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Hommages dans toute la France à Gisèle Pelicot, une « icône malgré elle » qui a eu le courage de refuser un « huis clos »


RAPPORT – Alors que le procès pour viol de Mazan s’est ouvert le 2 septembre, plusieurs rassemblements de soutien à Gisèle Pelicot ont eu lieu ce samedi à Paris, Marseille, Nantes et Rennes.

« Merci Gisèle ». « Pour que la honte change de camp ». « Courage Gisèle »Ce samedi 14 septembre, une trentaine de rassemblements ont eu lieu partout en France pour soutenir Gisèle Pelicot, victime de son mari Dominique Pelicot : pendant près de 10 ans, le septuagénaire a proposé sa femme à des inconnus recrutés sur Internet. Au total, 50 d’entre eux ont été identifiés. Mais 30 sont toujours en fuite.

Selon les informations de la préfecture de police transmises à Figaro3 500 personnes se sont rassemblées cet après-midi à Paris, dans le XIe arrondissement, place de la République, pour clamer leur admiration pour le courage de Gisèle Pelicot, qui a refusé que le procès de ses 51 agresseurs se tienne à huis clos. À Marseille, selon France Bleue Provence, elles étaient près de 500. À Nantes, selon Ouest de la France ils étaient environ 500 rassemblés place Bouffay, et 600 à Rennes.

« Je ne suis pas ce qu’on appelle une féministe de gauche et je ne veux pas que cette affaire soit récupérée par les politiques. Mais je suis quand même venue aujourd’hui pour témoigner mon soutien à Gisèle Pelicot, que je trouve admirable. C’est une figure autour de laquelle toute la population veut se mobiliser. »dit le Figaro Julie, 42 ans, salariée dans un cabinet d’audit.

La déclaration d’un des avocats de la défense, « il y a viol et viol », a choqué la plupart des manifestants.
Margaux d’Adhémar / Le Figaro

Aurore a décidé de venir à cette manifestation lorsqu’elle a appris qu’un des avocats de la défense avait déclaré, devant les caméras, qu’il y avait « viol et viol ». « Je ne suis pas une habituée de ces rassemblements féministes, mais quand j’ai entendu cette phrase, j’ai été indignée. C’est pour cela qu’aujourd’hui je suis là. »explique le quadragénaire. « Gisèle Pelicot est un exemple de courage et d’altruisme incroyable. C’est pour lui rendre hommage que je suis ici aujourd’hui. »acquiesce un ami d’Aurore.

3 500 personnes se sont rassemblées place de la République pour manifester leur soutien à Gisèle Pelicot.
Margaux d’Adhémar / Le Figaro

« C’est un procès historique qui montre que les violeurs sont loin d’être des monstres : ce sont des hommes ordinaires. »explique Raphaëlle, qui travaille dans une institution européenne à Bruxelles. « Quand les avocats jouent sur la notion d’« intention » en déclarant qu’il y a viol et viol, on ne peut que constater qu’il y a une réelle insécurité juridique en France sur la notion de consentement. »poursuit le jeune trentenaire.

D’autres manifestants, comme Raphaëlle, espèrent pouvoir « bousculer les lignes de la législation française » à travers l’affaire Pelicot. « La différence entre l’affaire Gisèle Pelicot et d’autres affaires de viols, c’est que, dans ce cas précis, il est impossible de nier les preuves, puisqu’il y a des vidéos. Gisèle Pelicot a des preuves concrètes de ses viols. Peut-être que si le mari n’avait pas enregistré ces images, on n’aurait jamais découvert ce que personne, d’ailleurs, n’aurait pu croire. »explique Manon, 24 ans, qui travaille à temps partiel dans le secteur du spectacle.

« Les montres n’existent pas »
Margaux d’Adhémar / Le Figaro

Si de nombreux jeunes hommes et femmes sont présents aujourd’hui, quelques sexagénaires et septuagénaires sont également venus soutenir Gisèle Pelicot. « Je trouve ce qu’elle a fait d’autant plus admirable que, dans ma génération, ces choses-là étaient taboues, on n’en parlait pas du tout. »» souffle Josée, 72 ans, ancienne salariée d’Air France. « À mon époque, si quelque chose comme ça avait été révélé, les gens auraient dit : « Non, ce n’est pas possible » »dit le retraité.

« Gisèle, merci »
Margaux d’Adhémar / Le Figaro

« Pour moi, Gisèle incarne le courage. Sa figure est rassembleuse. D’une certaine manière, elle est devenue une icône malgré elle. C’est peut-être même la nature d’une icône de ne pas choisir de le devenir. »philosophe Théophile, 25 ans, étudiant inscrit aux concours d’administration. « Le fait même que son nom soit scandé et que l’on constate sur les pancartes la facilité avec laquelle, en quelques traits, on la reconnaît, en dit long sur ce qu’elle représente. »continue le jeune homme. Son amie Lucie est, quant à elle, « remué » par ce procès. « On a l’impression d’être au début de quelque chose »elle chuchote.

« La honte change de camp »
Margaux d’Adhémar / Le Figaro

Mais certaines militantes féministes, habituées à ces rassemblements, déploient aussi un discours plus idéologique, que l’on voit fleurir ailleurs dans d’autres rassemblements. Pour elles, plus généralement, ce procès est l’occasion pour leurs compagnes de « se rendent compte qu’ils ont été éduqués dans le patriarcat ». « C’est une chose difficile à entendre pour mon mari, mais maintenant il se pose des questions, ainsi que ses amis. Il se remet en question, il prend conscience de certaines choses. »se réjouit un manifestant quinquagénaire. Loin de ces leçons très politiques, ce qui reste surtout, c’est le visage de Gisèle Pelicot, avec ses lunettes rondes et son carré, devenu en quelques jours celui du courage.

« Courage Gisèle »
Margaux d’Adhémar / Le Figaro

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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