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la vérité sur le travail des seniors

C’est une étude de l’Apec (Association pour l’emploi des cadres) qui tord le cou des râleurs, tous ceux qui voient les seniors comme des travailleurs épuisés et désillusionnés, pressés de faire valoir leur droit à la retraite. Car plus de sept cadres supérieurs sur dix se disent heureux dans leur travail, engagés, motivés, investis, à leur place dans leur poste. Dans le détail, près d’un tiers des cadres interrogés sont encore pleins d’envies concernant leur travail, et un tiers déclare « serein » face à leur travail. Le dernier tiers se partage entre la moitié (16%) qui sont très inquiets pour leur avenir professionnel et notamment le maintien de leur poste, et une autre moitié (15%) qui ne cache pas son envie de partir au plus vite. retraite.

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 » Manque de reconnaissance « 

« Globalement, les cadres supérieurs sont très attachés à leur entreprise et à leur travail, mais ils souffrent souvent d’un manque flagrant de reconnaissance. » note toutefois Gilles Gateau, le directeur général de l’Apec. En témoignent les augmentations de salaire. Certes, les cadres supérieurs ont des rémunérations plus élevées que les salariés plus jeunes, mais ils bénéficient moins que les autres des augmentations individuelles. Et Gilles Gateau regrette que les entreprises soient si réticentes à faire un geste envers les plus de 55 ans : « Beaucoup d’employeurs se disent « à quoi ça sert de faire un effort en termes de salaire, de formation ou encore de mobilité professionnelle pour des personnes qui se rapprochent de la retraite », c’est dommage et contre-productif. »

Et pour cause, la baisse des rémunérations liée à l’âge est de loin la première crainte des cadres supérieurs : près d’un sur deux s’inquiète de connaître une baisse, voire une stagnation de sa rémunération d’ici son départ. retraite. Surtout, le salaire reste le principal levier pour inciter les travailleurs à rester plus longtemps dans l’emploi. Ainsi, plus de 55 % des personnes interrogées par l’Apec citent une meilleure rémunération comme première motivation pour rester en poste.

Une disposition à laquelle les seniors sont particulièrement sensibles : l’aménagement progressif de leur temps de travail. Ainsi, 51% d’entre eux estiment qu’avoir plus de RTT et de jours de congés les amènerait à envisager de décaler la date de leur départ à la retraite… bien avant une diminution de la pression sur leurs résultats (42%) ou la possibilité de télétravailler davantage (36%) . Autre enseignement de l’étude, leur volonté très forte de la transmettre aux plus jeunes. Parallèlement, huit cadres supérieurs sur dix souhaiteraient continuer à suivre les projets dans lesquels ils sont impliqués et consacrer davantage de temps à la formation des collaborateurs et au transfert de connaissances. Pour ceux qui le font déjà – près d’un manager sur deux –, c’est un élément de satisfaction important, qui nourrit le sentiment d’utilité.

Un taux d’emploi en hausse

Une fois ces attentes présentées, l’enjeu est de les articuler avec les besoins et les modes d’organisation des entreprises. Certes, le taux d’emploi des 55-64 ans augmente significativement depuis plusieurs années. Il reste toutefois inférieur à la moyenne de nos voisins européens. En France, seuls 44 % des cadres entre 60 et 64 ans sont salariés. Sans compter que, dans la dernière partie de sa carrière, « une période de chômage marque souvent une rupture, car la difficulté de trouver un emploi est plus grande »prévient Gilles Gateau : « Pour une majorité de demandeurs d’emploi cadres âgés de 55 ans ou plus, les portes de l’embauche sont clairement fermées par les entreprises. C’est vraiment une question de fonctionnement du marché du travail qui doit changer. »

Il reste cependant un espoir : face aux tensions sur le marché du travail, la situation tend à s’améliorer. Lorsqu’ils ne trouvent pas les compétences chez les trentenaires ou quadragénaires, les employeurs s’intéressent alors à des cadres très expérimentés. Selon l’Apec, c’est particulièrement vrai dans l’industrie.