Nouvelles locales

l’assistant d’un député européen de l’AfD arrêté pour espionnage au profit de la Chine

L’assistant du député européen Maximilian Krah, tête de liste du parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD), a été arrêté en Allemagne pour des soupçons d’espionnage au profit de la Chine, a annoncé le parquet fédéral dans un communiqué, mardi 23 avril.

L’homme, un ressortissant allemand nommé «Jian G.» par le parquet, est accusé d’avoir espionné des opposants chinois en Allemagne et d’avoir partagé des informations sur le Parlement européen avec un service de renseignement chinois. Sur le site du Parlement européen, il fait partie de la liste des assistants accrédités inscrits de Maximilian Krah, pour qui il travaille à Bruxelles depuis 2019.

Un porte-parole du Parlement européen a annoncé « sa suspension » avec effet immédiat, « vu la gravité des révélations ». Dans un article sur X, M. Krah a annoncé qu’il mettrait fin à ses relations de travail avec Jian G. « si les accusations s’avèrent fondées ». L’élu est également cité dans l’affaire révélée par la Pologne et la République tchèque de corruption d’élus européens favorables à la Russie : il a reconnu début avril être apparu à deux reprises sur ce site de la Voix de l’Europe, mais ne pas l’avoir, « bien sûr, j’ai reçu de l’argent pour ça ».

« Les informations concernant l’arrestation d’un collaborateur de M. Krah sont très inquiétantes »de son côté, l’AfD a réagi à Berlin. « Comme nous n’avons actuellement aucune information supplémentaire à ce sujet, nous devons attendre la suite de l’enquête menée par le procureur général »a ajouté le parti d’extrême droite.

Nancy Faeser, la ministre allemande de l’Intérieur, a appelé« extrêmement grave » cette arrestation. « S’il est confirmé que les services de renseignement chinois ont espionné le Parlement européen de l’intérieur, ce serait une attaque contre la démocratie européenne »a-t-elle déclaré dans un communiqué de presse.

Dans son communiqué, le parquet précise que « L’accusé avait transmis à son client des services de renseignement des informations sur les négociations et les décisions du Parlement européen à plusieurs reprises en janvier 2024 ». «Il a également espionné des membres de l’opposition chinoise en Allemagne pour le compte des services de renseignement. » Le suspect, qui vit à Dresde et à Bruxelles, a été arrêté lundi à Dresde, dans l’est de l’Allemagne, et son domicile a été perquisitionné.

Un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, a catégoriquement nié ces accusations, déplorant une « calomnie » propre à « détruire l’atmosphère de coopération entre la Chine et l’Europe ». « La théorie de la menace d’un prétendu espionnage chinois n’est pas une nouveauté dans l’opinion publique européenne »il a fustigé.

Trois arrestations lundi

Cette arrestation intervient au lendemain des arrestations à Düsseldorf et Bad Homburg de Herwig F., Ina F. et Thomas R., trois ressortissants allemands soupçonnés de « pour avoir travaillé pour un service secret chinois » avant juin 2022. L’un d’eux notamment « récupéré des informations en Allemagne sur des technologies innovantes susceptibles d’être utilisées à des fins militaires ».

Ces arrestations interviennent une semaine après une visite du chancelier Olaf Scholz en Chine, où le dirigeant allemand a notamment tenté de convaincre Pékin de cesser de soutenir l’économie de guerre russe.

« La théorie de la menace d’un prétendu espionnage chinois n’est pas une nouveauté dans l’opinion publique européenne »a rappelé le porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, dénonçant un « calomnie » destiné à « détruire l’atmosphère de coopération entre la Chine et l’Europe ».

De son côté, la police londonienne a annoncé lundi l’inculpation de deux hommes âgés de 29 et 32 ​​ans soupçonnés d’espionnage pour le compte de la Chine entre fin 2021 et février 2023. Selon les médias allemands, les deux affaires ne seraient pas liées.

De son côté, le groupe des Verts au Parlement européen a réclamé mardi une enquête rapide sur les liens entre eurodéputés et puissances étrangères après l’arrestation de Jian G.. Dans un message publié sur X, Terry Reintke, son vice-président, a écrit : « A un « Chinagate » ajouté un « Russiagate », le Parlement européen doit accélérer son enquête »exigeant que  » résultats préliminaires «  sera publié avant les élections européennes, qui auront lieu du 6 au 9 juin. Les députés de la coalition de centre-gauche du chancelier Olaf Scholz ont annoncé jeudi un débat au Bundestag sur le thème « Menace pour notre démocratie – la Russie, la Chine et le rôle de l’AfD ».

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés L’espion chinois, le député belge et les institutions européennes

Le Monde avec l’AFP et Reuters

Réutiliser ce contenu

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
Bouton retour en haut de la page