Législatives 2024 : les choix de la FI dérangent les manifestants sans porter atteinte à l’unité
Malgré la polémique née la nuit précédente de la mise à l’écart de plusieurs députés sortants privés d’investiture par la France Insoumise, le peuple de gauche est solidaire contre l’extrême droite. Ce samedi 15 juin, un raz-de-marée populaire envahit les rues de Paris : le boulevard du Temple est bondé.
Cette marche a lieu quelques heures après que les noms des candidats retenus par la FI pour défendre les couleurs du Nouveau Front Populaire dans les 229 circonscriptions qui lui appartiennent ont été rendus publics, selon le partage contenu dans l’accord conclu entre la gauche et partis de l’aile. .
Plusieurs membres influents de la FI, bien que députés sortants, n’ont pas été retenus (Alexis Corbière, Raquel Garrido, Danielle Simonnet, Hendrik Davi, Frédéric Mathieu). En revanche, Adrien Quatennens, condamné pour violences conjugales, pourra se présenter sous l’étiquette FI.
Ce choix controversé et le rejet des candidatures de députés sortants qui ont exprimé ces derniers mois des désaccords avec la direction de la FI, suscitent l’incompréhension parmi les manifestants. Venue pour la première fois dans la rue aux côtés de son père, Marianne hausse les sourcils. Téléphone en main, elle apprend la nouvelle : « Ils ne gardent pas Raquel Garrido ? Et Danielle Simonnet non plus ? ».
La jeune femme fait une pause, lève les yeux au ciel, puis souffle : « Laisser une majorité absolue à l’extrême droite n’est pas possible : nous perdrons nos droits, nos libertés. La polémique autour d’Adrien Quatennens ne doit pas freiner l’élan de la gauche unie.» La main sur l’épaule de sa fille, André acquiesce en ajoutant : « Condamner un homme pour violence n’est pas à la hauteur des enjeux actuels. Je ne comprends pas. Ce n’est pas stratégique. Pas maintenant « .
« La situation est trop critique pour y penserMarwa crie également sur la foule en chantant en chœur L’international. Les choix de la France insoumise ne doivent pas gâcher les manifestations et l’unité de la gauche ». Pour le manifestant, « Le moment est venu de se rassembler et non de se diviser. » A ses côtés, son ami Julien s’agace : « La gauche fait campagne depuis des années contre les violences faites aux femmes. Investir Adrien Quatennens n’est pas raisonnable. »
Au son des coups de poing de la manifestation, la foule se gonfle et les cortèges des différentes forces de gauche se mélangent. Les jeunes hommes et femmes lèvent leurs pancartes : « Je déteste », « Le RN s’écrit avec deux haines », « Pour ma grand-mère résiliente et pour les générations à venir ». Si l’espoir renaît, le sentiment d’urgence domine. « La gauche doit être plus unie que jamais. Les Français ne doivent pas payer les divisions de la FI », explique Assan Lakehoul, secrétaire général du Mouvement des Jeunes Communistes de France (MJCF). Jusqu’à présent, estime-t-il, tous les partis de gauche se sont montrés à la hauteur. « Je suis sûr que la FI saura faire preuve de maturité et que nous nous en sortirons. Tout le monde reprendra ses esprits. »il rassure.
Du côté des chefs de parti, le refrain est le même. Le sujet est rageant et personne ne veut s’exprimer au risque de diviser. Cécile Duflot se dit « fatigué » luttes internes. Le danger est trop grand. « Ce qui est en jeu, c’est l’idée même que l’on se fait de la France, et celle-ci doit primer sur toutes les questions d’ego dans cette période. L’urgence est de mobiliser et de convaincre le plus largement possible. ».
Sous les drapeaux CGT flottant au vent, Sophie Binet défile aux côtés d’autres syndicats et organisations. « L’heure est au rapprochement et non aux querelles politiques ou aux règlements de compte, insiste-t-elle. Il ne faut pas démobiliser les Français. » Pour le secrétaire général de la CGT, un député doit être irréprochable. « Il faut un rassemblement le plus large possible : les prochaines 48 heures doivent permettre aux partis politiques de présenter des candidats exemplaires », poursuit-elle. Et pour gagner, le syndicaliste appelle à participer, dimanche 23 juin, au « manifestations féministes contre l’extrême droite ».
Face à l’extrême droite, ne lâchez rien !
C’est étape par étape, argument contre argument, qu’il faut combattre l’extrême droite. C’est ce que nous essayons de faire chaque jour dans l’Humanité.
Face aux attaques incessantes des racistes et des fauteurs de haine : soutenez-nous ! Ensemble, apportons une autre voix à ce débat public de plus en plus nauséabond.
Je veux en savoir plus.