Contrôle technique des motos de collection : « Encore faut-il savoir les démarrer ! »
C’est une obligation qui n’est pas acceptée par les amateurs de mécaniques anciennes. Depuis le 15 avril, le contrôle technique est obligatoire pour tous les véhicules motorisés à 2 ou 3 roues ainsi que les quadricycles motorisés mis en circulation après 1960. Une mesure qui inquiète les adhérents du club Auto-Moto-Rétro de Figeac.
« Je suis sceptique quant à l’efficacité réelle de cette mesure », a déclaré Benjamin Rauffet, président d’Auto-Moto-Retro. « Pour moi, c’est un contrôle inutile et techniquement non justifié. » Ce passionné qui possède notamment une moto à tube s’interroge sur les capacités réelles des techniciens qui seront chargés de contrôler le deux roues. « Je n’ai rien contre les techniciens mais encore faut-il qu’ils puissent déjà les démarrer », ironise-t-il.
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Le décret d’octobre 2023 tente d’apporter une réponse à cette difficulté. Le texte autorise l’inspecteur à inviter le propriétaire à manipuler lui-même sa machine dans la zone d’inspection. « Mais sur quelles bases ce contrôle pourra-t-il être effectué pour les modèles les plus anciens ? Certains modèles ne comportent aucune notice technique», poursuit le président du Club. Pour ces collectionneurs qui chouchoutent leur moto, la question de la sécurité ne se pose pas. « Pensez-vous que nous avons attendu que ce contrôle soit exigé pour bien entretenir nos motos ? Tout le monde peut comprendre l’impact d’un accident pour nous, motards.
Des collectionneurs désillusionnés partagent leur ressenti
« Je comprends qu’il soit nécessaire de procéder à un contrôle technique des modèles de motos les plus récents en circulation » ajoute Véronique Chapotot, secrétaire du club. « Mais nous sommes des collectionneurs. Moi, je n’ai qu’un Gima 125 cm3 ; mais mon partenaire possède sept motos des marques BMW, Norton et Voxan. Il les sort rarement de son garage. Certains vélos ne sont pas sortis depuis plus de trois ans. Alors Véronique Chapotot se demande ce qu’elle doit faire. « Si j’ai bien compris, le premier contrôle technique doit être effectué entre le 15 avril et le 14 août. Mais après ? Nos motos seront-elles toujours assurées par les compagnies ? Par exemple, si mon garage prend feu, sera-t-il couvert s’il n’a pas passé le contrôle technique ? Et qui pourra les contrôler à Figeac ? »
Jean-François Zanutto, le trésorier du Club Auto-Moto-Rétro, partage les mêmes interrogations. « Je trouve ça très mal organisé. Où trouver un atelier capable d’effectuer ce contrôle sur les modèles de motos de plus de 40 ans ? « . Pour ce passionné qui dispose d’une dizaine de cartes grises marquées « collection », il y a le coût financier. Le prix n’est pas encadré par l’Etat. Il est fixé librement par les responsables des centres de contrôle. » Cela peut donc varier entre € 50 et 100 € par moto vérifiée si j’ai bien compris. Mais s’il faut déjà une heure de plus au technicien pour comprendre le fonctionnement, combien cela coûtera-t-il ? Et comment dois-je prendre mon cyclomoteur ou mon side-car si je dois trouver un technicien qualifié ? et prestataire agréé jusqu’en Aveyron ».
Des questions légitimes que partagent tous les membres du club. Si certains membres du club Figeacois pourrait s’acquittent assez rapidement de cette obligation, d’autres préfèrent attendre d’y voir plus clair et d’adopter la bonne attitude. « S’il faut que je m’y décide, je le ferai » conclut Jean-François. Le décret prévoit une amende de 135 euros et l’immobilisation du véhicule en cas de défaut de contrôle.