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le récit de la randonneuse qui a retrouvé le crâne d’Émile

Plus de dix jours après la découverte des ossements d’Émile, le randonneur qui a découvert le crâne du petit garçon lors d’une promenade s’est confié à BFMTV.

Ce jour du 30 mars, Manon* (prénom modifié) hésite à sortir se promener. Elle habite la région et a la soixantaine. Très en forme, elle part régulièrement faire de longues balades en montagne, quitte parfois à grimper très haut.

Ce jour-là, ce retraité était un peu paresseux. « C’était le moment de rester sous la couette, avec beaucoup de vent », raconte-t-elle. Elle a finalement pris sa décision. Elle enfile son pantalon de randonnée, prépare un pique-nique et s’en va…

« Cela faisait longtemps que je n’avais pas emprunté cette voie »

Celui qui a l’habitude de faire de longues promenades part toujours sans montre ni téléphone portable. « D’ailleurs, je n’en ai pas », sourit celle qui se définit comme « une érudite moderne ». Ce jour-là, elle part à midi. Elle le sait, même sans montre, car elle entend « le clocher de l’église romane ».

Cette grande marcheuse change régulièrement d’itinéraire. « Cela faisait longtemps que je n’avais pas emprunté cette voie. » « Je ne sais plus, depuis un mois, un mois et demi », tente de se remémorer celle qui dit n’avoir aucune notion du temps. Un chemin « fréquenté » mais surtout en été. Un chemin plat mais parallèle à une pente avec les hauteurs à sa gauche. « Une pente avec un bon dénivelé qui vient du Haut-Vernet m’expliquera cela plus tard. » Comprenez que son chemin se situe donc en dessous du Haut-Vernet.

« Je le trouve au milieu de la route »

Elle ne sait pas depuis combien de temps elle marche lorsqu’elle tombe sur ce qu’elle appelle désormais « la chose » car « le mot crâne me rappelle l’image », dit-elle avec une expression affectée. «Je l’ai trouvé au milieu du chemin», s’émerveille-t-elle, assurant qu’on ne pouvait pas le rater.

« C’est blanc, très propre. Il n’y a que les dents du haut », se souvient-elle. Elle n’en doutait pas une seule seconde.

«Je savais que c’était lui», dit-elle les larmes aux yeux.

Au moment de la découverte, elle va lutter contre la détresse, en alternant les émotions : « Je pleure, puis je me calme. » Elle doit prendre une décision, elle n’a pas de téléphone portable et ne peut donc appeler personne…

«J’aurais pu le laisser mais, au moment où j’y suis retourné, il n’aurait plus été là», explique-t-elle. « C’est pour ça que je l’ai ramassé, je sais que les jours avec un temps comme celui-ci, si on attend, la montagne n’est plus la même. »

Elle assure que le sirocco soufflait fort et qu’il y a eu des glissements de terrain. Elle veut le prendre mais sans le modifier. Elle a alors une idée. Elle a deux sacs en plastique sur elle. Pour quoi? Elle dit que sa stratégie est de garder ses pieds au sec lorsqu’elle marche dans des flaques d’eau ou dans la neige. Elle enfile le sac en plastique comme une chaussette. Elle en a deux, qu’elle n’a pas encore utilisés ce jour-là.

A ce moment du récit, elle nous le raconte en mimant la scène. Elle décide d’utiliser les deux pour les passer méthodiquement de chaque côté du crâne et parvenir à le prendre sans le toucher. La police lui demandera encore plus tard si elle n’avait pas mis son ADN dans les sacs auparavant… Elle ne le sait pas.

Avant de partir, elle a la présence d’esprit de se dire qu’elle doit pouvoir revenir, montrer aux policiers le lieu exact de la découverte. « Je me suis dit : ‘il me faut un repère’. Puis j’ai vu un immense sapin effondré sur le côté. Je me suis dit : ‘c’est le sapin qui va me servir de repère’. »

Elle se met en route. « Je cours, je veux me dépêcher. » « Je me dis ‘vite, vite, il faut que je ramène le truc et la police trouvera le coupable (…) l’enquête va enfin avancer. » Elle précise : « Tout le voyage, je porte la chose à bout de bras » car « sentir la forme toucher mon corps me terrifie ». Son bras lui fait mal mais elle continue de se dépêcher. Au-delà de l’enquête, elle pense surtout aux parents du petit Émile.

« Je me dis, enfin, papa et maman vont pouvoir l’enterrer. Ils pourront le savoir.

« J’ai dit à la police : ‘J’ai trouvé un crâne' »

Elle arrive à la maison vers 14 heures. Elle le sait à nouveau grâce aux cloches. Elle laisse le crâne dehors, sur la terrasse. « Le faire venir dans la maison est inconcevable. » Elle appelle immédiatement la police. « Je leur dis : ‘Je suis à (son adresse) et j’ai trouvé un crâne’ et les gendarmes me répondent ‘on arrive, on te rappelle, reste où tu es' ». Elle leur donne rendez-vous au bout de sa rue. Elle a peur de ce que pourraient penser les voisins, qui ont tous en tête la disparition d’Emile.

Le temps qu’elle se prépare un café tout en continuant à tenter de se calmer, la police est là. L’un d’eux mesure aussitôt le crâne et ils emmènent Manon. Il est environ 15 heures, elle sera à l’audition pendant neuf heures. Neuf heures qui comprennent un retour sur le chemin pour qu’elle puisse immédiatement indiquer le lieu de la découverte et que les gendarmes ferment l’accès.

Chaque soir à la Une, découvrez ce qui se cache derrière l'actualité.  Céline Kallmann vous raconte une histoire, une histoire de vie, avec aussi le témoignage intime de ceux qui font l'actualité.
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Perquisitions à son domicile

A propos de l’audience, elle affirme que « tout se passe bien, ils font leur travail ». «Je réponds à leurs questions et c’est tout», poursuit-elle. Des questions qui incluent la découverte, sa personnalité et l’affaire. Ils la ramènent chez elle vers minuit.

« Le lendemain, je ne m’y attendais pas, cherche ! » La police a récupéré ses appareils électroniques et l’a restitué une semaine plus tard. D’après nos informations, rien n’indique qu’il soit suspect. Elle n’a jamais été placée en garde à vue.

Aujourd’hui, elle assure qu’elle va bien, qu’elle est croyante et que sa foi l’aide beaucoup. Lorsqu’elle parle du crâne, elle a encore une émotion indiscutable et les larmes aux yeux. Depuis, elle n’est pas allée se promener. « J’ai besoin de digérer. »

«Je suis épuisé mentalement et physiquement à cause de tout cela.»

Elle, croyante, pense beaucoup aux parents du petit Émile : « Que dire aux gens qui ont perdu leur enfant ? », pense-t-elle à voix haute. « Puissent-ils trouver la paix… Que Dieu leur donne la paix. »

Maxime Brandstaetter et Clément Granon avec Valentin Doyen

Cammile Bussière

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