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Scénario Cac 40 : une bonne respiration avant de reprendre la course haussière ?

Après un nouveau record historique au-dessus des 8 250 points il y a quelques jours, la volatilité des marchés américains est entrée dans les indices européens… Et ce n’est pas une mauvaise chose.

Une combinaison d’éléments a conduit à ce rebond de la volatilité. C’est d’abord un membre de la Fed, Austan Goolsbee, habituellement très « colombe », qui a le premier évoqué la possibilité que les taux de la Fed ne baissent pas cette année si l’inflation continuait à stagner comme elle le fait depuis un trimestre (core L’inflation du PCE sur une base annuelle n’a ralenti que de 0,1% au cours des trois derniers mois).

Il a tenu ces propos jeudi dernier, et a été rejoint le même jour, à quelques minutes d’intervalle, par un autre membre de la Réserve fédérale, Neel Kashkari, faucon cette fois : « La Fed pourrait ne pas baisser ses taux cette année si l’inflation stagne « .

Ces commentaires interviennent après une nette hausse des taux américains ces derniers jours (le taux à 10 ans augmentant de 25 points de base en une semaine), déclenchée par les chiffres de l’inflation du PCE, par un fort rebond de la composante prix de l’ISM manufacturier, par le rebond des matières premières… et par l’intervention de Jerome Powell la semaine dernière, nettement plus « data dependant » et « centriste » que lors de la conférence de presse de la Fed il y a deux semaines.

Le communiqué de la Maison Blanche publié la semaine dernière a également contribué à ce regain de volatilité, Joe Biden haussant le ton concernant la politique militaire menée par Israël dans la bande de Gaza.

Le VIX a presque atteint 17 après avoir été sous la barre des 13 quelques jours plus tôt, soit une hausse de 30% en moins d’une semaine.

Un autre membre de la Fed, Michelle Bowman, a également renforcé les doutes quant au calendrier des baisses de taux de la Fed. Elle a déclaré vendredi : « Bien que ce ne soit pas mon scénario de base, je continue de percevoir le risque que lors d’une prochaine réunion, nous soyons obligés de relever encore le taux directeur si la croissance de l’inflation stagne, voire s’inverse. « .

Ce regroupement de déclarations semble avoir été préparé intentionnellement pour resserrer un peu les conditions financières. Le bon rapport sur l’emploi américain vendredi (un autre) et la hausse des matières premières, liée en partie à une activité qui semble s’améliorer en Chine, ainsi que la faible progression de l’inflation américaine ces derniers mois peuvent expliquer ce durcissement de ton.

Alors que les probabilités d’un statu quo de la Fed sur les taux en juin étaient de 0% fin 2023 (les marchés étant alors convaincus qu’il y aurait au moins 6 baisses de taux en 2024), cette probabilité a rebondi très fortement ces derniers jours à… 47% ! Pour résumer : le marché considère qu’il y a presque une chance sur deux que la Fed ne baisse pas ses taux en juin même si le jeu semblait joué d’avance, notamment parce que la BCE a clairement marqué le terrain pour sa première baisse en juin. …

Le taux à 10 ans américain évolue désormais à plus de 4,40% (alors qu’il était tombé à près de 3,8% après l’erreur de communication de Jerome Powell en décembre, qui ouvrait trop tôt la porte à des baisses de taux…). Ce rebond des taux américains entraîne également un rebond des taux en Europe.

Le rebond de la volatilité, qui vient principalement des Etats-Unis, pourrait avoir ses effets depuis quelques temps sur les marchés européens et sur le Cac 40. Je reste confiant dans la trajectoire haussière de l’indice à moyen terme, mais un « pullback » cela ne serait pas impossible dans le contexte actuel. Le « pullback » serait un retour du Cac 40 au contact de l’ancienne résistance oblique passant par les sommets de 2022 et 2023, et qui s’élève actuellement à 7.730 points. Cela correspondrait à une correction supplémentaire de 4% à 5% par rapport au niveau actuel (8 112 points).

Le « risque » reste cependant haussier pour le Cac 40, ce qui fait que la probabilité d’une forte correction semble relativement faible alors que le potentiel de hausse semble encore très présent sur un horizon de moyen terme. Cela signifie également que toute correction légèrement significative (de l’ordre de 5% à 10%) doit plutôt être exploitée comme une stratégie de « buy the dip » plutôt que interprétée comme le début d’une correction majeure.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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