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Le jour où… il y a un an, Prigojine lançait sa milice Wagner à l’assaut de Moscou

Le vendredi 23 juin 2023, une mutinerie a été déclenchée par le chef de la milice Wagner.
Pendant plus de 24 heures, Eugène Prigojine va se lancer dans une course folle vers Moscou.
Un an plus tard, le chef du groupe paramilitaire disparaît et son groupe réintègre les rangs du ministère.

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Le jour où…

« Ils ont mené des frappes, des tirs de missiles, sur nos camps à l’arrière. » C’est avec cette annonce, publiée dans un message audio à 21h25, que tout a commencé. Il y a un an jour pour jour, vendredi 23 juin au soir, Eugène Prigojine lançait un appel à ses troupes. Face à la provocation de l’Armée rouge, l’imprévisible chef de milice Wagner part à Moscou pour prendre le contrôle de l’armée régulière. Il a ainsi franchi une ligne rouge, ce qui lui a coûté la vie.

Une « marche » vers Moscou qui s’est soldée par un échec

Convaincu d’être la cible des frappes de Moscou, le « chef de Poutine » rassemble ses « 25 000 hommes » et se lance, en pleine nuit, dans une course vengeresse. « Prêt à mourir », il entre d’abord à Rostov, centre névralgique de l’armée russe, d’où sont coordonnées les opérations militaires en Ukraine. « Nous sommes au QG »annonce-t-il à 7h30, toujours sur sa chaîne Telegram.

Le milliardaire aux nombreuses victoires de guerre est alors certain de pouvoir aller encore plus loin. Gonflé par cette opération au cours de laquelle il rencontre peu d’obstacles, l’armée russe refusant le combat, par peur ou par sympathie, Evgueni Prigojine part pour Moscou. Quant à, à 10 heures, Vladimir Poutine parle enfin, c’est pour dénoncer un « poignarder dans le dos » de cet ancien allié. Un discours télévisé auquel rétorque un récit proche de la milice : « La guerre civile a officiellement commencé.« Un conflit fratricide qui sera finalement de courte durée. Le 24 juin au soir, Eugène Prigojine arrête sa course folle à 200 kilomètres de la capitale. Le chef de la milice ultra-violente annonce qu’il renonce à marcher sur Moscou et que ses troupes retournent dans leurs camps.

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S’ensuit un feuilleton qui durera plusieurs semaines. Alors que l’accord qui a mis fin à la rébellion prévoyait l’accueil du mutin en Biélorussie, il a finalement couru « libre » en Russie. Mais depuis plus d’un mois, l’homme qui a osé défier le leader du Kremlin a disparu. Et son entreprise se désintègre. Les proches de Wagner disparurent de l’état-major, le matériel militaire de la milice fut saisi par l’armée et son statut juridique fut remanié.

Parallèlement, une campagne médiatique vise à discréditer Evgénie Prigojine. Sa maison est perquisitionnée et des photos ridicules apparaissent en ligne. Les médias russes relaient massivement une série de six photos du chef de guerre dans des déguisements bizarres, portant des perruques mal ajustées et de fausses barbes. Le 16 juillet, une photo montrant le patron déchu en sous-vêtements sur un lit de camp a fait le tour du monde. Après avoir été au cœur de toutes les rumeurs, dont celle qui suggérait un retour du mutin en Afrique, l’histoire se termine le 23 août. Deux mois après sa rébellion, Eugène Prigojine meurt dans un accident d’avion aux circonstances troubles.

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Un an plus tard, le groupe paramilitaire a perdu son influence sur le front ukrainien. Placé sous l’autorité du ministère de la Défense, Wagner est principalement actif en Afrique, où il a été rebaptisé « Africa Corps » pour brouiller les traces. Composée d’anciens combattants de Wagner et de nouvelles recrues, elle consolide sa présence en Libye, au Soudan, en Centrafrique, au Mali et au Niger.

Malgré tout, la milice dont le slogan est « Sang, honneur, patrie et courage » et son ancien chef continuent d’imposer le respect à de nombreux Russes. Et sa rébellion a marqué durablement l’imaginaire du pays. A tel point que parmi l’AFP, certains font d’Evgueni Prigojine un chef de guerre respectable, comparable à d’illustres généraux. A Saint-Pétersbourg, une statue grandeur nature a été récemment déposée sur la tombe du mutin, décédé en moins d’un an. « traitre » a « grand homme » de l’histoire russe.


Félicia SIDERIS

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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