Donald Trump temporise sur l’avortement et déçoit la frange radicale de ses partisans

A sept mois de l’élection présidentielle américaine, le candidat républicain s’est montré prudent sur ce sujet inflammable. Les primaires en main, il doit désormais parler à tous les Américains s’il veut gagner le 5 novembre contre Joe Biden.

« Donald Trump prudent » n’est pas un mot que nous avons l’habitude de prononcer. Et encore,près des semaines d’ambiguïté, l’ancien président, qui aspire à le redevenir, a pris position sur l’avortement. Dans une vidéo, publiée lundi 8 avril sur sa plateforme Truth Social, il a finalement écarté tout projet d’interdiction de l’avortement à travers les Etats-Unis. C’est pourtant ce que réclamaient ses partisans les plus radicaux, au sein de l’électorat chrétien ultra-conservateur.

Le candidat républicain préfère laisser le contrôle à chaque État. « Ce seront eux qui décideront, par référendum ou par loi. »si l’avortement est légal et après combien de semaines de grossesse, explique Donald Trump. Vous connaissez le proverbe politique : « pour enterrer un problème, créer une commission ». Version Trump, ça donne : « pour enterrer un problème, il faut le renvoyer aux Etats-Unis ». Immédiatement, Joe Biden s’est moqué du jeu d’équilibriste de son rival. « Il s’est empêtré »estime le président démocrate.

Bien sûr, Donald Trump a quand même donné des assurances aux militants anti-avortement. Dans la vidéo, il rappelle qu’il a lui-même nommé des juges très conservateurs à la Cour suprême. Cela a déjà permis de détricoter la législation sur l’avortement dans plusieurs Etats. Mais l’association SBA, farouchement anti-avortement, a exprimé son « une énorme déception » après la position de l’ancien président.

« Un champ de mines » pour Donald Trump

Si Donald Trump a choisi de faire preuve de tempérance sur ce dossier, au risque de déplaire à ses fans, c’est d’abord une question de calendrier. La primaire républicaine penche en sa faveur. Donald Trump n’a donc plus besoin de s’adresser spécifiquement à l’électorat le plus conservateur. Il doit désormais parler à tous les Américains et convaincre les électeurs modérés s’il veut l’emporter le 5 novembre contre Joe Biden.

Donald Trump sait aussi que ce thème de l’avortement, « un champ de mines » a-t-il déclaré en privé, divise son camp et unifie celui d’en face, les démocrates. D’ailleurs, lors des élections de ces derniers mois, chaque fois qu’un vote local se résumait au thème de l’avortement, ses défenseurs l’emportaient. Y compris dans les États conservateurs, comme l’Ohio et le Kansas. C’est pourquoi, dans un autre passage moins commenté de sa vidéo, Donald Trump s’est justifié auprès de la frange dure de son électorat : « Certes, sur ce sujet (l’avortement), il faut écouter son cœur, mais n’oubliez pas qu’il faut aussi gagner les élections. ».