Nouvelles locales

« Avec un score attendu de 32% aux élections européennes, le Rassemblement national devrait affoler le patronat »

jeVotre nom devrait être Henri Proglio et vous devriez « sperme » C’est un peu ce qu’on dira pour avoir osé s’afficher avec Marine Le Pen dans un restaurant parisien fréquenté par l’élite économique française. L’ancien PDG de Veolia et d’EDF l’a fait, le 21 novembre 2023, au vu et au su de tous. Une semaine plus tard, les fêtes chez Laurent de l’ancien ami proche de Jacques Chirac et du leader du Rassemblement national (RN) ont été retrouvées à Le canard enchaîné et faisaient parler de lui dans la ville. Une odeur sulfureuse flotte encore autour du parti d’extrême droite, et si l’on dînait avec ses dirigeants, ce serait à la longue cuillère. La grande majorité des patrons refusent toujours de le faire.

La diabolisation du parti d’extrême droite est loin d’être acquise au sein du patronat et l’antienne revient à chaque élection : les chefs d’entreprise doivent-ils dénoncer la menace qu’il fait peser – au moins sur la bonne marche de l’économie et des entreprises françaises ? Ils répondent par le silence, à quelques exceptions près, comme lors des élections présidentielles de 2017 et 2022, où ils font parler leurs organisations. Lors des deux duels Emmanuel Macron-Marine Le Pen au second tour, le Medef et la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) mettaient encore en garde contre une victoire du candidat RN pour l’image de la France, la construction de l’Union européenne et l’appétit des étrangers. investisseurs.

A quelques semaines des élections européennes du 9 juin, l’enquête Ipsos pour Le monde et Cevipof, publié le 29 avril, les a au moins rassurés sur un point : avec 7% d’intentions de vote, La France insoumise n’est plus une menace. C’est le RN qui devrait les affoler avec un score attendu de 32%, soit le double de celui de la majorité présidentielle. Les enjeux politiques de cette élection sont certes moins cruciaux que lors de la présidentielle, mais elle en dit long sur la perception de l’Europe et elle servira de test à trois ans de l’échéance de 2027.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Elections européennes : Bardella reste largement en tête, Glucksmann se rapproche du camp Macron

Les chefs d’entreprise restent néanmoins prudents. Ils savent que certains de leurs salariés voteront pour le parti d’extrême droite et préfèrent ne pas s’immiscer dans un choix avant tout citoyen. Ils craignent également que la condamnation de dirigeants aux rémunérations parfois exorbitantes ait l’effet inverse de celui attendu et alimente les discours populistes contre les élites. Et certains patrons de PME sont séduits par le discours protectionniste du RN, qui prône notamment la préférence nationale dans l’attribution des marchés publics, bien que contraire aux traités européens.

Il vous reste 58,22% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
Bouton retour en haut de la page