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Yahya Sinouar, chef du Hamas à Gaza, n’est pas à Rafah, selon les services de renseignement américains

« Un homme mort ». C’est ainsi que les dirigeants israéliens ont décrit Yahya Sinouar, le leader du Hamas et ennemi public numéro 1 d’Israël, après les attentats du 7 octobre en Israël. L’objectif de l’armée israélienne est de le tuer mais elle a été contrainte de négocier indirectement avec lui pour essayez de libérer les otages. Des négociations pour un cessez-le-feu qui ont échoué la semaine dernière au Caire.

Pour les responsables israéliens et occidentaux, Yahya Sinouar est apparu, lors de ces négociations, à la fois comme un adversaire brutal et un opérateur politique capable d’analyser la société israélienne. Selon les services de renseignement américains cités par le New York Times, il se trouve dans le vaste réseau de tunnels sous Khan Younes et ne se cache pas sous Rafah, comme le croit l’armée israélienne. Des informations qui pourraient contrecarrer la justification israélienne des opérations militaires à Rafah.

Faisant fi de l’opposition internationale et des craintes d’un carnage parmi les civils, Israël a lancé la semaine dernière une opération sur cette ville du sud de la bande de Gaza avant d’élargir le périmètre de son offensive destinée à anéantir les « derniers bataillons du Hamas », ciblant désormais les zones urbaines de Rafah où s’entassent 1,4 million de personnes – habitants et déplacés par la guerre.

Yahya Sinouar n’est pas un leader ordinaire

Des responsables américains et des membres du Hamas se sont entretenus avec le New York Times. Dans ses colonnes, le média américain, citant des informations des services de renseignement, affirme que Yahya Sinouar n’aurait pas le dernier mot dans les décisions du groupe, cependant « aucune décision ne peut être prise sans consulter Yahya Sinouar », a déclaré Salah al-Din al- Awawdeh, membre du Hamas et analyste politique. « Ce n’est pas un leader ordinaire, c’est une personnalité puissante », a-t-il déclaré.

Certains disent qu’il a joué un rôle plus important dans cette guerre principalement en raison de sa position : en tant que leader du Hamas à Gaza, il a davantage son mot à dire, mais pas le dernier mot, selon Mousa Abu Marzouk, un haut responsable du Hamas basé à Gaza. Qatar. « L’avis de Yahya Sinouar est très important car il est sur le terrain et il dirige le mouvement à l’intérieur », a déclaré ce dernier. Mais c’est Ismaël Haniyeh (le plus haut dirigeant civil du mouvement, ndlr) qui a le « dernier mot » sur les décisions clés, a déclaré Mousa Abu Marzouk.

Toujours selon les responsables américains, l’attente de l’approbation de Yahya Sinouar a souvent ralenti les négociations. Il fallait parfois un jour pour transmettre un message et un jour pour recevoir une réponse, ont-ils expliqué. Ils estiment également que ce dernier approuve les opérations militaires menées par le Hamas. Même si les négociateurs parviennent finalement à un accord de cessez-le-feu, Israël le poursuivra probablement pour le reste de sa vie, a déclaré un responsable.

Les responsables des services de renseignement israéliens et américains affirment que la stratégie du chef du Hamas est de maintenir la guerre aussi longtemps qu’il le faudra pour détruire la réputation internationale d’Israël et nuire à ses relations avec son principal allié, les États-Unis.

Les otages comme « boucliers humains »

128 autres otages israéliens sont actuellement aux mains du Hamas. Des responsables américains et israéliens ont déclaré que Yahya Sinouar se cacherait près des otages, les utilisant comme boucliers humains. Une otage israélienne, libérée lors de la trêve en novembre, a déclaré l’avoir rencontré pendant sa captivité.

En février, l’armée israélienne a publié une vidéo que des soldats auraient prise d’une caméra de sécurité trouvée dans un tunnel du Hamas sous Gaza. La vidéo montrait un homme se précipitant dans le tunnel, accompagné d’une femme et d’enfants. L’armée a indiqué qu’il s’agissait de Yahya Sinouar, qui s’enfuyait avec sa famille. Information impossible à vérifier : le visage de l’homme était détourné de la caméra.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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