Nouvelles locales

Attaques au couteau, émeutes, mosquées protégées… Pourquoi cette flambée de violence outre-Manche ?

Chaises et briques jetées à Liverpool. Vitrines brisées à Hull. Affrontements à Manchester et Belfast. Samedi, le Royaume-Uni a connu un après-midi de violences, après une semaine de forte tension. Affrontements qui ont pour origine une attaque au couteau survenue lundi à Southport. Enquête, manifestations, réaction du gouvernement… 20 minutes faire valoir le point.

Que s’est-il passé à Southport lundi ?

Tout a commencé par l’attaque d’un groupe d’enfants participant à un cours de danse dans un club d’été, lundi à Southport, au nord de Liverpool. Cette violente attaque au couteau a fait huit blessés parmi les enfants, dont cinq se trouvaient encore dans un état « critique » au dernier bilan. Trois filles ont également succombé à leurs blessures. Deux adultes, dont la responsable du club, Leane Lucas, ont également été grièvement blessés en tentant d’intervenir.

Où est l’enquête ?

Peu après l’incident, la police a arrêté un garçon de 17 ans. Aucune indication n’a été donnée quant à son mobile, si ce n’est que la piste terroriste n’était pas envisagée à l’époque. La seule autre information fournie par la police était que le garçon était originaire de Cardiff, au Pays de Galles. L’identité du garçon, Axel R., a été révélée après son arrivée au tribunal de Liverpool, où il a été accusé du meurtre des trois filles et de dix tentatives de meurtre. Il a été placé en détention provisoire.

Pourquoi cet événement est-il repris par l’extrême droite ?

Selon la BBC, la famille de l’adolescent serait originaire du Rwanda, un sujet sensible alors que les dernières élections de juillet ont été marquées par une montée de la droite dure anti-immigration. Des rumeurs présentaient alors Axel R. comme musulman. Après une veillée en hommage aux victimes, mardi à Southport, des violences ont éclaté, 200 à 300 personnes allumant des incendies et visant des mosquées.

Selon la police du Merseyside, les manifestants seraient des « partisans » de l’English Defence League (EDL), un mouvement d’extrême droite anti-immigration et anti-islam. Des scènes similaires ont depuis éclaté à Londres et dans d’autres villes. De nouveaux affrontements ont eu lieu vendredi à Sunderland. Dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux, notamment par le collectif Stand Up to Racism, l’un des émeutiers arbore un tatouage représentant une croix gammée.

Que s’est-il passé samedi ?

D’autres manifestations sont prévues tout au long du week-end et des groupes antiracistes ont appelé à des contre-manifestations. A Liverpool, ville ouvrière du nord-ouest de l’Angleterre, des manifestants ont jeté des chaises, des briques et d’autres projectiles sur la police, a constaté un photographe de l’AFP. « Plusieurs policiers ont été blessés alors qu’ils s’occupaient de graves troubles dans le centre-ville de Liverpool », a rapporté la police de Merseyside sur X.

A Manchester, des échauffourées ont éclaté entre manifestants et policiers pour tenter d’empêcher des affrontements avec des contre-manifestants, selon la BBC. A Nottingham et Belfast, la police a également dû intervenir entre des groupes anti-migrants et anti-musulmans et des contre-manifestants antiracistes. A Hull, dans le nord-est du pays, des manifestants ont brisé les vitres d’un hôtel utilisé pour héberger des demandeurs d’asile, selon la BBC. Trois policiers ont été blessés et quatre manifestants arrêtés, a indiqué la police de Humberside. A Londres, une marche pro-palestinienne programmée dans le centre-ville s’est déroulée comme prévu, sous haute surveillance policière mais dans le calme.

Comment réagit le gouvernement ?

Le gouvernement est sous pression depuis plusieurs jours, entre appels au calme et fermeté face aux manifestants. Le Premier ministre britannique Keir Starmer a déclaré samedi qu’il n’y avait « aucune excuse à la violence » après les affrontements. Il a également « réitéré que le gouvernement soutient la police pour qu’elle prenne toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des rues », a indiqué un porte-parole.

Plusieurs policiers ont été blessés, a indiqué la police locale. La police a indiqué dimanche avoir arrêté plus de 90 personnes jusqu’à présent, dont 23 à Liverpool, 20 à Hull, 20 à Blackpool et 14 à Bristol. Interrogée sur la possibilité de recourir à l’armée, la ministre de la Police, Diana Johnson, a déclaré dimanche à la BBC que la police « dispose de toutes les ressources dont elle a besoin ».

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
Bouton retour en haut de la page