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Eramet et sa filiale en guerre ouverte avec la province Nord

L'indépendantiste Paul Néaoutyine, président de la province Nord de Nouvelle-Calédonie, à Koné, le 28 septembre 2020.

A minuit pile, dans la soirée du mercredi 10 avril, les mines de la Société Le Nickel (SLN) situées dans la province Nord sont tombées dans le silence. Fini le balayage des machines minières et le bruit des trieurs de minerais, les 750 salariés de la SLN (qui compte 2 359 salariés au total) s’affairent désormais aux tâches « sécurité du site », en attendant un hypothétique accord entre l’entreprise et le président emblématique de la province nord de Nouvelle-Calédonie, l’indépendantiste Paul Néaoutyine. Un épisode de plus dans la grave crise du nickel que le ministre de l’Economie Bruno Le Maire s’était engagé à résoudre dans un nouveau « pacte ». Et ce, au moment où la crise politique liée au gel du corps électoral atteint également son paroxysme en Nouvelle-Calédonie : samedi, 20 000 manifestants indépendantistes et non indépendantistes sont attendus à Nouméa.

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Paul Néaoutyine, homme aux paroles aussi rares que tranchantes, a tapé du poing sur la table mercredi, mettant la SLN en demeure de fournir les garanties financières nécessaires à l’exploitation pendant quatre ans de ses neuf sites miniers situés dans la province du Nord. Des garanties destinées à couvrir les dommages environnementaux en cas d’accident ou de faillite d’entreprise, qui s’élèvent à 30 millions d’euros pour cette seule province, 52 millions pour l’ensemble des sites miniers SLN du territoire.

Une obligation légale pour Paul Néaoutyine, un poids mort dans une comptabilité déjà dans le rouge pour la gestion de la SLN. Cinq mois de procédure de conciliation n’ayant pas permis à la SLN de redresser sa situation, son directeur général, Jérôme Fabre, a annoncé mercredi demander son placement sous mandat ad hoc auprès du tribunal de commerce. A ce jour, la trésorerie de l’entreprise ne lui donne une visibilité que jusqu’à fin mai.

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Mercredi, Eramet – dont l’Etat est actionnaire à 27%, et qui a pourtant annoncé à plusieurs reprises qu’il ne financerait plus sa filiale calédonienne – est finalement venu en aide à la SLN, en débloquant le montant des garanties pour une période seulement deux mois. Premier refus de Paul Néaoutyine qui ordonne l’arrêt de l’activité minière. Chose faite à minuit et nouvel appel à l’aide d’Eramet qui promet de garantir douze mois d’activité, contre les quatre ans exigés par la province Nord.

Situation explosive

Réelle difficulté ou négociation marchande de tapis ? La SLN a annoncé jeudi soir la reprise de son activité ce vendredi sans attendre l’aval de la province avant de reculer, face à une nouvelle lettre courroucée de Paul Néaoutyine, et peut-être aussi au début d’une contestation interne : « Nous avions donné consigne à nos adhérents de ne pas reprendre l’activité, de rester en service, mais surtout de ne pas reprendre les machines »a déclaré Arnold Delrieu, secrétaire général adjoint du syndicat minier majoritaire, le CSTNC, sur radio Nouvelle-Calédonie la 1.D. Quelques heures plus tard, un communiqué intersyndical réclamait « la direction générale de la SLN avec le concours d’Eramet pour répondre à toutes les exigences réglementaires ».

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Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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