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cette décision qui secoue l’enseignement supérieur privé

C’est une douche froide pour les écoles privées. Ce mardi 16 avril, le ministère du Travail a rédigé un décret visant à supprimer l’aide à l’embauche de 6 000 euros aux entreprises pour les alternants en contrat de professionnalisation, à compter du 1er mai. Une décision inattendue qui bouscule la stratégie des entreprises privées à but lucratif. établissements d’enseignement supérieur.

Les programmes d’alternance se multiplient ces dernières années, qu’il s’agisse d’apprentissages, offrant aux jeunes de 16 à 29 ans un statut d’étudiant, ou de contrats professionnels, idéaux pour compléter leur formation ou se réorienter complètement. en ayant le statut de salarié dans une entreprise. Depuis juillet 2020, en pleine pandémie de Covid-19, le gouvernement a lancé des aides pour soutenir l’emploi des jeunes, avec une prime à l’embauche d’apprentis ou de salariés en contrat de professionnalisation. Devant le succès de l’alternance grâce à cette aide, le ministère du Travail l’a prolongée à plusieurs reprises. Depuis le 1er janvier 2023, ils sont fixés à 6 000 euros.

Mais déjà en mai 2022, les écoles craignaient de voir les aides supprimées. A cette époque, pour Olivier de Lagarde, président du groupe privé Collège de Paris, il était essentiel de « les prolonger, voire les perpétuer ». Et pour cause : depuis la loi « avenir professionnel » de 2018 visant à rendre plus attractive l’alternance, le nombre de contrats a explosé. Selon les chiffres de la Dares, on comptait 90 700 jeunes en contrat « pro » en janvier 2024. En 2023, 116 000 de ces contrats avaient été signés. Des chiffres bien différents de ceux de l’apprentissage, choisi par un million d’étudiants en janvier 2024.

Peur d’arrêter les aides à l’apprentissage

La possible disparition des aides aux contrats « pro », aussi peu nombreux soient-ils par rapport à l’apprentissage, inquiète les écoles privées. « L’annonce est complètement inattendue. Les aides à l’embauche devaient être maintenues jusqu’à la fin de l’année., partage Patrick Roux, président de la Fédération nationale de l’enseignement privé (FNEP). De son côté, José Milano, président exécutif du groupe Omnes (Inseec, ESCE, écoles ECE…), dont un tiers de ses 40 000 étudiants sont en alternance, ne cache pas son inquiétude. « Cela aura évidemment un léger impact d’abord sur notre nombre d’étudiants. Les promotions des étudiants en contrat de professionnalisation risquent d’être totalement supprimées si les entreprises ne suivent pas », confie-t-il. Pour lui, il y a surtout le risque de voir une extension de ces suppressions concernant l’apprentissage et cela « Les bonnes formations ferment leurs portes »face à des écoles qui parviennent à se créer plus de marges, et donc à survivre.

Nizarr Bourchada, directeur du département alternance du groupe IGS, se veut un peu moins alarmiste. « Pour les moins de 30 ans, les contrats de professionnalisation, un peu plus avantageux fiscalement pour les entreprises, se transformeront en apprentissage. Mais nous espérons que le gouvernement prendra ensuite d’autres mesures pour l’apprentissage.il dit.

L’alternance coûte cher

Car tout cela a un coût pour l’État. Selon un rapport parlementaire rédigé par deux députés sur l’enseignement supérieur privé à but lucratif présenté le 10 avril, les programmes d’alternance se sont élevés à 16 milliards d’euros pour la seule année 2022. Parmi cette somme, les aides à l’embauche en contrat « pro » coûtent à elles seules 475 millions d’euros. La disparition de cette aide permettrait donc au gouvernement de réaliser d’importantes économies (parmi les milliards d’euros de coupes budgétaires qui ont été opérées par Bercy pour la mission « travail et emploi »). Alors, Patrick Roux se demande : « Vont-ils soudainement supprimer les aides à l’apprentissage ?, qui a coûté 4,4 milliards d’euros à l’État. Pour lui, « La confiance dans la parole publique est mise à mal ».

Si les écoles sont si alarmées, c’est parce que l’apprentissage rapporte gros. Grâce à l’alternance, les frais de scolarité des étudiants – qui s’élèvent en moyenne à 10 000 euros par an dans les écoles privées – sont pris en charge par les entreprises. Les promotions se remplissent donc plus facilement et les chiffres augmentent visiblement. Selon le rapport parlementaire, cet appareil « apporte des moyens financiers importants aux établissements. Le lucratif secteur privé a particulièrement su en profiter. Le modèle économique de certains organismes de formation privés lucratifs semble reposer en grande partie sur les ressources issues de l’apprentissage.. Ainsi, les députés invitent le gouvernement à lancer une mission relative à l’enseignement privé à but lucratif, consacrant un volet économique à la formation professionnelle et à l’apprentissage.

Les RNCP dans les radars

Ce n’est pas tout. Ce dimanche 14 avril, la ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau a déclaré dans nos colonnes qu’elle souhaitait plus de contrôle sur la formation qui « épanouissez-vous en apprenant, parce que c’est souvent là que se cachent les arnaques ». « Pour cela, nous travaillons avec le ministère du Travail pour bien nous coordonner. C’est notamment lui qui a le contrôle sur Titres RNCP qui devrait éventuellement être réglementé », elle a ajouté. Une recommandation également formulée par le rapport parlementaire.

Car ces titres répertoriés au Répertoire national des certifications professionnelles posent problème. Délivrés par France Compétences, ils sont indispensables pour pouvoir ouvrir des formations en alternance, mais sont la proie de trafics légaux entre écoles. Un établissement qui possède un titre RNCP peut en effet le louer à un autre. Une pratique très intéressante économiquement, puisqu’en moyenne, un titre se loue environ 1 000 euros par étudiant pour une formation qui coûte 10 000 euros par an. Réduit à une promotion entière, le calcul devient très fructueux.

Contacté, le groupe Galileo Global Education a refusé de répondre à nos questions. Idem pour le Réseau GES, qui a indiqué « Je ne veux pas parler d’affaires et de financement » et préfère « parler de programmes et d’intelligence artificielle ». Les groupes Ynov et AD Education n’ont pas répondu à nos sollicitations.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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