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endettée, Colette, 74 ans, doit retourner en cuisine

Alors qu’elle pensait profiter de sa retraite, Colette Caron, ancienne restauratrice dans le Lot-et-Garonne, a dû retourner aux fourneaux. Elle avait pourtant vendu son entreprise en juillet 2023, mais l’acheteur a fermé la porte et a cessé de la rembourser.

Ce dimanche 14 avril, Colette Caron déambule entre les tables de son restaurant. « Je t’ai laissé cette petite table, au cas où tu aurais quelque chose à mettre dessus. » dit-elle à sa serveuse qui s’affaire à installer les couverts. L’heure du service approche, et le restaurant La Table d’Antan, à 15 minutes d’Agen, affiche complet. Colette a même dû refuser des clients. « Mieux vaut faire un peu bien que beaucoup » justifie-t-elle avant de jeter un dernier regard sur les préparatifs.

La restauratrice connaît ces gestes par cœur : elle les a réalisés pendant vingt-deux ans, ici même à Bon-Encontre. En juillet 2023, elle pensait pourtant avoir définitivement tourné la page, en vendant son entreprise. Colette Caron a largement dépassé l’âge de la retraite et l’acheteur est un chef renommé. Les deux parties s’accordent sur un prêt vendeur de 140 000 euros, Colette espère alors bénéficier d’un repos bien mérité.

Le répit ne sera que de courte durée. Quelques mois plus tard, le nouveau propriétaire ferme ses portes et arrête de rembourser le prêt. « Je n’ai jamais pensé une seule seconde que ça pourrait finir comme çareconnaît la dynamique septuagénaire. Il arrive parfois que des gens veuillent acheter des restaurants sans se rendre compte de ce que cela représente. Mais là, j’avais affaire à un professionnel qui avait plein de projets !

Lourdement endettée, elle n’a plus le choix. Sa fille lance une collecte de fonds pour l’aider à restaurer les lieux. Le jeune retraité reprend alors le bail et retourne travailler, avec un objectif : remettre l’entreprise sur les rails avant d’espérer la revendre.




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A 74 ans, Colette, restauratrice, reprend du service



©France 3 Aquitaine

Ce retour derrière les fourneaux ne faisait pas partie de ses projets. La restauratrice, qui propose des menus à base de produits locaux pour des prix allant de 17 à 35 euros, tenait à céder son affaire. « J’aurais pu un jour fermer les volets et partir. Mais cela aurait été déchirant. » La désillusion est d’autant plus amère que Colette Caron assure avoir toujours été disponible pour l’acheteur, à qui elle rendait régulièrement visite. « Nous avons travaillé en binôme pendant tout le mois de juin. Il savait que j’habite à 800 mètres, qu’il pouvait demander de l’aide« .

Je trouve que c’est un manque d’humilité. Demander de l’aide, ce n’est pas faire preuve de faiblesse !

Colette Caron

Restaurateur à Bon-Encontre (47)

Ce dimanche 14 avril marque la réouverture du restaurant. Un événement stressant pour la restauratrice, qui veut être à la hauteur de sa réputation. Même si les différents messages de soutien reçus via les réseaux sociaux ont plutôt de quoi la rassurer. « Nous vous proposons une cuisine traditionnelle, avec des produits locaux. Dans le secteur, nous n’en avons pas, et les clients sont exigeants, ils étaient assez impatients« , elle sourit.
Tout en discutant, le chef s’empare d’un foie gras et d’un long couteau. Les gestes sont précis, ceux d’un habitué. Malgré le contexte, Colette l’avoue, elle aime toujours autant son métier. Sa marque de fabrique se résume en quelques mots : «le client attend d’être bien reçu, d’avoir des produits locaux, de saison et frais »

Je fais ça depuis cinquante ans, je ne sais pas faire autre chose.

Colette Caron

Restaurateur à Bon-Encontre (47)

Côté client, le verdict ne se fait pas attendre : la satisfaction est au rendez-vous. « Nous voulions être là aujourd’hui. Elle a un contact exceptionnel et sa cuisine est très très bonne. »salue un habitué. « Nous avons choisi cet endroit pour fêter un anniversaire. Nous tous à Bon-Encontrais avons suivi l’histoire depuis le début et nous avions à cœur de l’aider et de faire participer les gens. »dit un autre client.

Du baume au cœur pour le restaurateur, qui s’est déjà préparé à travailler au moins tout l’été, 70 heures par semaine. « J’ai toujours de la colère. Mais je me dis que les clients reviendront, et que je trouverai un acheteur sérieux« , elle espère.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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