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Le patron de Xiaomi avoue pourquoi sa voiture électrique coûte bien moins cher qu’une Tesla

La nouvelle voiture électrique de Xiaomi coûte moins cher qu’une Tesla, tout en offrant plus d’autonomie. Le patron de Xiaomi, Lei Jun, vient de s’exprimer pour expliquer comment cela est possible. En réalité, Xiaomi perd de l’argent avec sa voiture électrique SU7 mais pourrait bien révolutionner le marché dans les années à venir.

La voiture électrique de Xiaomi, la SU7, impressionne à plusieurs égards. Mais ce qui nous a le plus surpris lors de la conférence de presse du 28 mars 2024, c’est le prix des différents modèles. La voiture électrique de Xiaomi est moins chère qu’une Tesla Model 3, offre plus d’autonomie et des technologies que l’on ne trouve nulle part ailleurs.

Comment est-ce possible ? Lors de la conférence de presse, le patron de Xiaomi, Lei Jun, a précisé qu’il perdait de l’argent avec le modèle le moins cher, vendu à partir de 215 900 yuans (environ 28 200 euros). Dans une interview accordée à Presse Cailan et repris par le média chinois IT Home, le patron de l’entreprise est revenu en détail sur les prix de sa voiture électrique.

« Nous perdons de l’argent avec ces tarifs »

Initialement, l’homme d’affaires chinois pensait vendre le Xiaomi SU7 à partir de 229 000 yuans. Certaines rumeurs annonçaient même 239 000 yuans. Mais Lei Jun a dû changer d’avis, en raison de la guerre des prix qui fait rage depuis environ un an dans le secteur des voitures électriques. Une guerre des prix menée par de nombreux constructeurs chinois, mais aussi par Tesla.

Le patron de Xiaomi qui compare le SU7 à la Porsche Taycan électrique

Le patron précise, à ce propos, que « la version standard du Xiaomi SU7 est vendue 30 000 yuans de moins que la Tesla Model 3« . Avant d’ajouter que « nous perdons de l’argent avec ces tarifs et nous devons être capables de supporter les pertes« . Lei Jun reconnaît que dans le domaine des voitures 100 % électriques, « à part Tesla, je ne vois pas qui arrive encore à gagner de l’argent« .

Il est vrai que les constructeurs 100 % électriques rencontrent de nombreuses difficultés financières. On peut citer Lucid et Rivian, mais aussi Aiways en Chine ou Fisker, plus proches de nous et au bord de la faillite. Les plus gros concurrents de Tesla (BYD et Volkswagen) ne sont pas spécialisés dans le 100 % électrique. Le premier vend également des voitures hybrides rechargeables tandis que le second vend toujours des voitures diesel et essence.

Comment Xiaomi peut-elle gagner cette bataille ?

Comment Xiaomi peut-elle percer dans le domaine des voitures électriques tout en perdant de l’argent ? On peut esquisser quelques hypothèses, rappelant qu’un analyste financier avait tiré la sonnette d’alarme il y a quelques mois. En cause : l’immense besoin de liquidités de Xiaomi pour produire sa voiture électrique, ce qui pourrait mettre en danger les finances de l’entreprise.

La première raison qui nous fait croire en la voiture électrique de Xiaomi est son succès commercial. En 24 heures, la marque chinoise a déjà vendu 88 898 exemplaires, avec une réservation (5 000 yuans, environ 600 euros) non remboursable au bout de 7 jours. C’est énorme. A titre de comparaison, au lancement de la Tesla Model 3, la société américaine avait collecté 180 000 réservations en 24 heures, mais avec une caution de 1 000 $, entièrement remboursable. Surtout, il a fallu attendre plusieurs mois (voire années) avant le versement de la caution et la livraison.

Ici, Xiaomi livrera ses premières voitures la semaine prochaine. Mais il faudra sûrement être patient, puisqu’on dit déjà que la capacité de production pour 2024 est épuisée avec toutes ces commandes.

Sécher la concurrence, comme sur smartphone ?

Mais succès commercial ne signifie pas nécessairement bonne santé financière. Si Xiaomi perd de l’argent à chaque commande, la perte totale en 2024 pourrait être colossale. On imagine que Xiaomi tente de mettre en pratique la méthode mise en œuvre avec succès sur le marché des smartphones.

Comme le rappelle Luo Yonghao, un entrepreneur chinois, C’est la maison, Xiaomi a réussi à tuer la concurrence chinoise sur le marché des smartphones avec le lancement du premier Redmi. Un smartphone Android vendu 799 yuans (environ 100 euros) en 2013, ce qui était impensable à l’époque. L’homme précise que « tous les fabricants qui fabriquaient des clones de smartphones en Chine ont fait faillite à cette époque« .

Xiaomi pourrait donc tenter d’adopter la même stratégie sur les voitures électriques. Vendre à perte pendant quelques années, le temps que la concurrence se tarisse. Augmentez ensuite les prix (et les marges) petit à petit, pour enfin gagner de l’argent avec les voitures électriques.

D’autres entreprises du secteur tentent de faire la même chose, mais avec d’immenses dettes. L’avantage de Xiaomi réside dans sa trésorerie, et dans le fait que la marque gagne déjà beaucoup d’argent avec ses autres produits technologiques. Si cette technique peut fonctionner en Chine, elle devra être mise en œuvre avec succès à l’échelle internationale. Un défi bien plus compliqué.


Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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