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Dette de la France en hausse : est-ce un vrai problème ?

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En cette année électorale, un chiffre publié le 26 mars a eu l’effet d’un électrochoc dans le débat économique et politique. Il s’agit du déficit public de la France qui correspond à la différence entre les dépenses publiques totales et celles des recettes fiscales perçues au cours de la même année.

Son montant a atteint 154 milliards d’euros en 2023, soit 5,5% du produit intérieur brut (PIB) qui mesure l’ensemble de la richesse créée par l’économie et avoisine les 2.800 milliards d’euros en 2023. Le gouvernement tablait sur une augmentation de ce déficit de 4,9% du PIB, après 4,8% en 2022, 6,6% en 2021 et 8,9% en 2020, année exceptionnelle en raison de la crise sanitaire.

Dans le détail, le chiffre de 5,5% pour 2023 ne résulte pas d’un dérapage incontrôlé des dépenses par rapport aux recettes, puisque les deux composantes du déficit diminuent proportionnellement au PIB. Mais les recettes ralentissent bien plus significativement (51,9% du PIB en 2023 après 54% en 2022) que les dépenses (57,3% en 2023 contre 58,8% en 2022). Aussi, le déficit augmente mécaniquement.

Bref, le gouvernement dépense plus qu’il ne gagne, ce qui n’est pas nouveau puisqu’il faut remonter 50 ans en arrière, jusqu’en 1974, pour retrouver trace du dernier budget français en équilibre et donc d’un déficit nul. Depuis, les chocs pétroliers, la crise économique, le chômage de masse et un besoin croissant d’interventionnisme ont conduit l’État à augmenter ses dépenses.

Les déficits publics se sont donc accumulés au fil des années et la somme totale de ces déséquilibres, que l’on appelle la dette de la France, est aujourd’hui d’environ 3 100 milliards d’euros, soit 110,6 % du PIB. L’État français est ainsi endetté depuis plus d’un an de création de richesse, ce qui l’oblige à faire appel aux marchés financiers pour lever des fonds qui s’avèrent coûteux lorsque les taux d’intérêt sont en hausse, comme actuellement. Pour 2023, les intérêts de cette dette représentaient à eux seuls plus de 50 milliards d’euros, quatrième poste de dépense après les armées (64 milliards), mais avant la transition écologique et la cohésion territoriale (41 milliards).


Pour satisfaire votre curiosité :


Cette dette est gérée par l’Agence France Trésor et financée par l’émission, chaque semaine, de titres sur les marchés financiers qui doivent être payés, intérêts compris, dans un délai qui varie de 13 semaines à 50 ans selon les titres. Au total, cette dette a une maturité moyenne (ou échéance) de 8 ans, ce qui n’est pas beaucoup, un atout. Mais cela ne veut pas dire que la France sera largement désendettée d’ici 8 ans, car il y a un turnover : le pays se réendette pour payer ses dettes.

Les détenteurs de cette dette sont principalement et de plus en plus des investisseurs étrangers, mais aussi des compagnies d’assurance et des banques qui placent leur argent « sans risque » considérant que la France est l’un des meilleurs emprunteurs possibles dont les risques de faillite sont faibles. très limité. A l’image de ses domaines forestiers et viticoles, ou de ses clubs de football, la France est donc attractive par sa dette publique sur les marchés financiers, mais les détenteurs de cette dette sont discrets et les informations sont rares sur les qualités et les pays d’origine de ces investisseurs, qui sont pour le moins prudent.

Ainsi les agences de notation internationales chargées de « noter » la dette française en fonction de son risque ont récemment conservé sa note « AA », la troisième meilleure note sur vingt-six (la meilleure étant « AAA » et la pire « D »). ), mais a une nouvelle fois accompagné cette note d’une alerte aux « perspectives négatives », jusqu’à présent sans réaction négative des marchés financiers, une chance. Certains pays font mieux avec le triple A (Allemagne, Australie, Canada, Danemark, Norvège, Pays-Bas, Suède, USA), mais la France est, comme le Royaume-Uni (AA), une très bonne signature en Europe par rapport à l’Espagne (A). ou Italie (BBB).

Il n’en reste pas moins que cette dette est de plus en plus coûteuse et constitue un héritage qui pèse sur les générations futures, surtout lorsqu’elle n’est pas pleinement utilisée pour financer des projets structurants de long terme dont ces générations futures pourraient bénéficier. Après la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, l’État français peine à revenir à respecter les critères du traité de Maastricht qui interdisent aux États de la zone euro d’avoir un déficit supérieur à 3 % du PIB et une dette supérieure à 60 % du PIB, même si ces critères sont récemment devenus plus flexibles.

Nous en sommes très loin et la tendance est négative, ce qui est un défaut pour la deuxième économie de la zone euro. Le traité a en effet été assoupli en 2005 pour autoriser le dépassement de ces seuils, mais seulement de manière « exceptionnelle et temporaire ». La France est donc un mauvais élève en Europe et perd en crédibilité. Le risque est surtout là, en termes d’image. Le dicton dit qu’il existe deux manières de conquérir et d’asservir un pays : l’une par l’épée, l’autre par la dette. Dans un contexte inflationniste marqué et un agenda politique chargé à court et moyen terme, une hausse significative des taux d’intérêt des emprunts français serait un coup dur pour notre économie au moment où l’Europe est en perte de vitesse.

Il y a donc une certaine urgence pour l’exécutif d’agir dans le sens d’une réduction des dépenses, d’autant que les perspectives de croissance économique pour 2024 sont faibles, voire nulles, et qu’il ne faut donc pas compter sur une augmentation automatique des recettes. Des coupes budgétaires ont été opérées en urgence en février, pour dix milliards d’euros, dans les domaines de l’écologie, de l’emploi, de l’enseignement supérieur, de l’aide publique au développement, des aides au logement, mais aussi dans la police ou les prisons. Des choix discutables qui ciblent des projets pourtant considérés comme prioritaires, alors que le gouvernement refuse toujours d’augmenter les impôts sur les plus hauts revenus et de taxer les « super profits » des entreprises – deux ans seulement après le « quoi qu’il en coûte » et les centaines de milliards de dollars. l’argent public injecté dans le secteur privé – mais pour combien de temps encore ?

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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