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« c’est un désastre », ces soldats ukrainiens épuisés qui espéraient enfin rentrer chez eux

La démobilisation après 36 mois de combat disparaît

L’enrôlement de nouvelles personnes suscite le débat en Ukraine depuis plus d’un an, alors que l’armée manque d’effectifs et de munitions face aux forces russes offensives sur plusieurs fronts. Un projet de loi visant à faciliter le recrutement a été adopté par le Parlement ukrainien en première lecture en février après l’échec d’une première version préparée par le gouvernement l’année dernière, mais cette deuxième version a depuis été également fortement amendée.

Selon plusieurs députés, l’une des clauses clés de ce texte a notamment été supprimée : la démobilisation des soldats combattant depuis plus de 36 mois, une mesure pourtant très attendue dans un pays épuisé par plus de deux ans d’invasion russe. . . Plusieurs incitations financières destinées aux soldats ont également été supprimées. Au lieu de cela, le gouvernement sera chargé d’élaborer un autre projet de loi visant à « améliorer les mécanismes de rotation du personnel militaire ».

« 99% des hommes veulent se reposer »

Cette décision a immédiatement suscité une controverse en Ukraine. Serguiï Gnezdilov, un militant des droits civiques actuellement dans l’armée, a dénoncé sur Facebook un « retournement cruel » qui a pris les militaires par surprise.

Yuri Goudymenko, militaire et homme politique, a pour sa part souligné que le projet de loi ne prévoyait désormais « ni de sanctions sérieuses pour les fraudeurs, ni d’avantages sérieux pour les nouveaux mobilisés ». « Cela n’aura donc pas le résultat escompté, à savoir un afflux de nouveaux combattants », a-t-il déclaré sur Facebook.

Les militaires interrogés se disent « sous le choc » : « C’est une catastrophe. C’est juste brutal. Qu’ont-ils en tête ? », a réagi Oleksandr, 46 ans, qui sert dans la région orientale de Donetsk. Iévguén, parachutiste de 39 ans également basé dans cette région, est dans l’armée depuis un an et demi. Il n’a pas vu sa femme partie à l’étranger depuis deux ans et n’a eu que 10 jours de congé l’année dernière, qu’il a consacrés à se faire soigner. « Ces militaires qui se battent depuis longtemps (…). Ils sont très fatigués», constate-t-il. « 99 % des hommes veulent se reposer, faire une pause, vivre une vie normale. Vivre à la maison », dit-il.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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