« À moins d’être bien né ou médecin, impossible de se loger », 47 nouvelles communes accèdent aux dispositifs d’aide au logement
47 nouvelles communes bretonnes ont été classées « zones tendues ». Parmi elles, Arradon, « le Neuilly du 56 », où il est quasiment impossible pour les jeunes actifs de se loger. Le maire va pouvoir déployer des dispositifs d’accès au logement. Explications.
« Nous pourrions le faire, mais aujourd’hui, financièrement, nous ne pouvons plus le faire. » Sur le marché d’Arradon, les propriétaires – plutôt âgés – que nous rencontrons sont unanimes : ils ne pourraient pas racheter leur logement.À moins d’être bien né ou d’être médecin, c’est impossible.
LIRE : Crise du logement : pourquoi ces îles bretonnes vont-elles appliquer une surtaxe sur les résidences secondaires en 2024 ?
C’est le cas de Nadine qui a acheté sa maison dans les années 80.Le prix du terrain était de 100 francs le m2 et il est aujourd’hui de 600-700 euros le m2. Cette évolution en 40 ans est énorme. » Et pour conclure : « Seuls les retraités et les riches achètent à Arradon. »
Cette commune du littoral morbihannais de 5 885 habitants s’appelle « La Riviera du Golfe » ou « le Neuilly du 56″Ici, les logements locatifs sont rares et les terrains chers.Les jeunes qui travaillent dans la municipalité sont obligés de chercher un logement ailleurs« , Nadine se lamente. « Il y a un délai de quelques mois pour trouver un loyer décent et un simple T2, c’est 700 euros par mois » raconte Malo, un jeune agriculteur de la ville.
Même si la part des résidences secondaires ne représente que 19% des logements, les nouveaux résidents sont presque tous âgés et aisés. Le prix médian d’une maison est aujourd’hui d’environ 500 000 euros. « Les prix ont considérablement augmenté depuis le covidRemarques Sophia Christov, directrice d’une agence immobilière de la ville. Les logements sont rares et chers et il y a de moins en moins de terrains disponibles. C’est la loi de l’offre et de la demande. »
Depuis son élection en 2020, le maire Pascal Barret a fait du logement une priorité. Son objectif : faire entrer «une population indispensable de jeunes travailleurs qui peupleront nos écoles demain et après-demain. Ils feront tourner nos entreprises et nos associations.
Sa commune est désormais classée en zone de tension B1 avec 46 autres communes bretonnes. « C’est une véritable reconnaissance de la difficulté d’accéder au logement« , se réjouit-il.
Ce dispositif lui permettra de soutenir l’investissement locatif et d’apporter aux nouveaux acquéreurs des aides à l’accès à la propriété, comme le bail immobilier solidaire : « LLe terrain appartient à une collectivité publique telle qu’une société foncière mixte et la maison ou l’appartement appartient au propriétaire qui peut l’acquérir selon ses ressources. »
Avec deux énormes avantages : «jeIl l’achète à 30 ou 40 % du prix du marché et il pourra également emprunter à 0 % d’intérêt. De son côté, la préfecture de Bretagne affirme que « Les logements locatifs intermédiaires, destinés aux classes moyennes, ont des loyers 10 à 15 % inférieurs au marché locatif local. »
Avec près de 9% de logements sociaux, Arradon est loin d’atteindre le quota de 20% imposé par la loi. Deux programmes de construction de logements sociaux sont donc en bonne voie pour atteindre cet objectif d’ici quelques années.
En 2023, Brest, Quimper, Lorient et Vannes étaient déjà passées en zone tendue. Cette nouvelle mise à jour permet à 47 communes bretonnes d’y accéder, dont Saint-Brieuc, Lamballe, Cancale, Vitré, Gouesnou et Theix-Noyalo.De nombreuses villes côtières, où la pression touristique aggrave encore la difficulté de trouver un logement, sont également reconnues comme étant sous tension », précise un communiqué de la préfecture de Bretagne.
La ville de Rennes est désormais classée en zone A, catégorie traduisant le niveau de tension le plus élevé en termes d’accès au logement.
(Avec Yoann Etienne)