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torrent de critiques contre la candidate à la vice-présidence de Trump, Kristi Noem, l’élue qui a tué son chien

Aux États-Unis, il vaut mieux ne pas tuer son chien lorsqu’on est candidat à un mandat politique. Kristi Noem, pressenti pour la vice-présidence sur la liste des candidats à l’élection présidentielle de novembre aux côtés de Donald Trump, est assaillie de critiques après avoir admis qu’elle avait tué son chien.

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Kristi Noem, gouverneure républicaine du Dakota du Sud, le 16 mars 2024. (KAMIL KRZACZYNSKI / AFP)

Le personnage principal de cette histoire s’appelle Cricket. C’était une femelle braque âgée d’environ 14 mois qui aurait dû devenir une pro de la chasse au faisan. Sauf que le Cricket s’est avéré impossible à entraîner. De caractère difficile, impatiente et dissipée, parfois agressive, elle courait après tout. Elle avait même mangé les poulets du voisin. Exaspérée par son comportement, il y a quelques années, sa maîtresse lui a pris son arme, l’a emmené dans une carrière et lui a tiré une balle dans la tête. Fin de partie pour le Cricket.

Sauf que sa maîtresse n’est pas n’importe qui : Kristi Noem, 52 ans, gouverneure du très rural Dakota du Sud et étoile montante du parti républicain. Elle figure sur la « short list » pour former un ticket avec Donald Trump comme candidat à la vice-présidence.

Un chien et une chèvre tués le même jour

Comme tout homme politique qui cherche à se faire connaître, elle a écrit ses mémoires : Pas de retour en arrière : la vérité sur ce qui ne va pas en politique et comment nous faisons avancer l’Amérique. Le livre ne sort que dans dix jours, mais le Gardien a publié les bonnes feuilles vendredi 26 avril. Notamment ce passage où Kristi Noem raconte la fin de vie de Cricket, un chien dont elle dit « détester« .

Et celle d’une chèvre de son ranch, un animal belliqueux, non castré, à l’odeur terrible, qui avait pour habitude de foncer sur ses enfants. Le même jour que Cricket, Kristi Noem lui tire également dessus avec son revolver. Deux balles cette fois car elle a raté la première. Il y a des témoins. « Ce n’était pas un travail agréable, mais il fallait le faire« .

« Un tueur en série avec des facettes dentaires »

Mais pourquoi dit-elle tout cela ? Pour montrer qu’elle est prête pour « Plus difficile ». Qu’elle n’a pas peur lorsqu’il s’agit de faire ce qui est bon pour le pays. Pour opposer l’Amérique démocratique des villes et l’Amérique profondément républicaine des champs. Cela colle d’ailleurs plutôt bien au personnage : Kristi Noem est une ultra-conservatrice en matière d’avortement (elle a d’ailleurs fait de 2024 l’année de « Liberté pour la vie ») et elle a refusé d’imposer le port du masque pendant le Covid.

Sauf que ses confidences se transforment en déconfiture politique : l’histoire de Cricket et de la chèvre choque l’Amérique, où 86 millions de foyers possèdent un animal de compagnie. Des dizaines d’élus démocrates, dont des gouverneurs, ont commencé à publier une photo d’eux-mêmes avec leur chien sur les réseaux sociaux. « Des chiens pour Biden »», disent désormais les affiches de campagne du président sortant. L’ancien conseiller de Barack Obama devenu podcasteur, Tommy Vietor, a décrit le gouverneur comme « Jeffrey Dahmer avec des facettes » – en référence à un célèbre tueur en série et à un récent scandale concernant les soins dentaires esthétiques de Kristi Noem.

Même dans le camp républicain, des voix s’élèvent pour dénoncer la cruauté de Kristi Noem. Le Lincoln Project, un PAC anti-Trump fondé par d’anciens membres du Parti républicain, a publié sa propre vidéo, accompagnée d’un hashtag #Justice4Cricket. « Vous ne pouvez pas tirer sur votre chien et ensuite devenir vice-président. » soutient toujours Laura Loomer, militante d’extrême droite et partisane controversée de Donald Trump.

Nixon en 1952, Romney en 2012

Un sondage réalisé par une société démocrate, New River Strategies, assure que 81 % des Américains désapprouvent les actions du gouverneur du Dakota du Sud. Et la plupart des observateurs estiment que ses chances de remporter la vice-présidence sont quasiment nulles.

Ce qui lui arrive n’est pas une première : en 1952, alors candidat républicain à la vice-présidence, Richard Nixon s’attire des critiques en admettant avoir reçu un chien, Checkers, comme cadeau politique. En 2012, alors qu’il était candidat républicain à la présidentielle, Mitt Romney a été mis au pilori pour avoir attaché un chien, Seamus, au toit de la voiture familiale lors d’un voyage à travers le pays.

L’intéressée répond en incitant ses détracteurs à lire son livre, où il y a « autre chose« que ces histoires », dit-elle.J’espère que tous ceux qui liront ce livre comprendront que je m’efforce toujours de prendre les meilleures décisions possibles pour les gens qui m’entourent. Que ce soit à la tête du ranch ou en politique, je n’ai jamais confié mes responsabilités à quelqu’un d’autre. Même si c’est difficile et douloureux. J’ai obéi à la loi et j’ai été un parent, un propriétaire de chien et un voisin responsable.« .

Mais, en même temps, elle assume ses responsabilités, expliquant surétait dans sa famille depuis 25 ans. Nous aimons les animaux, mais dans une ferme, des décisions difficiles surviennent tout le temps.« . Donad Trump, très occupé la semaine dernière avec son procès lié à l’ancienne star du porno Stormy Daniels, n’a pas encore réagi. Ce sont les électeurs qui trancheront.

L’élue écrit elle-même dans son livre qu’elle a su prendre un risque politique en assumant publiquement la responsabilité de ses actes : «Si j’étais un meilleur politicien, je ne raconterais pas cette histoire. ». C’est un peu ce qu’on se dit.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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