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À Niort, des tonnes de colis perdus à acheter… à l’aveugle

Le concept est tout nouveau en France. Lancé timidement en novembre 2023, il prend doucement son essor. Quand la loi antigaspi de 2022 a interdit aux sites de vente en ligne de détruire les colis non livrés ou non réclamés, Amazon, Chronopost et autres DHL se sont retrouvés avec des tonnes de colis sur les bras, ne sachant plus quoi en faire. .

Une start-up, Flamingo Box, s’y est impliquée ; elle achète ces « colis perdus » qu’elle revend aux commerçants. Parmi ces commerçants, Nadia Chaudy.

Nadia Chaudy est commerçante.  Elle s'est lancée dans la revente de colis perdus en février.

Nadia Chaudy est commerçante. Elle s’est lancée dans la revente de colis perdus en février.
© (Photo N.R., Emmanuel Touron)

Un van plein à vendre

Basée à Bordeaux, Nadia a commencé à acheter et revendre ces « colis perdus » il y a quelques mois. Ce vendredi 26 avril 2024, elle est à Niort, à l’Intermarché de la rue Jules-Ferry, quartier Pontreau.

Elle est venue assistée de son mari Stéphane, couvreur toujours prêt à lui donner un coup de main. C’est lui qui conduit leur camionnette, remplie à ras bord de colis non ouverts.

Aveugle et au kilo

Le principe est simple : les colis sont présentés en vrac. A chacun d’essayer de deviner ce qu’il y a dedans, car on achète à l’aveugle, en pesant, en palpant, en secouant près de l’oreille dans l’espoir du bruit qui trahira le contenu ou révélera la casse… En principe, il y a peu d’indices sur l’emballage pour deviner ce qu’il y a à l’intérieur.

« C’est ce qui est intéressant, sourit Nadia. C’est vraiment amusant. » Beaucoup de colis perdus sont comme une boîte de chocolats : on ne sait jamais sur quoi on va tomber (1). Et nous payons au poids. Coût de la prise de risque : 3,50 € les 100 grammes ; 35 € le kilo.

On pèse, on palpe, on secoue doucement dans l'espoir de deviner quel trésor peut se cacher dans l'un de nos colis... Le jeu de hasard.

On pèse, on palpe, on secoue doucement dans l’espoir de deviner quel trésor peut se cacher dans l’un de nos colis… Le jeu de hasard.
© (Photo NR, Emmanuel Touron)

Un collier anti-aboiement, un gode…

Ce vendredi, Emilie est venue avec sa maman tenter l’aventure. Elle n’a pas été déçue et en rit encore : « Je suis tombé sur un collier anti-aboiement ! C’est bien, j’ai un chien. » Un chien qui aboie ?  » Euh non. «  Sa mère qui l’accompagnait était également vernie : « Elle avait un gode noir! » » Emilie apprécie.

Quelques minutes plus tard, c’était Aline et Roger, de Frontenay-Rohan-Rohan, qui, avant de partir en vacances, voulaient passer au stand de Nadia.

Aline avait vu sur M6 une émission qui montrait ces ventes de colis, elle a voulu l’essayer. Pour 105 €, ils sont repartis avec quelques petits colis. Ouvrant sur un coin de table de la cafétéria voisine : deux cartons de cartes postales manga, une lampe LED, une boîte de dix tubes à cigarettes…

Le ruban adhésif entourant le dernier colis résiste à la clé de voiture que Roger tente d’utiliser comme cutter. Après avoir déchiré le carton, on obtient ce qui ressemble à une micro-étagère DIY. Un peu déçu, il fait bonne figure et s’empresse de trouver une fonction à ce soutien inattendu : « Pour poser les tubes à cigarettes ! » « , il rit.

N'hésitez pas à peser et palper les colis... Mais attention : il est interdit de les ouvrir.  Sinon, ce n'est pas un jeu !

N’hésitez pas à peser et palper les colis… Mais attention : il est interdit de les ouvrir. Sinon, ce n’est pas un jeu !
© (Photo N.R., Emmanuel Touron)

Retour en enfance

« C’est ce qui est sympa, commente Stéphane. On voit passer tout et n’importe quoi : cela peut être des costumes de princesse, des kits de manucure ou des tablettes numériques ! On ne sait jamais ! »

« Les gens ont l’impression de retourner en enfance »observe avec plaisir Nadia qui sait que certaines personnes n’hésitent pas à revendre des produits qui ne les intéressent pas…

C’est ce qu’on appelle l’économie circulaire.

(1) Merci, Forrest !

Vente de colis perdus à la galerie Intermarché, rue Jules-Ferry à Niort (quartier Pontreau) ce vendredi 26 avril 2024 jusqu’à 19h30, samedi de 8h30 à 19h30 et dimanche de 9h à 12h 30 heures

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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