensif spectaculaire et efficace. Et puis malheurs… L’équipe de Yannick Bru s’est fait piéger au pire moment. Sur la dernière marche. Et dans les grandes largeurs. Le staff avait tenté deux paris en lançant Jalibert et Tameifuna, qu’on pensait hors course pour cette finale, et ça n’a pas marché. Tous deux ont été débordés, à court de rythme. Au final, les Bordelais sont apparus complètement épuisés, dépassés physiquement par le rythme des Toulousains. L’UBB a été la première équipe depuis Castres en 2018 à atteindre la finale après être passée par les play-offs. Cela s’est vu sur le terrain, l’accumulation des efforts pour rejoindre le Vélodrome leur a été fatale. Bordeaux-Bègles aura retenu une chose : mieux vaut terminer aux deux premières places du championnat pour retrouver un peu de fraîcheur dans le sprint final. Un dur apprentissage à très haut niveau.
L’humiliation inutile de la dernière reprise
Le Stade Toulousain menait 54 à 3, venait d’inscrire cinq essais en un quart d’heure face à des Bordelais dévastés, incapables de stopper la déferlante. Le temps réglementaire venait de s’achever mais on sentait que les bourreaux ne voulaient pas lâcher leurs victimes ; tentant de relancer de loin. Une fois, deux fois, trois fois. Avant de trouver la faille. Sur un ballon perdu par Buros, Mauvaka relance depuis son en-but et casse la ligne. Les trois-quarts sont en appui et, sur son aile, Capuozzo s’amuse avec Penaud, le dépasse pour aplatir le 9 en cornere test de son équipe. Magnifique mais inutile, voire un peu malsain, d’appuyer un peu plus sur les plaies déjà à vif des Bordelais. Qui resteront pour la plupart allongés sur la pelouse, définitivement abattus par cette dernière leçon toulousaine.
Le dérapage de Paul Costes
Au début, on a cru à une ambiance bon enfant. Sympathique même. Une bonne partie de l’équipe toulousaine a envahi la salle de conférence, certains en sous-vêtements, pour, pensait-on, partager un peu de leur joie avec les journalistes présents. Et puis Antoine Dupont s’est assis derrière la grande table, Thomas Ramos, en face de lui, a joué le journaliste. Avec arrogance. « Une question stupide, Monsieur Dupont, par rapport au Vélodrome ? Rien d’innocent. La veille, le capitaine toulousain n’avait guère apprécié d’être interrogé sur ses mauvais souvenirs du Vélodrome, entre un carton rouge contre l’Afrique du Sud et sa mâchoire cassée contre la Namibie en Coupe du monde. Il ne s’agissait donc pas de célébrer, mais de se moquer ouvertement des médias, c’est le moins que l’on puisse dire, qui encensent depuis des mois cette superbe équipe du Stade Toulousain. Armés de magnums de champagne, quelques joueurs se sont alors mis à arroser copieusement les journalistes imprudents restés à portée. C’est le moment que Paul Costes a choisi pour s’adresser avec colère aux représentants de la presse. « Vous êtes juste là pour le buzz, les médias achetés par l’État ! » Et de laisser la phrase sur cette boutade qui a pris de court tous les journalistes présents, s’interrogeant longtemps sur le sens caché de cette phrase. Sans en trouver le sens profond…