Nouvelles sportives

Challenge Cup – « Nous souhaitons créer un programme d’échange avec les dirigeants de Clermont » : Marius Joubert s’exprime avant la demi-finale de l’ASM

A quelques jours de la demi-finale de Challenge Cup entre Clermont et les Sharks, Marius Joubert a évoqué ses souvenirs en jaune et bleu. Centre de l’ASM entre 2007 et 2011, l’ancien Springbok (44 ans ; 30 sélections) espère retrouver le club auvergnat dans de futurs projets.

Marius, quel est ton quotidien onze ans après avoir terminé ta carrière professionnelle chez les Sharks ?

Je vis à Paarl, en Afrique du Sud, aux côtés de ma femme, Stephanie, et de mes trois enfants. Nous avons aussi une entreprise de conteneurs qui nous prend beaucoup de temps, nous achetons et vendons des conteneurs et cela fonctionne plutôt bien. Les problèmes de sécurité sont nombreux sur les chantiers en Afrique du Sud et les conteneurs sont de véritables solutions pour conserver les équipements et matériaux.

Vous avez terminé votre carrière chez les Durban Sharks en 2013, vous souvenez-vous de votre dernier match ?

Je m’en souviens très bien oui, c’était un match de Currie Cup, j’ai marqué deux essais ce jour-là mais je me suis cassé la cheville. Cette blessure a mis fin à ma carrière, malheureusement ce n’était pas une fin de conte de fées, et c’était très émouvant de dire au revoir à mes coéquipiers, au rugby en général et à tous les moments que j’ai vécus au cours de ma carrière. Chaque athlète de haut niveau veut finir au sommet, mais c’était très différent pour moi. J’avais trente-quatre ans à l’époque et c’était vraiment difficile de s’arrêter et de commencer une nouvelle vie.

Vous êtes l’un des rares joueurs à avoir joué pour les Sharks et Clermont. Quel regard portez-vous sur la demi-finale de Challenge Cup entre les deux clubs ?

Les deux équipes connaissent des saisons similaires. Ils ont tous deux changé d’entraîneur récemment et ont eu du mal à dominer dans leurs championnats respectifs, mais ils abordent les demi-finales avec une confiance maximale basée sur leurs récentes performances. Clermont a notamment livré un gros match face au Stade Français et les Sharks enchaînent plusieurs victoires de suite, donc cette affiche promet beaucoup !

Quel secteur sera déterminant lors de cette rencontre ?

La conquête. Les matchs de la phase finale se décident très souvent sur la domination du peloton avancé. Les Sharks disposent d’un pack énorme, mais si Clermont parvient à résister tout en réussissant la conquête ils iront en finale. Car derrière eux, ils ont des joueurs comme George Moala ou Alivereti Raka qui font tellement de différences. J’espère vraiment que Clermont abordera cette rencontre avec une immense faim de ramener un trophée cette saison. Cela pourrait être très compliqué pour le Top 14 donc il faudra tout miser sur la Challenge Cup.

En 2007, vous arrivez à Clermont en provenance des Stormers et avec le statut de Springbok. Qu’est-ce qui vous a convaincu de venir en Auvergne ?

A cette époque, je n’avais pas été sélectionné dans l’équipe sud-africaine qui allait remporter la Coupe du monde en France. J’ai senti qu’il était temps de partir, Vern Cotter et Jean-Marc Lhermet m’ont contacté à ce moment-là. J’ai été approché en même temps que John Smit, le capitaine des champions du monde, et j’ai pensé que ce changement de vie me serait extrêmement bénéfique, surtout dans un club historique comme Clermont. À côté de Cotter, Joe Schmidt était l’entraîneur des arrières, donc cela pèse aussi. Au niveau des joueurs, je suis arrivé dans une équipe pleine de sélections avec Rougerie, Ledesma, Bonnaire… C’était très difficile de dire non et j’étais très content d’être contacté par l’ASM !

Marius Joubert, lors de sa première saison à Clermont, face à Bourgoin.
Marius Joubert, lors de sa première saison à Clermont, face à Bourgoin.
Jean Gervais / Icône Sport

Comment vous êtes-vous adapté à ce changement radical ?

Ce n’était pas difficile, les joueurs et le staff étaient très accueillants et professionnels. J’avais l’habitude d’avoir des coachs aussi durs que Vern, et tout était plus facile parce qu’on commençait à gagner beaucoup. J’ai été élu homme du match contre le Munster en Coupe d’Europe, donc ça m’a beaucoup aidé en termes de confiance. J’étais aussi à l’aise en jouant premier ou deuxième centre, selon le positionnement d’Aurélien Rougerie. C’était une super expérience, j’ai vraiment adoré mon séjour à Clermont.

Quels sont vos meilleurs souvenirs à Clermont ?

L’année 2010. Mon premier fils est né cette année-là et nous avons enfin levé le bouclier de Brennus ! Nous avions tellement perdu auparavant que c’était un immense soulagement, et je me sens privilégié d’avoir pu jouer dans cette magnifique équipe.

Quelle est votre meilleure anecdote ?

Après une défaite à La Rochelle en 2010, Vern nous a enflammé dans le vestiaire. Il nous a crié dessus très fort et nous a donné rendez-vous au centre d’entraînement dimanche matin à 8 heures du matin. Nous avions tous un peu peur et nous attendions à faire beaucoup de physique et de contacts brutaux, mais quand nous sommes arrivés tôt le matin, notre casier la salle était pleine de bières ! Tout le monde a partagé un excellent moment et je pense que nous en avions besoin en termes de cohésion et d’état d’esprit, Vern l’a bien compris. Mais ce fut une belle surprise !

La défaite contre La Rochelle en 2010 reste chargée de souvenirs pour Marius Joubert.
La défaite contre La Rochelle en 2010 reste chargée de souvenirs pour Marius Joubert.
Romain Perrocheau / Icon Sport

Avez-vous gardé le contact avec vos anciens coéquipiers clermontois ?

Bien sûr et je regarde toujours tous les matchs. J’aimerais voir le club un peu plus haut, mais je crois qu’ils ont de grandes choses prévues pour l’avenir, et j’ai hâte de les voir affronter les Sharks samedi. Nous avons un groupe Whatsapp avec des anciens élèves de 2009-2010 où nous discutons beaucoup. J’ai entretenu des relations étroites avec Brock James et Aurélien Rougerie et j’ai récemment rencontré Didier Retière et Jean-Claude Pats, le président de l’ASM. Nous avons l’ambition de créer un programme d’échange et de tisser des liens entre Clermont et l’Afrique du Sud, notamment pour les jeunes joueurs.

Vous avez joué avec plusieurs clubs sud-africains (Stormers, Cheetahs, Sharks), lequel a une place particulière dans votre cœur ?

Les Stormers. J’ai joué plus d’une cinquantaine de matchs de Super Rugby avec eux, j’étais Springbok pendant mon séjour là-bas, on avait une communauté de supporters incroyable… Les Stormers et Clermont sont mes deux clubs préférés.

Vous souhaitez revenir à Clermont ?

Oui ! Nous voulons faire des choses avec les dirigeants comme je l’ai dit, donc nous verrons. Peut-être que mes fils porteront aussi le maillot jaune et bleu dans quelques années (rires).

Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.
Bouton retour en haut de la page